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Commerce international
Silos du Touch : une pétition pour « faire réagir et bouger les choses » concernant l'exportation du soja français

Le soja français n’a jamais été promu à l’étranger. De fait, ne bénéficiant pas de quota à l’importation, il est impossible de l’exporter sur certains pays.

© Silos du Touch

Paul et Jean Bousin, dirigeants des Silos du Touch, négociant en Haute-Garonne, spécialisé dans la graines de soja non OGM, ont lancé une pétition intitulée « Je soutiens le soja made in Sud-Ouest » sur le site change.org. L’objectif de cette démarche est, d’une part, de mettre en lumière les difficultés rencontrées par ces négociants pour commercialiser leurs graines de soja dans « certains pays, qui autorisent l’importation après avoir accordé des quotas» et, d’autre part, de trouver un soutien politique pour mener à bien leur initiative de « mise en place des procédures au niveau de FranceAgriMer et des ambassades françaises locales », peut-on lire dans la pétition. « Nous sommes en train de rassembler la signature de plus de trente députés du sud de la France », affirme Jean Bousin, PDG des silos du Touch. 

Des exportations limitées, faute de soutien politique

Les deux négociants en sont arrivés à lancer cette pétition après des années de démarches vaines auprès des instances françaises. « Après trois ans de travail, les dossiers n’avancent pas ! En effet, il nous a été indiqué que nous étions un petit acteur, sans appui politique ! Bref, dans le système français, on aide que les gros qui ont des relais politique », déplorent Paul et Jean Bousin dans leur pétition. « Aujourd’hui, la France préfère passer quatre ans à négocier l’autorisation de l’échalote, un produit inconnu en Asie, plutôt que de choisir d’exporter du soja pour faire du tofu », se désole Jean Bousin. Et ce, alors que le négociant a « des contrats prêts à signer » et que le soja représenterait « 100 M€ par an pour l’agriculture française », insiste-t-il.

Une situation in fine pénalisante pour le développement des exportations de soja non OGM des Silos du Touch vers « la Chine, la Corée du Sud et l'Indonésie ». « Notre objectif de collecte s’élève à 100 000 t sur les cinq ans à venir - contre 30 000 t à 40 000 t pour un chiffre d'affaires global de 30 M€ attendus pour 2020 - si les portes de FranceAgriMer s’ouvrent », indique Jean Bousin. Dans l'absolu, « les possibilités d'exportation des Silos du Touch vers ces pays s'élèveraient à 500 000 t minimum sur dix ans, soit 250 M€ de chiffre d'affaires à l'exportation. A l'échelle de la filière Soja française, sur dix ans, cela représenterait 1 Md€ de revenu », estime-t-il.

« Le processus peut être long », selon FranceAgriMer

Contacté, FranceAgriMer indique qu'une « procédure d’évaluation est en cours avec l’entreprise concernée [Silos du Touch, NDLR] et sa fédération  sur les nouvelles destinations identifiées par la société. Les négociations se poursuivent sur les autres, sachant que ces négociations dépendent aussi des administrations des pays tiers ; le processus peut donc être long ». 

De plus, FranceAgriMer précise qu'il « ne  peut décider seul de prioriser l’ouverture de négociations pour exporter du soja français vers tel ou tel marché asiatique ». Et d'ajouter : « Une telle demande doit être portée dans le cadre d’une démarche collective par une fédération professionnelle ou une interprofession. La décision de prioriser l’exportation de ce produit vers diverses destinations asiatiques s’appuiera également sur l’importance des enjeux commerciaux et économiques à l'export, sur la base d’un dossier étayé. »

Un produit adulé par l’industrie alimentaire mondiale

Actuellement, le négociant du Sud-Ouest exporte son soja non OGM, cultivé essentiellement en conventionnel mais également en bio, dans le monde entier : en Asie du Nord et du Sud-Est, mais aussi en Australie, au Maghreb, aux Etats-Unis, en Russie et dans toute l’Europe. «Nous concluons actuellement un contrat pour l’Argentine », se réjouit Jean Bousin, qui ajoute : « La future réglementation Sans glyphosate est très porteuse sur nos marchés ».

La majorité des exportations des Silos du Touch concerne du soja en grain pour l’alimentation humaine : du soja jaune, prêt pour la production de tofu, de lait de soja et des mille et un autres produits à base de soja. « Nous lançons un nouveau produit : le seul edamame [jeune fève de soja encore verte, NDLR] français et européen disponible sur le marché, en non-OGM et en bio, en produit frais et congelé », indique Jean Bousin.

La qualité de la graine de soja, assurée par la réglementation française, tant sur le process (semis, irrigation, récolte, triage, contrôle qualité, ensachage et logistique à l’exportation) que sur les garanties associées (sans glyphosate, sans OGM, conforme aux normes sur les seuils de molécules chimiques détectables), font que « notre produit plaît à l'industrie alimentaire mondiale », s’enorgueillit Jean Bousin.

Quid de l’alimentation animale ?

« Dans ce contexte, il n’y a pas d’intérêt pour notre filière d’aller concurrencer le soja états-unien et brésilien en alimentation animale, qui est très loin de notre niveau qualitatif », souligne le PDG. Cependant, « notre filière sera toujours un moteur pour la production du soja hexagonal, une opportunité pour les fabricants d’aliments pour animaux d’acheter en France », affirme-t-il.

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