Quand Clostridium perfringens passe à l’action chez le veau de race allaitante
La mise à l’herbe est vécue comme un moment heureux par la plupart des éleveurs car elle signe la fin d’une longue période d’astreinte pendant laquelle il faut être disponible 7 jours sur 7. Tout n’est pas forcément rose pour autant.
La mise à l’herbe est vécue comme un moment heureux par la plupart des éleveurs car elle signe la fin d’une longue période d’astreinte pendant laquelle il faut être disponible 7 jours sur 7. Tout n’est pas forcément rose pour autant.
Un éleveur contacte la clinique pour « un veau allaitant mort subitement à la pâture. Qu’a-t-il bien pu avoir ? ». Lors de la visite, l’éleveur nous explique qu’en prévision de la mise à l’herbe définitive, les vaches et leurs veaux sortaient quelques heures dans la journée dans une petite parcelle autour du bâtiment depuis une semaine. Hier, il les a conduits sur une parcelle plus éloignée de la ferme pour la mise à l’herbe à temps plein. Et ce matin, il a retrouvé un veau de 6 mois mort. Un animal qui n’avait pourtant causé aucun souci jusqu’à présent. Lors du changement de parcelle, l’éleveur n’avait rien vu d’anormal.
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Le cadavre m’attend sur la fumière. La principale lésion lors de l’autopsie est la présence d’une portion d’intestin très congestive, contenant une diarrhée hémorragique. On note que la putréfaction des viscères est plus importante qu’attendue. L’hypothèse diagnostic la plus probable est qu’il ait été victime d’entérotoxémie.
Prolifération d’une bactérie
Cette pathologie digestive est due à la prolifération d’une bactérie normalement présente dans le tube digestif des bovins. Cette bactérie est le plus souvent Clostridium perfringens. Cette clostridie produit des toxines. Ce sont elles qui conduisent à la mort brutale du bovin. La prolifération de cette bactérie est favorisée par une modification brutale de la flore digestive et/ou une perturbation du péristaltisme intestinal.
C’est une pathologie multifactorielle due à la survenue d’une ou plusieurs anomalies au niveau du tube digestif. Il n’existe pas de facteurs déclenchant mais des facteurs de risques. Ces principaux facteurs de risque sont une modification brutale de l’alimentation soit en quantité soit en qualité : trop de protéines ou d’énergie dans la ration ou pas assez de fibres, des aliments de mauvaise qualité (ensilage ayant gelé ou présence de mycotoxines), stress quelle qu’en soit l’origine ; présence d’une autre pathologie digestive.
Veaux allaitants de 2 à 4 mois
L’entérotoxémie est possible chez tout type de bovin à n’importe quel âge mais a lieu plus fréquemment sur des veaux de race allaitante âgés de 2 à 4 mois. Il est très rare d’observer des signes cliniques. Le plus souvent, les animaux sont victimes d’une forme suraiguë entraînant une mort subite. De façon moins fréquente, on peut observer une forme aiguë. Durant quelques heures, le bovin a alors une diarrhée sanguinolente et des coliques, puis meurt. La mortalité est quasiment de 100 %. Aucun traitement ne permet actuellement de réduire ce taux de mortalité.
Le diagnostic se fait lors de l’autopsie, on peut prélever du contenu digestif sans l’exposer à l’oxygène pour confirmer le diagnostic. Mais cela n’est pas toujours possible. Pour être analysé dans de bonnes conditions, le prélèvement doit pouvoir avoir été réalisé moins de 3 heures après la mort de l’animal.
Prévention par la vaccination
La prévention de l’entérotoxémie passe par la maîtrise des facteurs de risque et par la vaccination. Celle-ci doit intervenir le plus tôt possible et consiste en deux injections espacées de quelques semaines. Quelles précautions prendre lorsque l’on vaccine des bovins ? On ne vaccine que des animaux en bonne santé, il faut respecter la posologie du vaccin (quantité à injecter, mode d’administration, rappels éventuels) ainsi que les précautions de conservation (respect de la chaîne du froid, durée d’utilisation possible après ouverture du flacon,…). Les manipulations doivent se faire en douceur et dans le calme, le matériel de vaccination doit être utilisé selon les règles d’hygiène habituelle. Et comme pour toute intervention, la liste des animaux vaccinés doit être consignée dans le carnet sanitaire.
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