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Premier bilan de l’Observatoire des helminthes en poule pondeuse

L’observatoire des helminthes mis en place en 2019 par l’Itavi pointe la pression parasitaire importante chez les poules pondeuses ayant accès à un parcours.

Les Ascaridia peuvent provoquer des pertes de poids, voire obstruer le tube digestif lors d'infestations sévères.  © J.-M. Repérant/Anses
Les Ascaridia peuvent provoquer des pertes de poids, voire obstruer le tube digestif lors d'infestations sévères.
© J.-M. Repérant/Anses

Dans un contexte de développement des productions plein air et bio, les parasites infestant les volailles pourraient bien devenir une problématique sanitaire majeure, car l’accès à l’extérieur augmente le risque de contamination par les vers. Une bonne connaissance du portage et de la pression de ces parasites dans l’environnement est indispensable pour pouvoir cibler au mieux les traitements, et surveiller l’apparition d’éventuelles résistances.

Comme très peu de données sont disponibles, l’Itavi a mis en place un observatoire en 2019 dont le premier bilan vient d’être tiré avec l’appui de l’Anses.

89 % des élevages de pondeuses infestés

54 lots de poules pondeuses (26 en bio, 27 en plein air et 1 en claustration au sol), situés dans toute la France (voir carte) ont fait l’objet de prélèvements intestinaux, préférentiellement en fin de période de production. Les résultats montrent une forte présence parasitaire : 89 % des élevages étaient infestés et la moitié des lots infestés avec des vers ronds (nématodes) l’étaient aussi avec des vers plats (cestodes).

Lire aussi : [VIDEO] Utiliser des tamis pour identifier et quantifier les vers parasites des volailles

Lorsque les parasites sont présents, ils sont nombreux (11 vers et plus) dans la grande majorité des cas. En revanche, il n’a pas été rapporté de lot avec cestodes sans nématodes. Les parasites les plus fréquemment observés étaient Heterakis (44 lots) et Ascaridia (38 lots) pour les nématodes et Raillietina (22 lots) pour les cestodes, ce qui correspond aux données d’autres pays européens. Dans une moindre mesure, il a été retrouvé Capillaria (4 lots), Davainea (2 lots), et Choanotaenia (2 lots). Les deux premiers étant plus petits (non visibles à l’autopsie à l’œil nu), et plus pathogènes que Heterakis, Ascaridia ou Raillietina, la méthode de diagnostic spécialement mise au point avec l’Anses pour l’observatoire prend ici tout son sens. La présence de Capillaria semble plus faible que celle rapportée dans la bibliographie, mais plus d’analyses seraient nécessaires pour compléter ce constat. Davainea est peu observé, car son cycle de reproduction comporte un hôte intermédiaire, un mollusque dont la survie nécessite un environnement humide.

Influence du traitement et du type de production

Soixante-dix-huit pourcents des lots analysés avaient été traités avec des anthelminthiques classiques (11 lots en bio et 28 en plein air) ou avec des produits « alternatifs », souvent à base de plantes (3 lots bio). Douze lots (1 en plein air et 11 en bio) n’avaient reçu aucun traitement. Pourtant, 84 % des lots ayant reçu un traitement médicamenteux et 100 % des lots non traités ou traités avec des produits « alternatifs » étaient porteurs de vers. La réussite de la vermifugation est liée à différents paramètres : respect des doses préconisées et du calendrier de traitement, sensibilité des parasites… Si le traitement a été efficace, on ne devrait normalement pas retrouver de parasite lorsqu’on réalise le prélèvement pendant la période prépatente, c’est-à-dire entre l’ingestion d’œufs (ou de la larve du ver) et le stade adulte : 5 à 8 semaines pour Ascaridia, 20-21 jours pour Capillaria, 25 jours pour Heterakis. Si le prélèvement est réalisé après cette période, il est possible de trouver des parasites, car les animaux se réinfestent. La période prépatente conditionne le délai optimum entre les vermifugations : un traitement toutes les 5 à 6 semaines permet de limiter les réinfestations. Mais dans notre échantillon, ces délais sont souvent plus longs, parfois plusieurs mois, ce qui peut expliquer la forte présence parasitaire observée.

Un travail à poursuivre

Des parasites ont été retrouvés avant la fin de la période prépatente dans 8 lots : 5 lots plein air traités avec des anthelmintiques classiques, et 3 lots bio traités avec des produits « alternatifs ». Les lots avec un traitement médicamenteux ont montré des Heterakis (dans 4 élevages) et des Capillaria et Ascaridia (dans 1 élevage), ceux avec traitement alternatif, des Heterakis et Ascaridia, sans différence avec les lots bio non traités. Il n’a pas été possible de trancher sur la cause de ces résultats. Erreur sur les doses utilisées, sur la date réelle du traitement, résistance aux antiparasitaires ? À noter qu’aucune molécule n’est autorisée contre les cestodes, qu’on combat en agissant sur les hôtes intermédiaires (mollusques ou insectes). Cet observatoire a permis de vérifier l’efficacité du diagnostic rapide déployé dans les laboratoires et d’obtenir des données sur la présence d’helminthes selon les types de production, sur les types de traitements effectués. Mais pour pouvoir évaluer l’efficacité des différents traitements, il faudrait poursuivre ce travail sur un plus grand nombre d’élevages.

Les étapes de l’observatoire des helminthes

1 – Méthode d’identification mise au point par l’Anses : À partir d’un pool de 4 intestins et caeca, purification des vers par tamisages successifs (1 mm et 250 µm), et observation sur fond noir ;

2 – Formation des laboratoires d’analyses (publics et privés) à cette nouvelle méthode. La liste des laboratoires formés est disponible sur le site web de l’Itavi ;

3 – Montage d’un consortium de laboratoires pharmaceutiques, de laboratoires d’analyses et d’organisations de producteurs volontaires, afin d’assurer le financement, la collecte et l’analyse des échantillons ;

4 – Collecte des échantillons de juin 2019 à mars 2020 ;

5 – Bilan des résultats depuis avril 2020 : présentation aux laboratoires financeurs, aux laboratoires d’analyses contributeurs, aux organisations de production, puis lors de colloques, journées techniques, publications.

Moins de parasitisme en poulet de chair

Quarante lots de poulets de plus de 80 jours ont été analysés dont 12 en bio et 28 en plein air ;
- 12 lots en bio : 6 traités avec des produits alternatifs (2 infestés) et 6 non traités (2 lots infestés) ;
- 28 lots en plein air : 25 traités avec des anthelminthiques classiques (7 lots infestés) et 3 non traités tous infestés ;

- 36 % des lots chair étaient infestés, ce qui est inférieur à la prévalence en production ponte ;
- seulement deux espèces de parasites ont été identifiées : Ascaridia était plus fréquent et présent en plus grande quantité que Heterakis.

 

Répartition géographique des prélévements

Les prélèvements réalisés dans les principales zones d’élevage de poules pondeuses et de poulet, à l’exception du quart nord-est

 

 
 © Anses-Itavi
© Anses-Itavi

 

Source : Itavi-Anses

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