Pois et féverole : regain de nouveautés chez les variétés
Gains significatifs de rendement, de taux de protéines et de tenue à la récolte : ce sont les promesses de nouvelles variétés de pois et féverole de printemps dont le nombre augmente ces dernières années.
Gains significatifs de rendement, de taux de protéines et de tenue à la récolte : ce sont les promesses de nouvelles variétés de pois et féverole de printemps dont le nombre augmente ces dernières années.
Une progression du rendement de 5 à 6 % en douze ans : les variétés de pois de printemps inscrites en 2020 comme Kaméléon et Kaplan apportent un rendement significativement supérieur à celui de la variété Kayanne inscrite en 2008, encore très largement cultivée. L’amélioration variétale se voit sur d’autres caractères. « Nous avons gagné jusqu’à plus de 30 centimètres de hauteur de plantes à maturité par rapport à Kayanne, ce qui permet de faciliter la récolte », présente Véronique Biarnès, Terres Inovia.
« La tenue de tige est préservée, mentionne Arnaud Van Boxsom, du même institut technique. Nous ne voyons quasiment pas de verse dans les essais variétés. Dans les années 90, les pois se couchaient avec le moindre accident climatique. » En outre, toutes les variétés ont progressé en teneur en protéines depuis Kayanne. Alors que cette dernière affiche 22,1 % en moyenne, Orchestra monte à 24 % et Kaplan à 24,2 % sur un nombre réduit d’essais.
L’amélioration variétale pour lutter contre l’aphanomyces porte aussi ses fruits. Des variétés inscrites récemment comme Poséidon, Kagnotte et Karacter restent plus vertes et produisent plus de gousses en situation infestée mais leur rendement demeure encore très faible. Elles ont reçu une note de préservation de rendement de 3 contre 1 pour toutes les autres variétés de pois de printemps sensibles à l’aphanomyces. Cela leur apporte un intérêt en parcelle faiblement contaminée avec un gain de rendement et peu ou pas de symptôme de la maladie. Mais leur performance est insuffisante en situation fortement contaminée.
Bon comportement des inscriptions récentes sur une année 2020 difficile
« Sur l’année 2020 qui fut difficile sur le plan climatique pour les pois de printemps, les variétés récentes se sont bien comportées, remarque Véronique Biarnès. Cela a été le cas en particulier pour Kaméléon, Kaplan ainsi que pour Kagnotte et Orchestra inscrites en 2019, ainsi que Karpate. » Cette dernière variété « vieille » de cinq ans montre une bonne régularité de rendement entre années. Pourtant, les agriculteurs cultivent en majorité la variété Kayanne, qui couvre un tiers des surfaces françaises selon une enquête Terres Inovia auprès des producteurs en 2020. Astronaute (2012) couvre 14 % des surfaces. Plus récentes, Safran (2015) et Bagoo (2017) sont cultivées sur respectivement 12 et 16 % des surfaces.
Les semences de ferme sont très largement utilisées sur pois. « On se prive du potentiel des nouvelles variétés en n’achetant pas de semences certifiées. Et on n’apporte pas à la recherche un financement nécessaire à la sélection variétale chez les pois et féveroles », estime Arnaud Van Boxsom. Un autre spécialiste regrette « le peu de variétés nouvelles mises en avant par les distributeurs. » La sensibilité du pois et de la féverole aux aléas climatiques qui génèrent de fortes variations de rendement n’incite pas les agriculteurs à investir dans des semences certifiées. Le prix de vente de ces productions, souvent jugé insuffisant par les agriculteurs, constitue une autre raison.
Une vulnérabilité face aux épisodes de sec récurrents à la floraison
Sur les espèces protéagineuses, peu nombreux sont les semenciers qui continuent une recherche variétale active. « Parmi les protéagineux, notre recherche se limite au pois de printemps, culture sur laquelle nous sommes leader en France avec environ la moitié du marché grâce à des variétés comme Karpate, Kagnotte, Bagoo et Kaméléon, présente Jean-François Herbommez, responsable activités pois et orge chez KWS Momont. Notre programme de sélection est basé en France, avec un budget de 400 000 euros sur les 5 millions d’euros de l’entité KWS Momont qui travaille par ailleurs sur le blé tendre, l’orge d’hiver 6 rangs et le colza (partie maritime). Nous avons beaucoup travaillé les caractères de récoltabilité (hauteur et facilité de récolte) à côté de l’amélioration des rendements et du taux de protéines. Nous sommes parvenus à une meilleure régularité de rendement avec nos obtentions. Actuellement, nous portons nos efforts sur la tolérance à l’aphanomyces. »
Le pois de printemps reste malgré tout sensible aux aléas climatiques, notamment face aux épisodes récurrents de sécheresse à la floraison. « Obtenir des variétés moins vulnérables à ce type d’aléa est compliqué. On peut jouer sur le cycle en proposant des variétés plus précoces évitant les stades sensibles pendant les périodes de sec. Mais à vouloir trop précocifier avec un cycle de végétation plus court, on perd en potentiel de rendement. On opte plutôt pour des variétés plus tardives capables de repartir après un coup de sec », explique le spécialiste de KWS.
Le plan protéines apportera un financement sur des actions de recherche, avec 7 millions d’euros fléchés sur l’amélioration variétale. Des appels à projets associant les acteurs du public et du privé doivent être définis. La réponse au changement climatique y prendra sans doute une part importante.
Des dépôts à l’inscription en nette augmentation ces dernières années
Secrétaire technique plantes protéagineuses au Geves, Jean-Michel Retailleau note une remontée des dossiers d’inscription au catalogue officiel des variétés en pois de printemps depuis cinq ans. « Nous avons 12 à 17 dossiers chaque année alors que précédemment nous étions sur 7-8 dossiers par an, précise-t-il. Nous avons, en outre, un très bon flux de nouvelles variétés inscrites cette année. Il y aura notamment sept pois de printemps mais aussi quatre pois d’hiver, quatre féveroles de printemps, une féverole d’hiver et un lupin. »
Le pois d’hiver mieux armé contre le dérèglement climatique
Le pois d’hiver a représenté 21 % des surfaces de pois protéagineux en 2020, une proportion en retrait par rapport aux années précédentes (27-28 %) dans un contexte où les semis d’automne ont été très difficiles pour les cultures concernées. Mais pour Jean-Michel Retailleau, Geves, « l’avenir est aux pois d’hiver face au changement climatique. Ce type de variétés est mieux adapté avec un cycle lui évitant d’arriver à floraison lors des épisodes de sécheresse de juin. De nouvelles variétés apportent des gains de rendement, de qualité des grains et de résistance au froid. »