Marchés agricoles
Objectif technique de prix du blé tendre Euronext à 230-240 €/t sur mai 2021
Les prix actuellement rémunérateurs pour les agriculteurs français les inciteraient à se positionner de manière plus intense qu’habituellement à la vente sur la campagne 2021/2022, selon des analystes de Caceis et de Crédit Agricole.
Les prix actuellement rémunérateurs pour les agriculteurs français les inciteraient à se positionner de manière plus intense qu’habituellement à la vente sur la campagne 2021/2022, selon des analystes de Caceis et de Crédit Agricole.
« Nous avons pour objectif technique un prix du blé tendre sur le marché à terme Euronext à 230-240 €/t sur l’échéance mai 2021, qui pourrait survenir dans les prochaines semaines », s’est exprimé Cédric Renault, responsable du département Analyse des marchés des Commodités au sein de Caceis, filiale du groupe Crédit Agricole, lors d’une conférence le 11 février. Il confirme ainsi la vision haussière de la plupart des analystes contactés récemment. Actuellement, les prix oscillent autour de 220 €/t sur l’échéance mai, jugé comme niveau pivot : « nous sommes dans une phase de consolidation », ajoute le spécialiste.
Stocks UE de fin de campagne en blé tendre au plus bas depuis 20 ans !
Cet objectif de 230-240 €/t s’explique par des éléments d’analyse technique, mais aussi des « fondamentaux jugés tendus, surtout concernant le marché du maïs, qui drive les autres marchés, notamment le blé (…) En réalité, le marché du blé tendre n’est pas réellement tendu, car les Russes ont eu une bonne récolte. Toutefois, les stocks de l’UE en blé tendre sont attendus en cette fin de campagne 2020/2021 à 11 Mt, un plus bas depuis vingt ans », argue Cédric Renault. De son côté, Xavier Cassedanne, ingénieur d’affaires et expert de la filière Grains au sein du groupe Crédit Agricole, rappelle l’intensité de la demande mondiale, et notamment chinoise, la mise en place de taxes à l’export en Russie, la moins bonne collecte qu’attendu en Argentine, pénalisée par l’effet La Niña, provoquant des épisodes de sécheresse en Amérique du Sud.
2,1 Mt de blé français sur l’Algérie sur 2020/2021 ?
Xavier Cassedanne confirme que de nombreuses affaires sont potentiellement réalisables sur l’Algérie pour la France, qui pourrait y expédier « 2,1 Mt sur l’ensemble de la campagne 2020/2021 (contre 735 000 t depuis le début de ladite campagne selon FranceAgriMer) », autre source potentielle de hausse des prix. Et ce, malgré la forte concurrence de l’Allemagne et des pays baltes.
Cédric Renault ajoute qu’un risque météorologique n’est pas à exclure, avec une vague de froid qui s’abat sur plusieurs pays exportateurs (France, Russie, Etats-Unis…).
Ce dernier n’écarte toutefois pas un tassement de la tendance haussière sur l’ancienne récolte, soit un « Pull Back », si les récoltes s’annoncent finalement bonnes une nouvelle fois en Russie, sachant que l’Australie dispose cette année d’importants volumes, soit « 31 à 32 Mt, contre 15 Mt à 17 Mt lors des précédentes campagnes ». Attention également à l’effet Covid-19 sur la consommation mondiale de grains.
Prix nouvelle récolte du blé tendre sur Euronext à 205 €/t prochainement ?
Pour la nouvelle récolte, « nous n’excluons pas que les prix puissent atteindre prochainement les 205 €/t », contre 195 €/t-200 €/t actuellement, zone de consolidation technique du marché, explique Cédric Renault.
Les prix du blé tendre sur Euronext, proche donc des 200 €/t sur la nouvelle récolte, sont jugés rémunérateurs pour les agriculteurs, expliquent les deux experts du groupe Crédit Agricole. « Nous remarquons que lorsque les prix dépassent les 198 €/t sur Euronext, cela incite les agriculteurs à se positionner », indique Xavier Cassedanne. « Nous constatons par conséquent des prises de positions inhabituellement élevés dès la prochaine campagne 2021/2022 de la part d’agriculteurs et de petites structures agro sur Euronext, sur les échéances septembre, décembre et, même, mars, ceci grâce à l’utilisation par ces derniers des services de Caceis, leur permettant de prendre position sur Euronext. » Toutefois, ce dernier a expliqué qu’il n’était pas possible de donner de chiffres précis.
Selon les spécialistes de Crédit Agricole, les prises de positions sur Euronext traduisent un engagement accru par rapport à d’habitude sur le marché physique à la vente en blé tendre (et en orge) de la part des agriculteurs. Ce qui confirmerait des informations que nous avons collectés auprès d’opérateurs privés ces dernières semaines.
Cours du blé à Chicago à 6,5 $/bu sur l’ancienne récolte en spot ?
Concernant le contrat à terme de Chicago, les analystes de Crédit Agricole s’attendent à ce que les prix atteignent les 6,50 dollars le boisseau ($/bu) « pour maintenir la tendance haussière actuelle dans les prochaines semaines », contre 6,3-6,4 $/bu actuellement.
En soja, le faible ratio stocks/consommation aux Etats-Unis (3 %, selon le dernier rapport USDA, 4 % en 2013/2014 !) laissent penser aux experts de Crédit Agricole que les prix pourraient grimper à 14-14,5 $/bu en spot lors des prochaines semaines sur l’ancienne récolte (ou campagne commerciale actuelle, soit 2020/2021). Attention toutefois : « La Chine a annulé quelques bateaux états-uniens. Si la récolte au Brésil s’avère bonne, on pourrait constater une certaine baisse des cours du soja états-unien à Chicago fin février-mars », prévient Cédric Renault. Surtout que de telles nouvelles baissières pourraient inciter les investisseurs financiers à vendre, amplifiant le mouvement de baisse, « comme cela a été le cas le 10 février, les fonds ayant vendu 30 000 lots de soja, pesant sur les prix à Chicago », souligne-t-il.
Les analystes de Crédit Agricole/Caceis rappellent que, fin janvier, les investisseurs financiers détenaient l’équivalent d’environ 21,3 Mt de positions nettes acheteuses sur le contrat Soja à Chicago, source de volatilité.
Objectif de prix du colza sur Euronext sur l’échéance mai à 465 €/t !
Les cours du colza sur Euronext, corrélés à ceux du canola canadien à Winnipeg (qui ont récemment dépassé la barre des 700 $/t en spot) et du soja à Chicago, pourraient atteindre les 465 €/t sur l’échéance mai, ajoute Cédric Renault.
Concernant le marché du maïs, « l’USDA tablait sur une récolte états-unienne 2020 à 406 Mt en mai 2020, à 368 Mt en décembre 2020 et à 360 Mt en janvier 2021 », rappelle Xavier Cassedanne. Ce qui a justifié la forte hausse des prix de la graine cotée à Chicago, mouvement ascendant amplifié par les investisseurs financiers, qui détenaient fin janvier environ 44,4 Mt de positions nettes acheteuses sur le contrat à terme états-unien.
33 Mt d’importations chinoises de maïs en 2020/2021, 55 Mt en 2023, selon Goldman Sachs !
Les importations chinoises seront à suivre de près. Dans son rapport du 9 février dernier, l’USDA les évaluait à 24 Mt sur l’ensemble de la campagne 2020/2021, « mais elles pourraient finalement atteindre les 33 Mt, selon les estimations de Goldman Sachs », alerte Cédric Renault. Ce dernier ajoute que Goldman Sachs table sur des importations chinoises de maïs à 55 Mt en 2023 ! La tendance de hausse de la consommation de maïs et autres grains de la Chine « serait donc structurelle », souligne Cédric Renault. Un avis que partage notamment France Export Céréales, lors d'une conférence de presse le 10 février.
Mais attention également à certains potentiels éléments de pression sur les prix. Bien que les récoltes de maïs en Argentine et au Brésil ont été affectées par la sécheresse et prennent du retard actuellement à cause des pluies, il se pourrait qu’elles soient tout de même abondantes. De plus, la Chine pourrait refuser des bateaux de maïs états-uniens, pour se tourner vers l’Amérique latine, et faire quelque peu paniquer les investisseurs financiers, susceptibles de vendre lors fortes positions longues, « comme cela a été le cas le 10 février, les fonds ayant vendu 55 000 lots de maïs, pesant sur les prix à Chicago, du fait d’un rapport USDA jugé décevant, avec des stocks états-uniens supérieurs aux attentes du marché », remarque Cédric Renault.
Prix du maïs à 225 €/t sur l’échéance juin Euronext ?
Les analystes de Crédit Agricole jugent tout de même le marché mondial du maïs haussier, et table sur un objectif de prix à 220 €/t voire 225 €/t sur Euronext sur l’échéance juin dans les semaines à venir. Sur Chicago, les cours pourraient atteindre les 6 $/bu en spot sur la présente campagne commerciale 2020/2021 (contre 5,3 $/bu environ actuellement).