Nutrition des volailles : le phosphore, une matière première critique
Bien que les phytases soient utilisées depuis trente ans en volailles, il reste encore à faire pour mieux rendre disponible le phosphore bloqué sous forme de phytate dans les matières premières.
Bien que les phytases soient utilisées depuis trente ans en volailles, il reste encore à faire pour mieux rendre disponible le phosphore bloqué sous forme de phytate dans les matières premières.
Au même titre que les terres rares, le phosphate naturel a été dès 2014 qualifié de matière « critique pour l’UE » par la Commission européenne. Nous dépendons en effet à 88 % de nos importations, d’où le succès des phytases en tant qu’additif pour les volailles depuis trente ans, fournies principalement par cinq sociétés (AB Vista, BASF, DSM, Dupont, Huvepharma).
Autorisées dans l’UE depuis 1991, ces enzymes activent le phosphore qui est naturellement présent dans les matières premières des aliments qui, sans leur action, resterait bloqué sous forme de phytate non digestible.
Double enjeu économique et environnemental
La recherche d’innovations sur ces phytases porte sur leur capacité à libérer du phosphore et sur leur stabilité thermique. Xavière Rousseau (AB Vista) préconise d’explorer de hautes doses de phytases pour réduire le coût alimentaire. « Même si l’utilisation des phytases est une pratique courante, il y a encore des opportunités pour optimiser leur utilisation en définissant la dose adéquate et en tirant profit des bénéfices extra-phosphoriques. »
En effet, les phytates des matières premières sont aussi des facteurs anti-nutritionnels qui bloquent les minéraux et réduisent la digestibilité des protéines, ainsi que de l’amidon. Optimiser l’utilisation du phosphore répond à un double enjeu, économique et environnemental.
Le calcium interfère aussi
Les interactions du phosphore avec le calcium sont indispensables pour les dépôts minéraux dans les os.
Des équipes de l’Inrae, d’Adisseo et du département des sciences animales de l’université de Laval au Québec ont analysé 74 publications scientifiques parues entre 2010 et 2021.
« Ce travail, explique Agnès Narcy (Inrae Tours), confirme que l’utilisation digestive du phosphore alimentaire est bien influencée par les proportions de phosphore phytique et non-phytique, par l’incorporation de phytases, mais aussi par la teneur en calcium."
"Une augmentation d’apports de calcium pénalise la digestibilité du phosphore à tous les âges. Cet effet est plus marqué pour les formules à plus haute teneur en phosphore phytique et pour les poulets de chair les plus âgés ». La chercheuse souligne aussi que l’effet des phytases s’estompe avec l’âge.