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Marché/Géopolitique/Analyse
Guerre en Ukraine : la nutrition animale  craint un renforcement du manque de matières premières dans l'UE

Le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février, vient rajouter une nouvelle crise à celle dans laquelle se trouvait la nutrition animale européenne face à l’augmentation des cours, avec de réelles craintes sur les disponibilités. Certains pays comme l’Italie sont particulièrement fragilisés.

Léa Pallaroni, secrétaire générale d’Assalzoo
© Yanne Boloh - Phileas - La Dépêche Le Petit Meunier

Outre l’augmentation continue des cours, le spectre du manque de matières premières plane sur la fin de la campagne sur toute l’UE. Et cela que ce soit en protéines, puisque l’Ukraine est un important fournisseur de tourteaux de tournesol hipro, particulièrement appréciés dans les filières non OGM en substitution du soja non OGM, ou en céréales.  « Même si nous sommes producteurs de maïs, nos collègues du sud de l’Union européenne comme les Espagnols ou les Portugais, ont l’habitude de se fournir en maïs Ukrainiens. Ils vont donc forcément chercher de nouvelles sources d’approvisionnement et la tension sur les marchés va s’accroître. La crise est globale » souligne Valérie Bris (secrétaire générale de La Coopération Agricole – Nutrition animale).

 

 

Les fabricants italiens d’aliments pour animaux, réunis à l’occasion de la Feria Agricola de Vérone (2-5 mars), sont ainsi très soucieux pour leurs approvisionnements : « Nous importons quasiment 60 % de nos matières premières et, même si nous sommes producteurs de soja non OGM, la concurrence s’accroît sur notre propre volume avec les autres pays de l’UE qui vont manquer de tournesol ukrainien. Nous avons l’habitude d’importer du maïs, notamment de Roumanie et d’Ukraine. Tous les flux vont être tendus » souligne Léa Pallaroni, secrétaire générale d’Assalzoo, le syndicat italien des fabricants d’aliments pour animaux.

Au manque de matières premières s'ajoute le manque de chauffeurs routiers

Elle pointe l’ampleur des impacts possibles. « Il y a non seulement les matières premières elles-mêmes mais aussi la logistique. De nombreux chauffeurs routiers mais aussi des travailleurs dans l’agriculture sont ukrainiens et sont rentrés chez eux ». Avec uniquement 30 jours de stockage, c’est bien toute la nutrition animale italienne qui tremble. « Nous sommes traditionnellement consommateurs de maïs pour la couleur des œufs, par exemple dans les pâtes. Nous étions autosuffisants jusqu’en 2003 mais ça s’est dégradé et nous importons 50 % de nos besoins. Les formulateurs essayent de trouver des solutions de substitution avec du blé ou, de plus en plus, du sorgho. Mais nous avons des contraintes, notamment tous les signes officiels de qualité qui refusent que les animaux consomment des coproduits de céréales ».

Avec une forte dépendance au gaz russe (55 % de sa consommation), l’Italie fait partie des pays les plus fragilisés par la crise confirme Claudio Casolari, directeur de l’alimentation animale du Consorzio Agrario del Nordest (3 usines d’aliments, 300 000 t/an). « Le maïs est notre souci numéro un. En plus de prix très élevés, est-ce que les bateaux vont pouvoir arriver ? Nous utilisons surtout le maïs de Hongrie, de Biélorussie et de Russie pour nos vaches laitières car ils ont un climat qui réduit les risques de mycotoxines. Nous reformulons bien sur avec du sorgho et du blé, mais après les +30 % de coûts de nos approvisionnements en 2021, nous craignons beaucoup plus en 2022 avec l’énergie par-dessus tout cela. Et les éleveurs ne pourront pas payer ».

Du côté européen, la Fefac s’est associée avec le Coceral et la Fediol pour rappeler que la coupure des approvisionnements en provenance d’Ukraine va créer de réelles ruptures en nutrition animale comme en nutrition humaine ; l’Ukraine exportant 60 Mt par an avec une prévision qui était de 33 Mt de maïs (dont 11 Mt importées par l’UE) et 24 Mt de blé pour 2022 en sus du tournesol.

 

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