Néonicotinoïdes/betteraves : jusqu’à 15 jours de retard dans la distribution de semences
Avec une parution de l’arrêté sur les néonicotinoïdes le 5 février, le pelliculage des semences avec ces insecticides a démarré tardivement. Il n’y a pas de crainte sur les disponibilités mais les semences pourraient n’être livrées qu’à la mi-mars.
Avec une parution de l’arrêté sur les néonicotinoïdes le 5 février, le pelliculage des semences avec ces insecticides a démarré tardivement. Il n’y a pas de crainte sur les disponibilités mais les semences pourraient n’être livrées qu’à la mi-mars.
« Cela enrobe à fond en ce moment dans les stations. Mais il faut prévoir un retard jusqu’à une quinzaine de jours dans la distribution de semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes, en fonction des semenciers et de leurs capacités de pelliculage des semences », remarque Ghislain Malatesta, responsable du département expérimentation et expertise régionale à l’Institut technique de la betterave (ITB).
Avec la parution le 5 février de l’arrêté entérinant l’autorisation d’utilisation des néonicotinoïdes (NNI) sur betteraves sucrières, il ne pouvait en être autrement. Le lancement des enrobages de semences a été retardé. Or, les semis de betteraves démarrent début mars dans certaines régions. « Des semences ne vont arriver que dans la deuxième semaine de mars, entre le 10 et le 15 du mois, précise le spécialiste de l’ITB. Mais en quantité finale, il n’y aura pas de problème de disponibilité en semences traitées aux NNI. »
Au moins 50 % des betteraves sans NNI en Alsace
Des agriculteurs vont choisir des semences sans NNI, pour se dispenser des contraintes imposées par l’arrêté sur certaines successions culturales. « En Alsace, au moins la moitié des betteraves seront semées sans cette protection insecticide sur la semence pour pouvoir implanter du maïs dans l’année qui suit. Le maïs est fréquent dans ce secteur de production et les betteraves y représentent entre 5500 et 6000 hectares », précise Ghislain Malatesta.
En Normandie et dans les Hauts de France, ce sont d’autres cultures qui vont peser sur le choix des betteraviers : le lin textile n’est autorisé qu’en N + 3 et la pomme de terre en N + 2 après betteraves traitées aux NNI. « On prévoit 30 % des betteraves sans NNI dans ces régions », estime Ghislain Malatesta. Pour la Normandie, Alexandre Métais, responsable régional de l’ITB, apporte quelques nuances : « Dans l’Eure, avec des infestations fortes et des rendements catastrophiques en 2020, les producteurs vont opter pour des semences traitées à 90-95 %. En Seine-Maritime, la pression pucerons a été faible en 2020 et les agriculteurs ont très bien contrôlé la situation avec des traitements aériens. 30 % d’entre eux se passeront donc de NNI en 2021. » À noter que le lin textile va nettement baisser en surface en 2021, ce qui réduit en conséquence son importance dans la rotation avec la betterave.
Dans les autres régions, les semences traitées aux NNI représenteront plus de 90 % des semis de betteraves. Sur ces secteurs, aucune différence ne sera faite sur le niveau de risque pucerons. Les zones au sud de Paris (Loiret, Champagne…) étaient connues comme étant moins touchées par les pucerons que les autres régions… sauf en 2020 où elles ont été fortement atteintes. Il est trop tôt pour prédire le risque pucerons pour les prochains semis et l’impact que la semaine de gel intense de février a pu avoir. « Dans un mois, on connaîtra le risque véritable, explique Ghislain Malatesta. Avant février, il subsistait une masse importante de pucerons. »