Méthanisation agricole : comment communiquer sur votre projet ?
La méthanisation agricole a ses détracteurs. Organiser l’information, contacter les élus et préparer son discours sont autant d’étapes indispensables pour espérer voir son projet aboutir.
La méthanisation agricole a ses détracteurs. Organiser l’information, contacter les élus et préparer son discours sont autant d’étapes indispensables pour espérer voir son projet aboutir.
La communication autour d’un projet de méthanisation est l’une des clés de son succès. Faute d’information suffisante, les riverains s’inquiètent rapidement. En cherchant des réponses à leurs questions, ils risquent de tomber sur des argumentaires d’opposants qui ne feront qu’aviver leurs craintes. En quelques clics, le site du Collectif National Vigilance Méthanisation détaille même la méthode pour faire échouer un projet.
Comment s’y prendre pour éviter cet écueil ? « L’idéal est d’informer en amont tous les voisins, les élus, les associations locales de ce que vous êtes en train de faire », conseille Constant Delatte, directeur de l’agence de concertation Quelia, spécialisée dans l’accompagnement de projets d’énergies renouvelables. Et ce, dès les premières réflexions. « Le bon moment pour communiquer, c’est quand tout va bien : les citoyens sont alors dans une posture d’accueil de l’information. Personne ne vous reprochera de communiquer trop tôt. Et si on vous le dit quand même, c’est un bon point. »
Pour être efficace, l’information doit être structurée : elle passe par l’organisation de réunions de concertations, de rencontres, d’un site web et de visites de sites. Évitez de commencer par une grande réunion publique, peu propice au dialogue, au cours de laquelle les timides n’oseront jamais intervenir et les tribuns monopoliseront la parole. Si les discussions tournent mal, le projet sera mis en difficulté. « Nous préférons mettre en place une information qui accompagne le développement du projet et inviter les acteurs locaux à participer à de petites réunions de travail », précise Constant Delatte. Ces étapes sont importantes : l’adhésion du conseil municipal de la commune où se situe le projet est souhaitable pour son avancement.
Un site web avec les réponses aux questions sur votre projet
Autre outil indispensable : un site web. « La première chose que font les gens lorsqu’ils découvrent un projet près de chez eux, c’est d’aller sur internet et sur les réseaux sociaux. Il est très important d’avoir un site web sur lequel chacun puisse trouver les réponses à toutes ses questions, à tout moment », détaille Constant Delatte.
Sur le fond, communiquer implique de parler clair et se montrer pédagogue, pour désamorcer les inquiétudes. Selon une étude de 2018 menée par GRDF, plus de la moitié des personnes interrogées étaient dans l’incapacité d’expliquer ce qu’était la méthanisation. « Il faut présenter le procédé avec des mots simples et être prêt à répondre à toutes les questions », prévient Constant Delatte. La méthanisation, c’est quoi ? Que met-on dans dedans ? Pourquoi faites-vous ça, quel est le sens, pourquoi à tel ou tel endroit ? L’idéal est de préparer toutes les réponses, pourquoi pas en s’entraînant avec un communicant.
Simplifiez sans recourir au jargon agricole
Surtout, oubliez le langage technique et le jargon agricole : simplifiez ! La méthanisation est un procédé qui permet de transformer le CO2 de l’atmosphère en biomasse puis en méthane. Rappelez à chacun ses cours de physique chimie au collège. Parlez de l’intérêt du digestat pour vos sols et de son impact sur vos apports d’engrais, mais évitez les chiffres compliqués et les unités de mesure propres au secteur. Donnez plutôt des équivalences : parler d’un projet d’injection de 200 Nm3/h ne parlera pas à grand monde, alors qu’un projet produisant l’équivalent de la consommation en énergie de 1 500 foyers pendant un an permet rapidement de mesurer l’enjeu du projet.
Autre écueil : nier les problèmes soulevés par la méthanisation. Les odeurs, les camions, le paysage, les risques d’incendie… Il s’agit de vraies sources d’inquiétudes pour les riverains. Si vos interlocuteurs vous questionnent là-dessus, il faut répondre à leurs questions, rappeler les normes en vigueur - vérifiées par des contrôles de la Dreal - et leur montrer que ces préoccupations sont aussi les vôtres. Si vous étudiez les couleurs des bâtiments, dites-le. Si vous planchez sur un plan de circulation des camions, montrez-le. « Un projet de méthanisation, ce n’est pas que de la technique, c’est aussi un projet dans son environnement », rappelle Stéphane Bisson, du CERFrance Énergie Normandie. « La localisation d’un projet peut provoquer ou désamorcer une opposition. Parfois, il est préférable d’installer le projet un kilomètre plus loin que prévu. » C’est un surcoût réel, mais c’est le prix de la tranquillité.