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Coronavirus
Marché des céréales et co-produits : la Covid-19 n’explique pas tout

La Covid-19 a des conséquences sur les marchés mondiaux des céréales et la disponibilité en co-produits céréaliers. Mais l’appétit de la Chine pour le maïs et le développement des économies vertes sont beaucoup plus impactants.

© btaskinkaya (Pixabay)

Ces six dernières années, la demande et le commerce mondial en céréales n’ont cessé de croître, portés surtout par l’alimentation animale qui représente la moitié de la consommation. «Et la Covid-19 n’a pas inversé la tendance, a souligné Patricia Le Cadre, du Cérépoa, lors de la journée Matières Premières organisée par l’Aftaa le 15 avril. Entre 2019/2020 et 2020/2021, la consommation de céréales a encore augmenté de 1,9%, et notamment de 2,6% en alimentation animale et 1,7% en alimentation humaine.»
La Russie est restée le premier exportateur mondial de blé, avec 21% de parts de marché en 2020/2021, suivie de l’Union européenne, puis des Etats-Unis et du Canada. Et en maïs, les Etats-Unis ont gardé leur place de premier exportateur avec 37% de parts de marché, suivis du Brésil puis de l’Argentine et de l’Ukraine.

La hausse des prix observée sur les matières premières agricoles a également peu à voir avec la Covid. «Sur les neuf premiers mois après l’apparition de la Covid, les prix du soja et du blé sont restés stables. Le prix du maïs a baissé suite à la chute de la demande américaine en éthanol qui représente 40% des débouchés aux Usa. Mais la flambée des prix des céréales à partir de l’été 2020 est principalement due à l’appétit de la Chine pour le maïs.»

Avec 15 millions de tonnes de maïs importées en 2020, possiblement le double en 2021, la Chine devient en effet l’acteur principal du marché du maïs, comme il l’est en soja, avec plusieurs objectifs : favoriser le passage à l’éthanol, sécuriser ses stocks alimentaires et faciliter la reconstitution de son cheptel de porcs décimé par la Peste Porcine Africaine.

Sur les marchés mondiaux, le maïs a ainsi connu une très forte hausse des prix, entraînant également la hausse des prix du blé, de l’orge, du sorgho et du riz.
En blé, s’y sont ajoutées des restrictions à l’exportation en Russie, Ukraine, Argentine, l’appétit pour le blé de l’alimentation animale et les stocks de précaution réalisés en 2019/2020 pour l’alimentation humaine. «Mais la Covid en elle-même a surtout eu un impact sur les marchés financiers, le risque inflationniste lié à la reprise économique poussant les investisseurs à miser sur des biens tangibles, notamment les matières premières», estime Patricia Le Cadre.

Moins de co-produits

La crise de la Covid a aussi des conséquences sur les coproduits céréaliers : baisse de la demande en alimentation animale liée à la baisse de consommation de viande, diminution de la demande en bioéthanol et isoglucose due aux confinements et à la chute du prix du pétrole, activités de meunerie et amidonnerie restreintes du fait de l’arrêt de la restauration et du tourisme, entraînant une moindre disponibilité en sons, remoulage et drêches, difficultés logistiques…

La réorientation de certaines usines sur la production de gel hydroalcoolique et la demande en amidon pour le secteur de l’emballage, en plein essor pour les achats en ligne, ont partiellement compensé la perte d’autres marchés.

Malgré tout, «les co-produits céréaliers sont au coeur de la crise Covid», a souligné Marc Lefebvre, de Tereos. Mais là aussi, la Covid n’explique pas tout. La hausse de la demande en bioéthanol, l’obligation de décarboner les industries, ce qui pourrait  limiter la déshydratation et favoriser les co-produits humides, le développement de la méthanisation et des farines d’insectes entraînant une forte pression sur les coproduits pourraient être beaucoup plus impactants dans les années à venir.

 

 

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