Mammite : cinq tests bactériologiques rapides à la ferme passés au crible
Ces dernières années, plusieurs tests bactériologiques rapides à réaliser en ferme émergent. Il n’y a pas d’outil idéal pour détecter le germe responsable d’une mammite. Le choix dépend du niveau de précision souhaité, du coût, ainsi que des contraintes de mise en place.
Ces dernières années, plusieurs tests bactériologiques rapides à réaliser en ferme émergent. Il n’y a pas d’outil idéal pour détecter le germe responsable d’une mammite. Le choix dépend du niveau de précision souhaité, du coût, ainsi que des contraintes de mise en place.
- Pourquoi choisir un test bactériologique plutôt qu’un autre ?
- Les cinq tests bactériologiques dans le cas d’une mammite
- Pour quelles mammite utiliser les tests rapides à la ferme ?
- Les deux grandes classes de bactéries responsables de mammites
En cas de mammite clinique non sévère sur une vache, les éleveurs disposent de deux options pour connaître le germe responsable. Soit faire passer l’échantillon de lait à leur cabinet vétérinaire, qui pratique une analyse bactériologique en 24 à 48 heures(1), soit faire eux-mêmes l’examen au moyen de tests rapides à réalisation et à lecture simplifiées.
Pourquoi choisir un test bactériologique plutôt qu’un autre ?
« Il n’y a pas de bon ou de mauvais tests. Ils diffèrent par leurs caractéristiques et sont adaptés à des situations différentes et à des éleveurs différents », résume Olivier Salat, vétérinaire dans le Cantal. « Le choix dépend non seulement de ce que l’éleveur espère obtenir comme résultat, de ce qu’il cherche en termes de précision de l’analyse, mais aussi de sa capacité à mettre en place le test et du coût que cela implique », poursuit Philippe Le page, vétérinaire consultant.
Demandez-vous quel test se montrera le plus pertinent sur votre élevage. « Je ne suis pas sûr qu’il faille toujours chercher à obtenir le résultat le plus précis possible. Selon les situations, cela ne se révèle pas forcément justifié. C’est un peu comme si vous alliez à la pêche, image Philippe Le Page. Vous adaptez la taille de votre filet au type de poisson que vous voulez. Vous n’êtes pas obligé de ramasser tous les poissons ! »
Les cinq tests bactériologiques dans le cas d’une mammite
1. Géloses triplates : pour les experts
C’est une boîte de Pétri à trois compartiments séparés par des parois. Chaque compartiment permet la pousse de bactéries spécifiques (staphylocoques, coliformes, streptocoques). La réalisation est simple : un peu de lait est étalé sur chaque partie au moyen d’un coton-tige ou d’une öse, puis la boîte est placée à l’étuve pendant 24h. L’expertise du manipulateur est essentielle pour obtenir une lecture fiable.
2. Pétrifilms : les moins chers des tests mammite
Issus de l’industrie agroalimentaire, ces tests se constituent de deux plaques sous la forme de carte à jouer recouvertes d’un film plastique sur lesquelles est étalé 1 ml de lait issu du prélèvement de mammite avec une dilution au 1/10e. Sur l’une des plaques (CTA : compte total aérobie), toutes les bactéries sont capables de pousser. Sur la seconde (CTC : compte total coliforme), seules les coliformes (bactéries Gram négatif) peuvent pousser. Les plaques restent 24 heures à l’étuve avant de les observer en commençant par la CTC. Si au moins 20 pousses sont visibles, c’est une Gram négatif, la guérison sera spontanée, pas besoin de traitement antibiotique. Si une bactérie a poussé sur la CTA (au moins 5 pousses visibles), c’est une Gram positif qui requiert un antibiotique comme indiqué dans le protocole de soins.
3. MastDecide : une lecture pas si simple
Ce sont deux tubes de couleur rose dans lesquels est ensemencé du lait, avant d’être placés dans l’étuve durant 15 heures environ. Le changement de couleur permet de qualifier la nature des bactéries présentes. Si les tubes restent roses, il n’y a pas de bactéries. Si le tube à bouchon blanc devient blanc et le tube à bouchon jaune reste rose, c’est une bactérie à Gram négatif, pas besoin de traitement antibiotique. Si les deux tubes changent de couleur et deviennent blanc, c’est une bactérie Gram positif, et la vache doit recevoir un antibiotique. Parfois les couleurs ne virent pas franchement et l’interprétation n’est pas toujours aisée.
4. Mastatest : le seul qui va jusqu’au germe responsable de la mammite
C’est un appareil automatisé d’analyse bactériologique qui nécessite une connexion internet. On y dépose des cartouches préalablement remplies du lait à analyser, et 21 heures après au maximum, on obtient la bactérie responsable de la mammite, ainsi que, si elle est Gram positif, sa sensibilité à trois antibiotiques.
La cartouche se compose de 24 puits : 6 destinés à l’identification de la bactérie, et 18 (3x6) remplis de concentrations croissantes des trois antibiotiques testés, ce qui permet d’obtenir la concentration minimale inhibitrice pour chacun des trois antibiotiques. L’appareil peut analyser quatre échantillons à la fois. Le numéro de la vache et le quartier sont renseignés et l’analyse est lancée. Le résultat apparaît dans l’interface internet et parvient également au vétérinaire qui, grâce aux commémoratifs fournis par l’éleveur, pourra alors proposer une thérapeutique adaptée ainsi que d’éventuelles mesures préventives.
« En comparant cet appareil avec nos méthodes d’identification bactérienne, nous obtenons dans 90 % des cas une concordance quant au Gram (une bactérie Gram positif est bel et bien une Gram positif), dans 70 % des cas une concordance quant au genre bactérien (staphylocoque, streptocoque, coliforme), et dans un peu plus de 50 % des cas une concordance quant à la bactérie exacte, détaille Olivier Salat. Des résultats certes perfectibles, mais c’est toujours mieux que rien. »
5. Vetscan Mastigram+ : le plus rapide des tests bactériologiques à la ferme
Le test se compose d’un tube rempli d’un bouillon d’enrichissement dans lequel du lait va être versé. Le tube est placé dans l’étuve pour un délai de 7 heures minimum à 7 heures 30 maximum. Une partie de ce mélange est ensuite transférée dans un tube de lait et une bandelette y est déposée. C’est un test immunochromatographique (comme les autotests Covid) qui permet de révéler la présence de bactérie Gram positif. La lecture du test se fait au bout de 10 minutes. Si une seule barre rose est visible, le test se révèle négatif : il y a absence de bactérie Gram positif et donc il n’est pas nécessaire d’administrer de traitement antibiotique. Si deux barres sont visibles, le test est positif : il y a présence de bactérie Gram positif et un traitement antibiotique se justifie. Et si jamais, aucune barre n’est visible, le test n’est pas validé et aucune conclusion ne peut être formulée.
Zoétis annonce une sensibilité de 99 % (probabilité que le test soit positif si présence de Gram positif) et une spécificité de 100 % (probabilité d’obtenir un test négatif si absence de Gram positif). « C’est un très bon test avec une pertinence à confirmer sur le terrain, conclut Olivier Salat. Le gros avantage est qu’il donne le résultat d’une traite sur l’autre. »
Pour quelles mammites utiliser les tests rapides à la ferme ?
Les tests rapides ne sont adaptés que pour les mammites cliniques de grade 1 et 2, c’est-à-dire de petites mammites avec juste une modification du lait ou une inflammation du quartier, sans incidence sur l’état de santé général de la vache.
Les mammites sévères, quant à elles, s’accompagnent de fièvre et/ou d’abattement, de chute d’appétit, de baisse de production, de rumination, ou encore de difficulté à se déplacer. Mieux vaut alors contacter le vétérinaire.
Les deux grandes classes de bactéries responsables de mammites
Les bactéries Gram positif
Essentiellement des staphylocoques et streptocoques), les bactéries Gram positif sont isolées majoritairement lors d'une mammite non sévère ou d'une mammite subclinique. Lorsqu’elles ont contaminé un quartier, leur élimination nécessite l’emploi d’un antibiotique.
Les bactéries Gram négatif
Essentiellement des colibacilles, les bactéries Gram négatif isolées majoritairement lors d'une mammite sévère mais elles sont également fréquemment responsables de mammites non sévères. Nuance importante : « lorsque l’infection colibacillaire provoque une mammite sévère, la survie de l’animal impose un traitement antibiotique le plus précoce et énergique possible », rappelle Olivier Salat. En revanche, si l’infection ne se traduit que par des signes cliniques locaux sans répercussion sur la santé, le colibacille va disparaître le plus souvent sans qu’un antibiotique soit nécessaire.