Maîtriser le coût alimentaire des vaches laitières en non OGM
Les fabricants d'aliment plaident pour une complémentation des vaches laitières revisitée, avec des aliments moins concentrés en protéines.
Les fabricants d'aliment plaident pour une complémentation des vaches laitières revisitée, avec des aliments moins concentrés en protéines.
Avec l'essor des filières non OGM, le prix du soja non OGM devrait croître. En France, "les éleveurs laitiers croient toujours beaucoup au soja et les formules à plus de 38% de MAT restent les plus demandées", rappelle Laurent Morin, de Feedsim avenir, réseau interprofessionnel de la nutrition animale, lors d'une journée Aftaa en novembre dernier.
"Or, cette demande de haute valeur azotée totale ne repose sur aucune référence", indiquent les fabricants d'aliments. Christophe Granier, de la société Techna (fabricant d'aliments composés), a proposé une approche de la complémentation différente en termes de quantités et de concentration des aliments utilisés ; à l'instar de pays voisins qui utilisent très peu de correcteur azoté.
Trouver d'autres ressources que le soja
Dans une stratégie sans concentré de production, pour une production de 29 litres par vache, Christophe Granier part d'une situation où la ration de base est composée aux deux tiers d'ensilage de maïs, un tiers d'ensilage d'herbe et de foin, avec 4 kg de correcteur azoté à 43% de protéine (50% tourteau de colza, 32% tourteau de soja).
En non OGM, si on veut conserver un correcteur azoté à 43% de protéine (60% colza, 32% soja) et produire autant de lait, le coût alimentaire grimpe de 4 €/1000 l et la marge baisse de 0,11 €/VL/j ce qui n'est pas négligeable. Surtout que cette simulation est faite avec un écart de prix entre soja OGM et non OGM de 85 €/t, écart qui pourrait augmenter à l'avenir.
Réduire le besoin en correcteur azoté
La solution la plus pertinente techniquement et économiquement est de déconcentrer le correcteur azoté. On passe ainsi à un correcteur à 38% de protéine, en quantité un peu plus élevée (4,6 kg). Le coût augmente moins (+1 €/1000 l) et la marge est légèrement améliorée grâce à une petite augmentation de la production laitière. "Par ailleurs, ces correcteurs pourront intégrer plus facilement des ressources variées et d'origine France : féverole, drêches, tournesol high pro, lupin, pois, concentré de luzerne..."
Travailler les concentrés de production
Dans une situation avec concentré de production (objectif à 39 litres), la meilleure stratégie consiste à réduire la quantité du correcteur azoté à 38% de MAT (-0,7 kg). Et à augmenter la quantité (+ 0,7 kg) de deux aliments de production complémentaires, plus concentrés en protéine (24 et 30 % MAT) que le concentré utilisé en situation de départ (21 % MAT). Au final, la ration est plus riche en énergie, les PDI sont peu dilués, le coût de la ration est maîtrisé (-4 €/vache/j) et la marge sur coût alimentaire est légèrement améliorée. "Et on peut se passer de tourteaux de soja dans des formules à 24 ou 30 de MAT."
Enfin, Christophe Granier rappelle que ces simulations sont faites à qualité équivalente des fourrages. "Or, l'amélioration de la qualité des fourrages est un levier essentiel pour améliorer les résultats techniques et maîtriser les coûts."
Côté éco
Un surcoût qui augmentera
"Il n'y a pas d'inquiétude sur la disponibilité en soja non OGM. L'origine 'Danube' - 600 000 tonnes aujourd'hui - est prévue en hausse. On entend parler d'une origine africaine. Mais il faudra payer. Surtout que se développe aussi une demande en protéine 'sans déforestation'. Ce qui génèrera encore des surcoûts", pointe Laurent Morin, de Feedsim avenir.