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Maïs et tournesol : les biostimulants sur semences doivent encore faire leur preuve

Les biostimulants sont très présents dorénavant en application des semences de tournesol et surtout de maïs. Présentent-ils un intérêt pour l’implantation et le rendement de ces cultures ? Les avis divergent.

ATTENTION, cette photo n'est pas une photo Réussir ! ( photo du dossier de presse EuroMaïs 2009 ) . Emergence d'une plantule de maïs après la germination . Pousse issue ...
Une germination et levée plus rapide constitue une des allégations des biostimulants appliqués sur semences.
© Arvalis

Fortify, Acceleron (B-360), Starcover Active +, Lumibio Kelta, Epivio-Energy, Vertigo… les biostimulants (et biofertilisants) appliqués sur des semences de cultures d’été foisonnent. Ils sont mis en avant avec diverses allégations, souvent communes. « Un biostimulant est un produit qui stimule le processus de nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs qu’il contient », rappelle Terres Inovia.

Les sociétés qui commercialisent ces biosolutions mettent en avant divers atouts : une amélioration de l’implantation des jeunes plants et du développement racinaire permettant une levée plus homogène, un meilleur développement en conditions de stress abiotique (froid, sécheresse, excès d’eau) de début de cycle, une activité photosynthétique plus élevée et une rapidité d’émergence. Parfois, ces biostimulants permettent de réduire les apports d’azote et d’avancer le stade de floraison, selon ces sociétés. Des améliorations de rendement sont de temps en temps mises en avant.

Sur maïs, l’offre en biostimulants est variée. L’institut technique Arvalis a testé une dizaine de ces produits dans de nombreux essais. « Différentes mesures ont été réalisées durant le cycle de la culture et notamment dans les premiers stades sur lesquels se concentrent les allégations des fournisseurs », présente Brigitte Escale, du pôle écophysiologie d’Arvalis. Par rapport au témoin avec un traitement de semences fongicide de base, aucun écart n’a été mesuré avec aucun des produits sur la levée (vitesse et taux de levée), la précocité (stades foliaires et date de floraison), la vigueur au départ, la teneur en chlorophylle et aucun effet sur le rendement n’a pu être mis en évidence dans les conditions d’expérimentation. « Nous travaillons encore sur les sujets de l’enracinement et de la germination. Mais pour le moment, nous n’avons pas trouvé le produit de référence clé montrant une certaine efficacité », remarque la spécialiste d’Arvalis.

« Aucun effet significatif sur le démarrage, ni sur le rendement pour le tournesol »

Sur tournesol, l’offre en biostimulants est plus restreinte en enrobage des semences. Terres Inovia a mené huit essais dans quatre régions sur trois ans avec deux produits, Starcover et Fortify. « Ces deux biostimulants revendiquent un effet sur la stimulation de la croissance racinaire, permettant une levée plus rapide et homogène ainsi qu’une croissance aérienne renforcée, rapporte Cécile Le Gall, de Terres Inovia. Aucun effet significatif sur le démarrage n’a été observé, ni sur le rendement et ni sur la qualité des graines dans les conditions diverses des essais de l’institut technique. « Starcover ne montre pas d’amélioration de rendement en moyenne. Toutefois, il permet un gain sur la majorité des essais », relève la spécialiste.

Un troisième biostimulant avait fait l’objet du même suivi, sous contrat avec la société développeuse. « Le résultat a été un peu meilleur que les deux autres produits : + 1,7 q/ha de rendement, ce qui reste limité par rapport au témoin sans ce traitement de semences », souligne Cécile Le Gall. L’effet de la variété, des conditions de température du sol à l’implantation, de la qualité de la semence et du cumul de degrés jours restent les points cruciaux pour favoriser la vigueur au démarrage et la production.

Le prix de l’offre de traitements de semence « biostimulants » varie de 8 euros à 15 euros par dose en maïs selon les offres, soit un coût moyen d’environ 25 euros par hectare pour l’agriculteur, selon Arvalis. « Beaucoup de semenciers proposent leurs semences avec des biostimulants dessus sans y mettre de valeur supplémentaire, mais en valorisant avant tout leur génétique », selon Charlie Coquin, du groupe UPL. Sa société propose le biostimulant Vertigo à des semenciers pour une application sur des semences.

Comment expliquer le décalage entre les résultats ?

Outre les instituts techniques, des distributeurs testent également les biostimulants. « Nous aimerions croire les dires des fournisseurs mais, en général, nous ne voyons aucun effet, même si parfois, nous observons des choses visuellement ou un effet rendement sans y trouver une explication, souligne Emmanuel Hédon, responsable du service agronomique de la coopérative Oxyane. Une synthèse nationale a été réalisée par InVivo avec les essais mis en place dans différentes régions par les coopératives du réseau. En moyennant tous ces essais, nous ne visualisons rien sur différents facteurs comme le démarrage des cultures et le rendement. Dans tous les cas, il n’y a rien pour justifier un surcoût de l’enrobage d’un biostimulant sur la semence. »

Comment expliquer ce décalage avec les résultats mis en avant par les fournisseurs de biostimulants ? Pour Fabrice Massot, directeur technique de Syngenta, « les écarts d’effets constatés avec les instituts techniques sont dus à une différence de méthodologie sur ce genre de solutions que sont les biostimulants. » Depuis 2023, la société propose Epivio Energy pour les semences de maïs, produit provenant de Valagro. « Il optimise l’implantation de la culture en situation de stress abiotique, ce qui permet une levée plus rapide et homogène. Dans les situations les plus difficiles, le rendement est amélioré de 1 q à 2 q/ha, » présente Fabrice Massot. Comme d’autres sociétés, Syngenta a mis d’importants moyens sur la recherche sur les biostimulants. Elle prépare toute une nouvelle gamme pour un proche avenir.

Une composition complexe et variée

Les biostimulants peuvent contenir diverses catégories de produits tels que des micro-organismes : des champignons ou des bactéries, dont certaines, par exemple, fixant l’azote de l’air au profit des végétaux. Ils peuvent être à base d’extraits de végétaux et d’algues ou encore de macromolécules. Exemple : « des lipochitooligosaccharides favorisant la colonisation des racines par les mycorhizes (champignons du sol symbiotiques des plantes) », selon une des sociétés commercialisatrices.

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