Fertilisation
Vers plus de polyvalence et de précision
Les viticulteurs rencontrent des difficultés à trouver du matériel permettant d’apporter précisément des fertilisants et amendements très variés.
Les viticulteurs rencontrent des difficultés à trouver du matériel permettant d’apporter précisément des fertilisants et amendements très variés.
Engrais minéral, granulés de compost, compost en vrac, fumier… La diversité des fertilisants à épandre est importante, avec deux objectifs : augmenter la vie du sol et apporter les nutriments à la vigne, notamment à des périodes bien spécifiques. Dans un objectif de réduction des coûts, il est préférable de s’équiper de matériels polyvalents. Ceci est d’autant plus vrai que certains négoces changent constamment les formulations des amendements organiques, mais aussi les conseils en termes de dosage. " Dans ce contexte, beaucoup de viticulteurs, surtout dans les vignobles qui n’ont pas de haute valeur ajoutée, finissent par abandonner l’amendement organique, explique René Grosjean, de la société GRV. La variabilité des dosages d’un produit à l’autre est telle qu’il faut parfois plusieurs appareils. Et ils ne vont bien sûr pas investir dans plusieurs appareils de 15 000 à 20 000 euros pour un travail qui ne dure qu’une semaine par an. "
Cinq types de dosage
Déclinaisons viticoles des appareils de grandes cultures, les classiques appareils d’épandage minéral portés se composent d’une trémie avec une ou deux trappes à ouverture souvent hydraulique. Le dosage est une combinaison de la vitesse d’avancement et de la hauteur d’ouverture des trappes, auxquelles se rajoute la largeur d’épandage sur les appareils dotés de disques. Ces appareils sont conçus pour épandre des fertilisants calibrés et ne supportent pas les fertilisants qui prennent rapidement l’humidité, sous peine de voir se former des voûtes.
Les épandeurs à doseur rotatif nécessitent également des produits calibrés. Reprenant le dispositif de dosage des semoirs, ces outils proposent souvent des bobines interchangeables, ce qui permet d’épandre des produits très divers à des dosages très faibles.
Ces épandeurs sont également bien adaptés pour l’enfouissement d’engrais, les bobines interchangeables procurant une répartition équitable entre les différentes descentes. " Ces outils sont également utilisés pour la mise en place d’engrais verts, une autre voie privilégiée en Gironde pour améliorer le taux de matière organique du sol ", explique Loïc Pasdois, de la chambre d’agriculture de Gironde.
Capables d’épandre des produits un peu plus grossiers mais non fibreux, les appareils à vis sont adaptés à des plus gros volumes. Selon les modèles, on peut travailler à des dosages de 150 kg/ha en chimique et monter à 1 500, voire 2 000 kg/ha en organique. Ces appareils se composent de 2 à 12 vis à axe longitudinal animées hydrauliquement qui conduisent l’engrais vers l’arrière sur le dispositif d’application. Certains modèles proposent un entraînement distinct des vis gauches et des vis droites, pour différencier les dosages de chaque côté.
Pouvant accepter des amendements plus fibreux, certains constructeurs proposent des systèmes d’acheminement à tapis. Ces derniers se montrent très polyvalents mais nécessitent des produits plutôt secs. " Les épandeurs à tapis sont des appareils extrêmement précis à condition que l’amendement ne dépasse pas 25 % d’humidité, explique Serge Nourry, de Sulky. Bénéficiant du savoir-faire des épandeurs d’amendement de grandes cultures, ces appareils disposent d’un profil de caisse en entonnoir avec des parois verticales assez hautes, juste au-dessus du tapis, ce qui les dispense d’agitateur (comme sur les épandeurs d’engrais minéraux classiques). C’est un atout avec certains granulés de compost assez fragiles. "
Pour les fumures organiques plus humides, il existe les épandeurs à fumier, dont le système d’acheminement est composé de chaînes et de barrettes. Elles sont généralement suivies de hérissons qui émiettent et épandent ou elles peuvent être combinées à une hotte et une table d’épandage, lorsque la fumure est relativement fine.
Dernièrement, GRV a lancé un épandeur plus polyvalent. Baptisé Varimat, l’outil permet de faire varier encore davantage la plage de dosages, avec des parois mobiles de chaque côté, faisant varier la largeur de bande réellement efficiente. " On peut aussi bien épandre à 50 kg/ha que de gros volumes à plusieurs tonnes à l’hectare comme du fumier ", explique rené Grosjean.
Choisir le bon dispositif d’épandage
Le système d’épandage constitue également un point important à prendre en compte, ceci d’autant plus que l’enherbement tend à se développer. Si ce dernier représente une source potentielle d’enrichissement du sol en matières organiques, il figure également comme un concurrent pour les nutriments. Raison pour laquelle les solutions d’épandage centrifuges de grande largeur ou de dépose sur l’interrang laissent peu à peu place à des systèmes d’application localisés. Cela commence par l'installation de déflecteurs sur les appareils centrifuges qui permettent d’épandre sur une large bande autour des pieds de vigne. Lorsque les produits sont calibrés, des descentes de tuyaux permettent d’apporter le fertilisant au pied des vignes. " Pour les produits grossiers, nous proposons des tapis doubles animés hydrauliquement qui déposent sur une petite bande au pied des ceps ", explique René Grosjean.
Une autre solution consiste à enfouir l’engrais au pied des ceps. Aussi pour plus de polyvalence, certains constructeurs proposent de changer rapidement les solutions d’épandage selon la nature de l’amendement.
Prendre le temps d’étalonner pour être précis
Le bon dosage à l’hectare nécessite de prendre un peu de temps pour bien étalonner les appareils. Certains d’entre eux permettent un étalonnage en statique. Pour les autres, il ne faut pas hésiter à peser un épandeur (à vide puis plein) et à vérifier les bons réglages en fonction de la surface épandue. Mais la technologie peut également venir au secours du viticulteur. Les outils dépourvus de DPA (débit proportionnel à l’avancement) tendent à surdoser les bouts de rang, où la vitesse de croisière n’est pas atteinte. Le DPA électronique (DPAE) offre bien souvent une plage de réglages plus importante. En outre, certains constructeurs proposent un système de pesée embarqué qui permet de contrôler le dosage à l’hectare en direct.
Vers la modulation de dose ?
Le DPAE s’avère également être un équipement indispensable pour moduler la dose, notamment en corrélation avec une carte de préconisation réalisée à partir des différentes informations géolocalisées que l’on peut collecter en viticulture de précision. " Collecter des cartes (vigueur, rendement, sols) apporte des informations sur la variabilité intraparcellaire. La modulation de dose constitue l’étape suivante en valorisant ces informations ", explique Christophe Gaviglio, de l’IFV. Certains épandeurs d’engrais minéraux sont aujourd’hui capables de moduler la dose différemment à gauche et à droite et de réduire progressivement la largeur d’épandage, notamment lorsque l’on travaille dans des parcelles en pointe. " Avec notre partenaire Topcon, nous avons la solution pour moduler de façon transparente pour le chauffeur à partir d’une cartographie de préconisation, explique René Grosjean. Mais le surcoût est de l’ordre de 10 000 euros, ce qui représente un pourcentage important sur un appareil de 20 000 euros (sans modulation) et explique que nous n'en avons pas encore vendu." Mais Christophe Gaviglio estime " le retour sur investissement raisonnablement possible dans le cadre d’un achat en Cuma sur une centaine d’hectares, avec les économies d’intrants générées ".