Un générateur à biomasse pour réduire le coût du séchage
Pour garantir sa marge brute en maïs, Jean-Michel Dossat, maïsiculteur à Belloc-Saint-Clamens dans le Gers, a remplacé son brûleur à gaz par une chaudière brûlant du bois résidu fragmenté pour alimenter son séchoir.
Si les derniers quintaux à gagner aident souvent à améliorer le revenu, pour Jean-Michel Dossat, producteur de maïs sur les deux tiers de la surface de son exploitation, le bilan ne se fait pas à la récolte, mais après la vente de sa production. Avec 160 hectares de SAU et un stockage séchage à la ferme de 1 000 tonnes créé en 2002, les bases d’une commercialisation directe existaient déjà. « Dès 2004, nous avons entamé une réflexion de fond avec des voisins intéressés par ma démarche, pour travailler ensemble sur le séchage et le stockage afin de mieux vendre notre maïs. »
Aujourd’hui, avec 7 000 tonnes de capacité de stockage, Jean-Michel travaille à façon pour une douzaine d’agriculteurs voisins (5 500 t), représentant une surface de près de 1 000 hectares (blé et maïs). « Au-delà de la prestation réalisée, nous étudions désormais ensemble la vente de nos productions en direct en nous appuyant sur des structures conseil pour affiner notre stratégie. »
Réduire le coût de fonctionnement
Jean-Michel Dossat cherche à réduire au maximum le coût de séchage et notamment en s’affranchissant des fluctuations du marché des énergies fossiles. C’est ainsi qu’il a découvert le générateur d’air chaud à biomasse SMI au salon Bio Énergies de Nantes. « Je recherchais un système simple, à coût d’installation et entretien réduits. Les installations que j’avais visitées en Autriche et en Espagne n’inclinaient pas à l’optimisme. » Le montage du générateur réalisé pour la saison 2013 donne le recul nécessaire à l’agriculteur pour mesurer aujourd’hui l’intérêt de sa démarche.
Remplaçant un brûleur à gaz couplé à un séchoir Strahl d’une capacité de 180 tonnes par jour, pour du maïs ramené de 28° à 15°, le générateur est prévu pour sécher 250 tonnes de maïs par jour, ce qui laisse de la marge. « Sur la campagne 2014, j’ai passé 5 000 tonnes à 24° de moyenne et utilisé 50 kilos de BRF par tonne de maïs séché. Avec la simplicité d’utilisation du générateur, je ne passe pas plus de temps qu’auparavant. Il s’agit seulement de veiller au remplissage de la trémie, vérifier l’allumage du foyer et jeter un coup d’œil régulier sur l’écran tactile pour vérifier la température. C’est comme un gros insert dans la maison. Et deux fois par campagne, j’effectue un suivi plus approfondi avec le foyer éteint », commente Jean-Michel.
Si la consommation annuelle de BRF semble impressionnante — 250 tonnes à stocker en vrac et au sec — l’économie réalisée l’est tout autant. « En travaillant avec du bois bien sec à moins de 25 % d’humidité, j’obtiens un bon rendement de combustion. Mon nouveau carburant me revient à 80 euros/tonne, soit 20 000 euros pour une campagne. Avec du gaz au prix actuel, il faut compter le double. Raisonnablement j’économise au moins 50 % de frais de fonctionnement sur le séchage. »
Un investissement à double détente
« Avec un budget total de 200 000 euros hors subventions, comprenant le générateur posé et équipé, l’appentis de protection et la réserve de bois, la partie est jouable », affirme Jean-Michel Dosat qui amortit l’ensemble sur dix ans. « L’économie réalisée en carburant paie mon annuité. » Mais c’est sans compter les aides au développement des énergies alternatives. « Pour respecter le cahier des charges de l’Ademe, j’ai fait appel à un prestataire extérieur spécialisé pour construire le dossier. Les subventions correspondant à 40 % du montant initial m’ont permis de réduire considérablement ma part d’investissement. »
Entamant une nouvelle campagne, le maïsiculteur découvre d’autres avantages sur le plan agronomique. « Avec un coût de séchage diminué, je suis moins regardant sur l’humidité à la récolte. Cela me permet de libérer les terres plus tôt, pour mieux les travailler et prévoir un semis des couverts végétaux plus rapide dans de meilleures conditions. »
Un générateur en flamme directe
Patrick Julien, concepteur du générateur met en avant la simplicité du système : « Le générateur SMI est une chaudière à biomasse qui travaille en flamme directe. L’absence d’échangeur, de chicanes ou obstacles confère un rendement thermique supérieur à 90 %. La combustion s’opère en dépression avec la turbine du séchoir, réduisant la perte de charge à son minimum. Le couloir d’injection, dont les côtes sont définies en fonction de la dépression, ne nécessite pas d’isolation. C’est à ce niveau que s’effectue la dilution de l’air chaud par un volet motorisé, piloté automatiquement. On choisit ainsi le degré de température à injecter en fonction de l’utilisation, en l’occurrence 120° pour le maïs », précise-t-il.
Le générateur se compose en trois parties. La trémie de stockage est équipée d’un convoyeur qui emmène le combustible vers le foyer d’où part le couloir d’injection d’air chaud vers le séchoir. Les éléments motorisés sont réduits au maximum : moteurs du tapis de convoyage, turbine d’air primaire vers le foyer, et moteur du volet de régulation du couloir d’injection. Trois sondes, une interne au foyer et deux de sécurité en entrée du séchoir (températures basse et haute), suffisent pour affiner le réglage. L’allumage du feu s’effectue avec des décapeurs thermiques haute température de 1,6 kW. L’ensemble des commandes et l’affichage des informations sont regroupés sur un écran tactile.
Plus d'informations sur le générateur SMI sur www.smi-agri-biomasse.fr