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Dossier 200 à 300 ch - Des tracteurs multi-usages
Trouver le gabarit adapté à ses besoins

La multiplication des modèles sur le segment des 200 à 300 chevaux fait passer la puissance au second plan dans les critères de différenciation.

La catégorie des 200 à 300 chevaux représente près de 15 % des ventes de tracteurs standard réalisées dans l’Hexagone. Collant aux besoins de nombreuses exploitations de grandes cultures, cette plage de puissances devient de plus en plus stratégique pour les tractoristes. Alors qu’au début des années 2000, la plupart d’entre eux n’offraient qu’une seule gamme de tracteurs dans cette catégorie, la progression des puissances accompagnant la succession des normes antipollution s’est soldée par un déplacement de l’offre vers le haut. Les constructeurs proposent désormais deux à trois gammes sur ces niveaux de puissance. Principal critère de différenciation, en tenant compte des poids à vide, le rapport poids/puissance, qui varie de 30 à 50 kg/ch. À noter qu’il peut être différent selon les applications pour un tracteur bénéficiant d’un boost lors des travaux à la prise de force ou au transport. Les plus légers sont les modèles chapeautant des gammes qui débutent à 150 chevaux. Ayant fait leur apparition dans la catégorie des plus de 200 chevaux grâce à l’augmentation des puissances, ces tracteurs de 7 à 8,5 tonnes sont surtout mis en avant pour leur polyvalence et notamment leurs aptitudes routières. Ils offrent généralement un PTAC (Poids total autorisé en charge) de 13 tonnes et une capacité de relevage aux alentours des 10 tonnes. Ces tracteurs sont plus ou moins compacts en fonction de leur empattement, qui va de 2,80 à 3 mètres selon les marques. Si la répartition des charges entre les deux ponts n’est pas bien ajustée, cela peut avoir une influence sur leur capacité de traction. Le choix des pneumatiques arrière peut aussi jouer, certaines marques se limitant à un diamètre de 1,95 mètre quand d’autres proposent 2,05 mètres. Pour jouer à fond la polyvalence, ces tracteurs maniables peuvent être équipés d’un chargeur frontal.

Le poids et l’empattement comme repères

À l’opposé se situent les modèles d’entrée de gamme de forte puissance. Ces tracteurs débutent désormais à 250-270 chevaux pour culminer autour des 400 chevaux. Claas a même fait le choix de ne pas proposer son Axion 900 en dessous des 300 chevaux. Dans cette catégorie, la séparation est faite entre les modèles américains et européens. Plus lourds (12-13 t), les premiers sont conçus avant tout pour la traction lourde, tandis que les seconds visent plus la polyvalence, notamment pour répondre aux besoins des ETA (Entreprises de travaux agricoles). On notera les 12 tonnes à vide du récent Deutz-Fahr série 9 qui le positionne comme un tracteur européen plutôt lourd. À l’exception du très long T8 de New Holland, l’empattement de ces tracteurs se situe entre 3,05 et 3,10 mètres. Plus que par leur capacité de relevage, ces modèles s’illustrent par des débits hydrauliques de plus en plus importants. Par rapport aux plus petits qui disposent déjà de débits dépassant les 150 l/min, suffisant pour de nombreuses applications, leurs pompes de plus de 200 l/min permettent d’avoir un débit supérieur par distributeur. Autre particularité de certains de ces tracteurs, ils accèdent à des pneus de 2,15 mètres de diamètre.

Une offre intermédiaire ciblée sur les 200 à 300 chevaux

De développement plus récent, une offre intermédiaire est apparue chez plusieurs constructeurs sur la plage 200-300 chevaux. Chez Claas et Fendt, les Arion 800 et 800 Vario répondent à la montée en puissance des gammes supérieures. Poids de 9,5-10 tonnes, empattement tout proche des 3 mètres, ces tracteurs jouent également la polyvalence avec notamment un PTAC de 16 tonnes. Chez John Deere, Case IH et New Holland, le 7R, l’Optum et le T7 HD sont un cran au-dessus en termes de poids à vide, qui atteint 10,5-11 tonnes. Développés avant tout pour l’Europe, pour compléter par le bas les tracteurs américains, ceux-ci s’affichent comme une gamme intermédiaire, mais ils viennent aussi en concurrence avec les modèles de forte puissance des tractoristes européens de par leur gabarit, même si leur empattement ne dépasse pas les 3 mètres. Ils profitent d’ailleurs de pneus de 2,15 mètres de diamètre. Avec son dernier né X8, McCormick suit le même positionnement.

 

 

Le "downsizing" des moteurs arrive en bout de course

L’évolution des technologies moteurs accompagnant les normes antipollution a permis d’augmenter les puissances tout en conservant la même cylindrée, tendance appelée "downsizing". À l’exception d’Agco Power qui conserve une cylindrée intermédiaire de 7,4 litres, les trois autres motoristes (Deutz, FPT et John Deere) présents sur ce segment de puissance poussent leurs moteurs six cylindres de respectivement 6,1 ; 6,7 et 6,8 litres à 300 chevaux. On note au passage que la comparaison des puissances n’est toujours pas facilitée par les différences dans la numérotation des modèles qui se fonde au gré des marques sur la puissance au régime nominal, la puissance maximale ou encore la puissance maximale avec le boost. La progression des puissances ne se fait pas au détriment du couple : à puissances égales, les valeurs de couple sont très proches de celles de tracteurs de catégorie supérieure motorisés par des blocs de 8 à 9 litres de cylindrée. Cette réduction de la cylindrée semble toutefois atteindre ses limites. La technologie embarquée sur ces moteurs est coûteuse et leur sollicitation sur le terrain les rend parfois plus polluants que des moteurs de plus forte cylindrée moins « poussés ». La prochaine norme stage V, qui prévoit des mesures d’émissions en conditions réelles de fonctionnement, risque bien de faire remonter la cylindrée des moteurs. Fendt a déjà suivi ce chemin contraire pour son 1000 Vario (400 à 500 ch) motorisé par un six cylindres 12,4 litres fonctionnant à bas régime (1 700 tr/min maxi) et délivrant son couple maxi dès 1 000 tr/min.

 

 

La transmission à variation continue gagne du terrain

Au-dessus de 200 chevaux, la tendance est à la transmission à variation continue qui équipe plus d’un tracteur sur deux. Tous les acteurs de ce segment proposent désormais ce type de transmission qui, pour certaines gammes ou certains modèles, est d’ailleurs la seule disponible. Les semi-powershift sont encore présentes sur les tracteurs légers (Massey Ferguson 7700, Claas Axion 800, Valtra T4 et John Deere 6R). Quant à la full powershift, elle n’est plus proposée que par CNH et John Deere, ce dernier l’ayant relancée avec sa nouvelle transmission e23. S’il est indéniable que la variation continue offre plus d’agrément de conduite et autorise des économies de carburant lors du transport ou des travaux à la prise de force, elle est généralement moins efficiente qu’une semi-powershift ou une full powershift pour les travaux de traction lourds. Elle ne se justifie donc pas forcément pour un tracteur qui sera majoritairement dédié à la traction, d’autant qu’elle implique un surcoût non négligeable à l’achat.

 

 

Des suspensions pour un haut niveau de confort

Pont avant suspendu et cabine suspendue font partie de la dotation de base des tracteurs de 200 à 300 chevaux, mises à part quelques rares exceptions. Les écarts en matière de confort se sont donc largement réduits. Une hiérarchie subsiste toutefois en fonction des technologies utilisées. Bon nombre de tractoristes ont développé une suspension de pont avant à deux vérins inclinés. Combinant confort et stabilité, elle limite les coûts par rapport à un système à bras indépendants. Ces derniers ne sont utilisés que par John Deere et Fendt pour leurs 8R et 900 Vario. Reste le cas particulier du Fastrac de JCB aux deux essieux suspendus, qui joue dans une autre catégorie…

Du côté des suspensions de cabine, les modèles mécaniques à ressorts amortisseurs sont largement répandus. Plus efficaces de par leur système de régulation, les dispositifs hydropneumatique ou pneumatique sont plus onéreux. Dernier aspect, suivant les marques, le différentiel de taille de cabine peut avoir un impact sur la sensation de confort. Outre l’espace, une cabine de petite taille en rapport au gabarit du tracteur peut voir sa visibilité dégradée par un capot massif, un système de dépollution ou des ailes de grande taille.

 

 

Attention au PTAC et à la vitesse maxi homologuée

Avec leur capacité de relevage à toute épreuve, les tracteurs de 200 à 300 chevaux sont capables de soulever de lourds outils portés, à condition de lester généreusement le relevage avant, suivant les gabarits. Malheureusement, les limites de PTAC sont quasiment impossibles à respecter avec des modèles offrant pour certains moins de 5 tonnes de charge utile sur route. Autre sujet sensible, l’homologation européenne des tracteurs autorise désormais la commercialisation de modèles roulant à 50, voire 60 km/h sur le territoire. Il peut ainsi être tentant d’opter pour le modèle le plus rapide, mais c’est sans compter sur les contraintes du Code de la route qui impose de ne pas dépasser les 40 km/h (sauf à disposer d’un permis poids lourd et de rouler au GNR non détaxé). Opter pour un tracteur plus rapide n’a donc d’intérêt qu’à parier sur une évolution de la réglementation routière. En attendant, mieux vaut régler le régulateur à 40 km/h pour ne pas se mettre en infraction, d’autant plus avec un véhicule tracté dont le système de freinage n’est pas adapté.

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