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Semoir monograine à pression ou dépression : vitesse contre polyvalence

Le dosage et le transport des graines par pression d’air gagnent du terrain sur le marché des semoirs monograines, en autorisant l’augmentation de la vitesse de semis. Les doseurs à dépression n’ont toutefois pas dit leur dernier mot, avec pour principal argument leur polyvalence.

La technologie des semoirs monograines a subi un bouleversement en quelques années, après une longue période de stabilité où les constructeurs historiques mettaient à profit leur expérience dans la sélection des graines par des doseurs à dépression. Une nouvelle approche du semis de précision à haute vitesse (supérieure à 8-10 km/h) est apparue pour répondre au besoin de débit de chantier de certaines exploitations. Augmenter l’allure de semis en conservant la régularité sur la ligne impose une grande maîtrise dans le transport de la graine, du doseur jusqu’à sa mise en terre. Partant du constat que dans le cas d’une distribution par dépression, le trajet de la graine tombant par gravité dans le tube de descente était directement impacté par les mouvements de l’élément, certains constructeurs ont adopté un doseur fonctionnant par pression, générant un flux d’air dans le tube de descente pour appliquer une vitesse constante à la graine. Le principal promoteur de cette technique et nouveau venu sur le marché du semoir monograine a été Väderstad avec son appareil Tempo commercialisé en 2005. Le constructeur suédois a surtout eu le mérite d’être le premier à démontrer l’efficacité du doseur à pression pour augmenter la cadence de semis, en s’implantant notamment dans des régions maïsicoles, où l’on ne déroge pas à l’exigence de régularité de semis.

D’autres marques ont fait le choix de la pression. Après une première tentative avec son semoir EDX qui avait pour principale limite une distribution centralisée et de trop longs tuyaux de descente, Amazone a revu sa copie avec son récent Precea. Le constructeur allemand estime d’ailleurs qu’avec l’élargissement de la gamme Precea, l’ancien appareil ED à doseur par dépression devrait rapidement disparaître de son offre. Autre nouvel acteur dans le semis monograine, Lemken utilise également un système à pression pour son Azurit fonctionnant en twin-row (semis en quinconce sur une double ligne).

Une double offre pour s’adapter aux besoins

Certains constructeurs se montrent plus prudents en conservant une double offre à leur catalogue. Kverneland propose ainsi pour son Optima, l’élément SX en parallèle du HD2. Ceux-ci partagent un doseur de conception très proche, mais avec un fonctionnement en pression pour le premier et en dépression pour le second. Horsch a retenu la même stratégie pour ses nouveaux doseurs AirVac (dépression) et Air Speed (pression) des semoirs Maestro. Les principales différences se situent au niveau des arrivées d’air et du diamètre du tube de descente, celui de l’AirSpeed étant plus fin. Enfin, Maschio Gaspardo a pris une voie singulière en développant son semoir Chrono, qui combine un doseur fonctionnant en dépression pour la sélection de la graine, avec un transport de la semence sous pression, grâce à deux flux d’air indépendants. La partie en dépression utilise une turbine standard, tandis que la zone sous pression du tube de descente est alimentée par un compresseur à lobes. L’Italien conserve en parallèle sa gamme d’appareils dotés d’une distribution standard par dépression.

La polyvalence du doseur à dépression

 

 
Les distributions fonctionnant en dépression comme celle de Kuhn profitent d'une longue expérience avec une offre de disque répondant au semis de nombreuses cultures.  © Kuhn
Les distributions fonctionnant en dépression comme celle de Kuhn profitent d'une longue expérience avec une offre de disque répondant au semis de nombreuses cultures. © Kuhn

 

Plusieurs fabricants sont restés fidèles à leur doseur fonctionnant en dépression. Ainsi, deux acteurs majeurs du marché français, Monosem et Kuhn, ont fait ce choix, considérant qu’une part importante des utilisateurs de semoirs monograines n’ont pas pour objectif de dépasser une vitesse de semis supérieure à 10 km/h. Ils estiment également que leur distribution offre davantage de polyvalence en acceptant de très nombreuses graines différentes, de toutes tailles. Cet argument semble valoir notamment pour des cultures légumières, mais tend à se réduire sur les principales grandes cultures semées au monograine. « Nous avons étoffé la gamme de cultures qui peuvent être ensemencées par le Tempo depuis son lancement. Le semoir a fait ses preuves aussi bien au maïs, qu’au colza et même en betterave. La réussite est conditionnée par des réglages précis, notamment en adaptant spécifiquement le niveau de pression au type de graine », assure Loïc Souchaud, inspecteur commercial chez Väderstad. Le maintien de la pression est aussi un élément décisif. « L’étanchéité du doseur et de la trémie est primordiale. Nous utilisons une turbine à entraînement hydraulique pour avoir un flux d’air stable », indique Philippe Goumin, responsable produit chez Amazone. Solution plus évoluée, mais aussi plus complexe techniquement, la gestion indépendante du flux d’air pour le transport de la graine du semoir Chrono de Maschio Gaspardo autorise un réglage encore plus précis, puisqu’il ne dépend pas du fonctionnement du doseur.

Le défi de la roulette de rappui

 

 
La conception de la roue de rappui joue un rôle déterminant dans la précision d'implantation. Celle-ci, développée par Väderstad, se destine aux semis superficiels de petites graines. © Väderstad
La conception de la roue de rappui joue un rôle déterminant dans la précision d'implantation. Celle-ci, développée par Väderstad, se destine aux semis superficiels de petites graines. © Väderstad

 

Autre paramètre sensible des semoirs fonctionnant en pression, la vitesse de la graine en sortie du tube de descente qui peut atteindre 50-60 km/h, impose l’utilisation d’une roulette de rappui (ou de plombage), dont la fonction est surtout de stopper la graine au fond du sillon. Les constructeurs utilisent des roulettes en matière composite, qui se déforment de manière à ce que la terre et les graines ne collent pas dessus. En conditions très humides ou en terres collantes, il n’est toutefois pas possible de retirer la roulette, comme sur un semoir à dépression. « Sur le Precea, en conditions extrêmes, nous pouvons monter un décrotteur agissant sur la bande de roulement », précise Philippe Goumin. La roulette a également très peu de marge de manœuvre lors de semis superficiels de petites graines. « En colza ou en betterave, le risque de sortie de la graine du sillon est plus sensible », confirme ainsi Rémi Bohy, responsable produit chez Horsch. Ce risque a été pris en compte chez Väderstad ou Amazone, par la mise au point d’une roulette de rappui spécifique. « Notre roue ProStop à jante ouverte offre surtout une pression verticale, pour ne pas pousser le bord du sillon, et ainsi éviter la sortie des graines en travail superficiel », détaille Loïc Souchaud. D’autres composants sont adaptés pour les petites graines, comme le diamètre du tube de descente chez Väderstad ou la taille de la pointe du soc en bout de tube chez Amazone.

Michel Portier

Une vitesse conditionnée par la préparation du sol

Opter pour un appareil monograine capable de semer à vive allure ne suffit pas pour réussir son implantation. « La stabilité de l’élément semeur est un critère aussi important que la performance de la distribution. Et l’on s’aperçoit régulièrement que la préparation du sol ou le type de sol peuvent rapidement devenir le facteur limitant, argumente David Hild, responsable produit chez Kuhn. Inutile d’investir dans un semoir onéreux qui ne pourra pas être utilisé à son plein potentiel, faute de conditions de sols adaptées. » L’usure des pièces travaillantes est aussi un critère à prendre en compte, tout comme le confort du chauffeur. « Attention également, en fonction des sols, la forte pression exercée sur l’élément pour le stabiliser à haute vitesse peut conduire à un effet de tassement local. »

Un transport mécanique des graines

 

 
Le semoir ExactEmerge de John Deere utilise une courroie à brosses pour transporter les graines. © John Deere
Le semoir ExactEmerge de John Deere utilise une courroie à brosses pour transporter les graines. © John Deere

 

John Deere et Precision Planting n’ont pas adopté un doseur à pression pour augmenter la vitesse de semis. Ils ont développé une solution de transport mécanique de la graine en sortie de leur doseur à dépression. Le semoir ExactEmerge de John Deere utilise une courroie à brosses entraînée électriquement à la place du tube de descente. Sa vitesse d’entraînement est fonction de la vitesse d’avancement, offrant une dépose très précise de la graine dans le sillon, sans utiliser de roulette de rappui. « Ce dispositif autorise un maintien de la régularité de semis, y compris lorsque l’on est contraint à réduire la vitesse, chose qui n’est pas toujours évidente avec un doseur sous pression », argumente Julien Saint Laurent, responsable marketing chez John Deere. Ce système a principalement été conçu pour les grosses graines comme le maïs et le soja. « Une version de brosse spécifique permet le semis de betterave, mais pas de colza. » L’équipementier Precision Planting utilise la même logique de fonctionnement : le transport de la graine est assuré par le SpeedTube, une courroie à ailettes animée électriquement. Une conception qui semble être compatible avec les petites graines comme le colza, à condition d’opter pour un capteur adapté au comptage de celles-ci.

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