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Moisson décomposée - Les critères pour choisir son pick-up à tapis

L’essor de la moisson décomposée s’accompagne de la démocratisation des pick-up à tapis. Petit tour des technologies proposées sur le marché français.

La moisson en décomposé connaît un essor grandissant, d’une part chez les semenciers, du fait de l’arrêt du Reglone, d’autre part chez les agriculteurs bio, pour pallier le problème des mauvaises herbes. Le fait de faucher et andainer en amont de la récolte permet d’avoir une culture homogènement sèche, y compris les adventices au moment du battage. Aussi, pour reprendre la culture déposée au sol, certains utilisent leur coupe classique équipée de releveurs pour reprendre l’andain. Une solution qui n’est pas idéale, car elle occasionne de la perte et limite la vitesse d’avancement. C’est pourquoi, bon nombre d’agriculteurs et d’entrepreneurs se sont dotés de pick-up à tapis, spécialement dédiés à cette méthode de récolte.

Ces outils frontaux disposent de tapis sur lesquels sont montés des dents métalliques ou en plastiques (moins coûteuses) qui soulèvent l’andain et l’accompagnent vers la vis sans fin. Selon les marques et les gammes, ce tapis est soit monobande (ou monotapis) – c’est le même tapis PVC ou caoutchouc qui occupe toute la largeur de récolte – soit multibande (ou multi-tapis) : ce sont alors des éléments de 50 à 100 cm qui sont alors disposés côte-à-côte. Plus chères chez un certain nombre de constructeurs, les solutions monotapis présentent l’avantage de ne pas laisser passer de graines entre les tapis, pouvant encrasser les mécanismes et abimer les tapis sur le long terme.

Ni pousser ni étirer l’andain

La tension de ce tapis doit être contrôlée régulièrement pour en préserver l’intégrité : elle est assurée par un mécanisme généralement à ressort entre les deux rouleaux d’entraînement. De petit diamètre, ces rouleaux limitent la hauteur à franchir par l’andain. Leur dispositif d’entraînement hydraulique est bien souvent raccordé aux conduits qui servent habituellement aux rabatteurs, afin que le chauffeur ajuste leur régime en cabine. Certains constructeurs proposent un débit proportionnel à l’avancement, un atout pour limiter les pertes de grain. « Le tapis ne doit ni pousser ni étirer l’andain, explique Philippe Micheletti, dirigeant de la société éponyme, qui importe les pick-up Shelbourne. Il doit soulever et accompagner l’andain jusqu’au pied de la vis sans fin, raison pour laquelle le tapis doit être le plus plat possible. »

Bénéficiant de bonnes expériences en Amérique du Nord, plusieurs constructeurs (Case IH, Claas, John Deere, MacDon, New Holland) proposent des pick-up faisant se succéder deux tapis, le premier équipé de dents, le second sans dent. « Ce dernier a un double rôle, explique Paul Leroch, de Leroch-Distribution, qui importe les modèles de la marque italienne Nardi. D’une part, pour certaines cultures longues qui tendent à s’enrouler autour des dents, le second tapis va aider à nettoyer. D’autre part, le tapis arrière vient déposer la récolte en position très basse sous la vis sans fin. » C’est un avantage pour les andains les plus volumineux, comme le colza, que la vis sans fin peine parfois à happer. Doter la vis de doigts sur toute la largeur peut aider dans ce sens.

Pour les gros volumes, certains modèles proposent plusieurs positions de vis.

Une autre solution consiste à s’équiper d’un peigne tasse-andain qui va comprimer le volume de récolte vers l’arrière. Selon les marques, la pression exercée par cet équipement est mécanique (ressort) ou hydraulique.

Plusieurs hauteurs de récolte

Dotés de roues de jauge plus ou moins grandes, pivotantes ou fixes, l’andaineur à tapis doit être réglé pour ramasser la récolte sans trop gratter le sol. Il bénéficie bien souvent d’un système de suivi du sol qui permet de s’adapter aux irrégularités du terrain. Un système d’amortissement à ressort ou hydraulique limite les mouvements trop brusques du tapis qui pourraient engendrer de la perte de grain.

Les petites largeurs plébiscitées

Sur le marché français, les petites largeurs de pick-up composent la grande majorité des ventes, en progression importante ces dernières années. Annoncés à des tarifs entre 15 000 et 25 000 euros (jusqu’à 35 000 euros pour les versions à double tapis), les modèles de 3,50 à 4,50 m offrent un bon compromis entre gabarit routier et capacité de reprise de deux andains réalisés par un aller-retour avec une faucheuse andaineuse à dépose latérale.

Mais les pick-up à tapis ne reprennent pas forcément des cultures en andain. Pour favoriser son séchage, le ray-grass semence est fauché et non andainé. Le débit de chantier à la récolte dépend alors de la largeur du pick-up à tapis. Les plus grands demandent alors, pour le transport, d’être déposés sur un chariot de transport.

Pour limiter l’investissement, plusieurs entreprises (Idass, Micheletti, Zworld) proposent des kits s’intégrant en bout des coupes à céréales classiques. « A largeur égale, l’investissement est divisé par deux », explique Bruno Callard, directeur commercial d’Idass. Chez Micheletti, un kit de 5 m de large est commercialisé autour de 8 000 euros pour des vitesses d’avancement - entre 2 et 8 km/h selon les cultures et les conditions - identiques aux pick-up à tapis complets.

 

Des gains de rendement observés

Selon Philippe Micheletti, « il n’y a pas que les semenciers et les agriculteurs bios qui sont concernés : d’autres céréaliers s’intéressent également au fauchage-andainage ». Le dirigeant cite l’essai de la Cavac sur blé. « Dans une même parcelle à 24 % d’humidité, une moitié de la parcelle a été fauchée, l’autre laissée sur pied. Après deux jours, une pluie de 14 mm est passée sur la culture. Sept jours plus tard, les deux parties ont été récoltées, l’une avec une coupe classique, l’autre avec un pick-up à tapis. La partie fauchée andainée s’en sort avec un poids spécifique supérieur, un taux de protéine de 16 %, contre 14, 2 % sur la partie laissée sur pied, et avec un rendement également plus élevé. Cela s’explique par les épis encore verts qui sortent habituellement à l’arrière de la machine et qui, quand on fauche et on laisse sécher, sont récupérés par la moiss-batt. »

Ces gains de rendement s’observent également au colza. Par rapport aux coupes classiques, même équipées de diviseurs, il n’y a pas de perte de grain au moment de la fauche de la culture. La reprise tout en douceur par le pick-up quelques jours plus tard se solde également par une perte moindre devant l’outil frontal. De plus, le grain est homogènement sec : il ne reste pas de siliques vertes qui sortent à l’arrière sans être vidées de leur contenu.

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