Moissonneuse-batteuse : Comment bien répartir la paille broyée avec les coupes de grande largeur ?

Les moissonneuses-batteuses sont de plus en plus puissantes et leurs plateformes de coupe de plus en plus grandes. Les volumes de paille qui sortent de la hotte arrière sont donc conséquents, et lorsque le broyeur est activé, il est important que les résidus de récolte broyés soient correctement répartis sur toute largeur de travail. Les agriculteurs sont en effet particulièrement attentifs à la qualité d’épandage des menues pailles et de la paille broyée, notamment ceux en semis direct et en itinéraire technique simplifié. Les constructeurs sont bien conscients des exigences et chaque marque développe sa propre solution pour garantir un travail le plus qualitatif possible. Les montages sont assez divers, allant du simple système mécanique au dispositif piloté par des radars.

Les moissonneuses-batteuses Ideal de Fendt et Massey Ferguson sont les seuls modèles du groupe Agco à recevoir des coupes de grande largeur. Pour la gestion des menues pailles, ces machines proposent trois configurations : envoi dans le broyeur, projection sur la largeur de travail de chaque côté de l’andain et incorporation dans l’andain. Cette dernière solution permet de récupérer 70 % des menues pailles, selon le constructeur. 

Pour l’épandage de la paille broyée, la solution la plus simple utilise des diffuseurs à la sortie du broyeur qui se règlent manuellement ou électriquement pour ajuster la dispersion. En version électrique, une fonction miroir permet d’inverser automatiquement les réglages pour obtenir la même correction en fonction du sens et de l’intensité du vent. Pour épandre sur une plus grande largeur, à partir de 10 m, les Ideal accèdent au dispositif Active Spread Swingflow installé à la sortie du système de broyage et composé de déflecteurs oscillants au centre et de deux petits plateaux aux extrémités. L’axe de rotation de ces disques entraînés hydrauliquement se trouve au niveau du bord extérieur du broyeur, une caractéristique importante. En effet, selon le constructeur, cette position garantit un entraînement naturel des plateaux par le flux de matière broyée. Ainsi, la consommation de puissance pour animer l’Active Spread Swingflow se limite à cinq chevaux, d’après Agco. 

Les Ideal sont également éligibles à l’Autospread qui adapte la largeur d’épandage de la paille broyée en fonction de la carte de couverture réalisée par GPS. Cette fonctionnalité réduit automatiquement la distance de projection lorsqu’il reste, par exemple, une bande de cinq mètres à récolter alors que la coupe mesure 12,20 mètres. L’intérêt de l’Autospread est d’obtenir un matelas de broyat uniforme sur toute la parcelle.

Chez Case IH, les systèmes de broyage et d’éparpillage sont différents entre les modèles des nouvelles séries 160 et 260, mais tous sont conçus pour travailler avec des coupes mesurant jusqu’à 14 mètres de large. Sur les Axial-Flow 6160 et 7160, le constructeur propose uniquement un broyeur à 57 couteaux mobiles et 38 contre-couteaux, associé à deux plateaux éparpilleurs entraînés hydrauliquement, dont la vitesse s’ajuste en fonction de la paille et de la maturité. La largeur d’épandage se contrôle en cabine en orientant des déflecteurs latéraux actionnés par des moteurs électriques. Le chauffeur peut mémoriser la position et les machines pourvues du GPS assurent automatiquement l’inversion du réglage lors des demi-tours en bout de champ, afin de compenser l’effet du vent latéral et préserver la qualité de répartition. Avec ce dispositif monté sur les séries 160, Case IH annonce un coefficient de variation de 21,3 % en travaillant sur 12 mètres de large. 

Les moissonneuses-batteuses des séries 260 accèdent, elles, à trois systèmes de broyage déjà éprouvés sur les Axial-Flow des séries 240 et 250. Le premier, dénommé Fine-Cut, comprend un broyeur à 40 couteaux couplé à un éparpilleur à deux disques. Il est adapté pour la récolte de pailles bien mûres. Le deuxième, baptisé Magna-Cut, fait appel à un broyeur à 120 couteaux également combiné à un dispositif d’éparpillage. Il est recommandé pour les exploitations en non-labour. Enfin, le troisième système de broyage d’appellation X-tra Chopping s’adresse aux agriculteurs en semis direct recherchant un broyage très fin. Il se caractérise par le montage d’un second broyeur à l’arrière de la hotte en complément de celui à 40 couteaux. Selon la firme, cette solution fournie par Redekop se révèle insensible au vent latéral et procure de bons résultats en conditions humides. Elle donne la possibilité d’ajouter un destructeur de graines d’adventices pour limiter la prolifération des mauvaises herbes et des ray-grass résistants. Case IH précise par ailleurs que ses Axial-Flow sont capables d’épandre des produits longs, comme du ray-grass, pour les laisser sécher et les andainer ensuite avant de les presser.

Avec les coupes mesurant plus de 10 mètres et jusqu’à 14 mètres, les moissonneuses-batteuses Claas reçoivent deux turbines à la sortie des grilles pour gérer les menues pailles et un éparpilleur radial en prolongement du broyeur.

En mode andainage, seules les turbines sont actives pour répartir les menues pailles de chaque côté de l’andain, sur toute la largeur de travail. En mode broyage, ces mêmes turbines envoient les menues pailles dans le broyeur pour les mélanger à la paille. Le broyat est ensuite repris par l’éparpilleur radial. Ce dernier, entraîné mécaniquement, se compose de deux grosses toupies tournant à régime constant, pourvues chacune d’un bras mobile animé hydrauliquement, qui gère la sortie de la matière en la retenant plus ou moins longtemps. Plus le broyat est maintenu dans l’éparpilleur radial par les déflecteurs, plus il est projeté loin. 

Ce déflecteur se complète de la compensation automatique de la pente et du vent, une fonctionnalité équipant 100 % des Lexion 8000. Cet automatisme utilise deux sondes pendulaires montées à l’arrière de chaque côté de la hotte, au-dessus des feux de route. Les deux capteurs munis d’une pale carrée s’inclinent en fonction de la pente et/ou du vent. Leur mesure est analysée par l’électronique qui pilote les déflecteurs mobiles, afin d’envoyer les résidus plus d’un côté ou de l’autre. La sensibilité de la compensation s’ajuste sur le terminal en cabine, en fonction du relief et des conditions de récolte.

John Deere retient sur ses moissonneuses-batteuses T, S7 et X9 des systèmes d’épandage des résidus présentant des conceptions différentes. Toutes ces machines sont éligibles au montage des couteaux Xcel se caractérisant par la présence d’alvéoles sur leurs faces planes, à l’instar des trous sur les balles de golf, qui limitent la consommation de puissance en réduisant les frottements et améliorent la ventilation pour mieux projeter la matière.

Les séries T à canal large reçoivent un broyeur tournant à 3 200 tr/min doté de 124 couteaux. La répartition des résidus de récolte est contrôlée par des diffuseurs à ailettes. Le réglage de la largeur d’épandage (maxi 10,70 mètres) et l’ajustement du déport en fonction du vent s’effectuent électriquement.

Sur les moissonneuses-batteuses de la gamme S7, la performance du système d’épandage des résidus passe par la présence de deux évents pour optimiser la pression dans le caisson. Le broyeur compte 100 couteaux et affiche un régime de 3 200 tr/min. Il est associé à des contre-couteaux à réglage électrique. Sur ces modèles, au-delà de 9 mètres de largeur de coupe et jusqu’à 13,70 mètres, le constructeur monte un diffuseur dynamique à deux turbines entraînées mécaniquement par le broyeur. La distance de projection est contrôlée par des volets mobiles. 

Les X9 profitent de gros évents et d’un broyeur à 124 couteaux fonctionnant à 3 000 tr/min, combiné lui aussi à des contre-couteaux à réglage électrique. Elles bénéficient également d’un diffuseur à double turbine, muni de volets mobiles, capable de répartir la matière sur 15,20 mètres. Ces moissonneuses-batteuses X9, comme les séries T et S7, intègrent la fonctionnalité AutoSwap, qui assure la correction automatique du déport via GPS lors des demi-tours en bout de champ, afin de toujours compenser l’action du vent. 

New Holland argumente que, sur ses moissonneuses-batteuses, la largeur du flux de récolte, identique durant tout le cheminement de la récolte, garantit une alimentation uniforme et régulière du broyeur de paille, un premier pas pour une bonne répartition de la matière au sol. La marque aux grandes jaunes retient sur ses machines un dispositif d’éparpillage des menues pailles indépendant (hormis sur la CR11) et propose trois systèmes de broyage, tous conçus pour recevoir le peigne optionnel Dual-Chop procurant un hachage plus fin. À la récolte du maïs, les moissonneuses-batteuses de la gamme CR donnent la possibilité de répartir les rafles sorties des rotors avec l’éparpilleur de menues pailles, ce qui évite de démonter un couteau sur deux sur le broyeur.

Équipant de base les machines CR, le premier type de broyeur dispose sur les extrémités de couteaux ventilés en forme de L et assure une répartition de la matière jusqu’à 10,70 mètres d’envergure. Il possède des déflecteurs actionnés par deux vérins électriques, qui gèrent la distance de projection. Avec ce broyeur standard, le chauffeur contrôle depuis la cabine la largeur d’épandage et la compensation du vent latéral. Les paramètres retenus sont mémorisables et une machine équipée du GPS est capable d’inverser automatiquement les réglages lors des demi-tours, afin de toujours réagir correctement face au vent.

Le deuxième montage de broyeur, baptisé Opti-Spread Plus, est disponible sur les CR. Il est conseillé à partir de 12,50 mètres et a la capacité d’épandre jusqu’à 15 mètres. Il est constitué de deux grands disques d’éparpillage avec des pales en V, qui accélèrent la vitesse des résidus à la sortie du broyeur. 

Le troisième, dénommé IntelliSpread, est spécifique à la nouvelle CR11 de 775 ch à deux rotors longitudinaux éligibles en France au montage de coupes jusqu’à 15,20 mètres d’envergure. Il se caractérise par la gestion entièrement automatisée de la répartition des résidus. Conçu pour épandre sur 18 mètres de large, ce système utilise aussi deux grands disques d’éparpillage. Il fait en plus appel à deux radars surveillant en permanence la nappe d’épandage des résidus de récolte, afin de garantir une couverture uniforme sur toute la largeur de coupe, quelles que soient la vitesse du vent et les conditions de récolte. En pratique, si la répartition mesurée ne correspond pas à l’aspect théorique sur toute la largeur de travail, la vitesse de rotation des turbines de projection à entraînement hydraulique est augmentée ou réduite indépendamment de chaque côté jusqu’à obtenir le résultat optimal. Selon le constructeur, le système est capable de détecter une répartition irrégulière en cas de vent arrière ou de face.