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L'analyse d'huile pour optimiser l'entretien des matériels agricoles

L’analyse d’huile est un outil de diagnostic préventif méconnu par le monde agricole qui permet pourtant d’optimiser le coût d’entretien et la durée de vie des matériels.

Les concessionnaires et les constructeurs de matériels agricoles ont régulièrement recours aux analyses d’huile pour détecter les causes d’une panne imprévue au niveau d’un moteur ou d’une transmission, notamment durant la période de garantie. L’analyse d’huile est ainsi majoritairement envisagée sous un aspect curatif. Une autre approche fait ses preuves depuis plusieurs années dans le domaine des matériels de travaux publics. Elle consiste à utiliser ces analyses de manière préventive, afin d’optimiser les coûts d’entretien des matériels, leur assurer un bon vieillissement et une meilleure valeur de revente. « L’analyse d’huile s’apparente à une analyse de sang, elle permet de détecter des anomalies, avant qu’un problème majeur ne se déclare, illustre Yohan Couchene, chef de marché agriculture pour les lubrifiants Total. Notre service d’analyse d’huile Anac est largement utilisé par les gestionnaires de flotte en TP et nous allons le proposer courant 2016 à notre clientèle agricole. »  Dans la pratique, un prélèvement d’huile est réalisé à chaque vidange et envoyé au laboratoire d’analyse du pétrolier situé à Ertevelde en Belgique.

Huiles moteur, hydraulique et de transmission

« Sur l’ensemble de nos prestations pour le TP, 50 % des analyses concernent l’huile moteur et 50 % les huiles hydraulique et de transmission », précise Stéphane Millot, ingénieur technique en charge du service Anac. Les résultats des analyses sont consultables sur un portail internet sécurisé où l’on dispose de l’historique. Pour chaque analyse, outre la fiche de diagnostic avec les résultats chiffrés, un bilan interprète ces derniers et délivre des conseils sur les éventuelles interventions de maintenance à réaliser, classées par niveau de probabilité et avec un degré d’urgence.
Total propose différents niveaux de prestation en fonction des paramètres analysés et du niveau de détail des préconisations, avec un tarif très dépendant du volume d’analyses. « Le niveau de prestation et les tarifs qui seront déclinés pour le secteur agricole n’ont pas encore été validés. Ils dépendront également de la stratégie de nos distributeurs qui pourront par exemple l’inclure dans un forfait vidange. Difficile donc pour l’instant d’annoncer des chiffres », regrette Yohan Couchene.

Détection des métaux d’usures, des polluants, des additifs…

Les deux spécialistes préfèrent argumenter sur la technique. « Pour les huiles moteur, nous analysons principalement les métaux d’usure, les polluants (eau, carburant, silicium, liquide de refroidissement…), la viscosité, mais aussi les additifs de l’huile. Ces derniers confèrent à l’huile des propriétés d’antifriction et sont consommés par le moteur. Leur présence est un indicateur du vieillissement de l’huile. Quant aux huiles hydrauliques et de transmission, ce sont surtout les métaux d’usure et les polluants qui sont recherchés », détaille Stéphane Millot.
L’analyse d’huile apparaît ainsi non seulement comme un moyen d’anticiper des interventions de maintenance pour éviter les pannes, mais aussi un outil pour optimiser les intervalles d’entretien. « Réalisées lors de chaque vidange (environ 500 heures pour les moteurs, 1 000 à 2 000 heures pour l’hydraulique et la transmission), les analyses d’huile ont notamment permis au secteur du TP de valider le doublement de l’intervalle de vidange moteur en passant de 250 à 500 heures. »

Sécuriser l’allongement des intervalles de vidange

À l’heure où certains tractoristes annoncent des allongements d’intervalles de vidange à 600 voire 750 heures, l’analyse d’huile est la seule façon efficace de vérifier jusqu’où il est raisonnable d’aller. « Les intervalles annoncés sont souvent accompagnés de certaines conditions d’utilisation. Les applications agricoles sont tellement variées, tant au niveau de la sollicitation des moteurs que du nombre d’heures effectuées, qu’il est impossible de se prononcer avec certitude sur un intervalle de vidange sans analyse », estime Stéphane Millot.
Dernier argument en faveur des analyses d’huile, celles-ci représentent un argument de poids au moment de la revente du matériel, en tant que preuve d’un suivi irréprochable de l’entretien.

Exemples d’anomalies détectées

Des traces de liquide de refroidissement peuvent faire suspecter un problème de joint de culasse ou de pompe à eau qui pourra être résolu avant que le phénomène ne soit visible avec toutes les conséquences que cela peut engendrer.
Une présence importante de silicium peut être synonyme d’un défaut de filtration d'air. On pourra envisager un entretien et un changement plus réguliers du filtre à air.
Suivant les métaux détectés, il est possible d’incriminer l’usure de certaines pièces du moteur. La présence de plomb, de cuivre ou d'étain signifie par exemple une usure des coussinets.

En savoir plus

D’autres laboratoires indépendants réalisant des analyses d’huile
www.iespm.com
www.sgsgroup.fr
www.calia-analyse.com

Accompagner le passage aux lubrifiants biodégradables

Les lubrifiants biodégradables issus de matières végétales sont encore très peu utilisés dans les machines agricoles. « Mis à part certains secteurs comme les travaux forestiers ou certaines zones viticoles qui les rendent obligatoires pour des questions de préservation de l’environnement, les biolubrifiants sont souvent boudés par les agriculteurs, du fait de leur prix élevé et d’une image de qualité inférieure à celle des lubrifiants minéraux. Si l’écart de tarif est réel, le différentiel de performance n’est plus justifié. Au contraire, on a pu montrer que dans certaines applications, le biolubrifiant était supérieur à son équivalent minéral », argumente Yohan Chouchene. L’analyse d’huile a conforté les utilisateurs dans ce sens. « Nous avons réussi à allonger les intervalles de vidange avec des biolubrifiants, permettant d’atteindre un coût global très proche d’un lubrifiant minéral », ajoute Stéphane Millot.
Deux autres freins subsistent pour le passage aux lubrifiants biodégradables. Leur mélange avec une huile minérale étant interdit, tout le parc matériel doit être converti au biolubrifiant. Impossible d’atteler la remorque du voisin ou de la Cuma s’ils utilisent un lubrifiant standard ! La seconde difficulté est la procédure contraignante pour le passage aux lubrifiants biodégradables qui impose entre autres, un suivi par des analyses d’huile. La même procédure est nécessaire pour un retour aux huiles minérales.

Des huiles pour les moteurs avec FAP et les transmissions CVT

Outre le développement de lubrifiants améliorant l’efficacité énergétique des engins agricoles, les fournisseurs de lubrifiants répondent à de nouvelles contraintes apparues avec les moteurs Tier 4. Les blocs équipés de filtre à particules doivent être lubrifiés avec des huiles à faible teneur en souffre baptisée low saps.
Par ailleurs, l’essor des transmissions à variation continue disposant de leur propre circuit, indépendant de l’hydraulique, s’accompagne de la mise au point d’huiles spécifiques à ces transmissions. Elles permettent de répondre aux exigences de lubrification de la partie mécanique et de transfert de l’énergie hydraulique.

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