Les solutions pour le semis de cultures associées
Les semoirs à trémie compartimentée facilitent l’implantation des cultures associées, qui peut aussi s’effectuer avec du matériel existant sans trop de difficulté.
Les semoirs à trémie compartimentée facilitent l’implantation des cultures associées, qui peut aussi s’effectuer avec du matériel existant sans trop de difficulté.
L’association de cultures est une pratique qui a fait ses preuves pour réduire l’utilisation des intrants. Passage obligé en bio et en non-labour, la technique se développe aussi en conventionnel, notamment au semis de colza en association avec des légumineuses. Les mélanges d’espèces sont également employés pour l’implantation de couverts végétaux ou des méteils en zone de polyculture-élevage. La réussite de cette technique est toutefois conditionnée par le matériel disponible sur l’exploitation. Afin d’assurer un semis en un seul passage, la méthode la plus simple consiste à mélanger les graines dans l’unique trémie du semoir. « Il faut être vigilant à l’effet de stratification en fonction de la taille des graines. En colza, le mélange avec la vesce, le fenugrec et la lentille fonctionne très bien », indique Gilles Sauzet de Terres Inovia. En revanche, le mélange est incompatible avec les grosses graines comme la féverole, qui est pourtant particulièrement intéressante en association avec le colza.
Développement des semoirs à double trémie
Afin de lever cette contrainte de tailles de graines, la solution idéale consiste à utiliser un semoir à trémie compartimentée ou multitrémie. L’offre est particulièrement développée pour les gros appareils de semis direct ou simplifié, qui proposent souvent une double trémie principale avec deux doseurs, complétée au besoin d’une troisième petite trémie. Lorsqu’ils disposent de deux lignes de semis, ces semoirs autorisent un placement différencié des graines. « En semis de colza, il est préférable de tout implanter sur le même rang, afin d’avoir des racines enchevêtrées, gage d’une rhizosphère facilitant les échanges, et de limiter la concurrence entre les cultures », relativise Gilles Sauzet. Concernant les adeptes de combiné de semis, le marché des modèles à trémie compartimentée est encore peu développé, mais plusieurs constructeurs ont récemment lancé de nouveaux modèles adaptés. L’emploi d’une trémie frontale peut aussi être une alternative.
Deux passages avec un premier semis à la volée
Autre solution pour limiter l’investissement matériel, le semis en deux passages est envisageable en utilisant un épandeur d’engrais centrifuge ou pneumatique à rampe (type DP12) pour semer la féverole à la volée, qui est ensuite enfouie par le passage du combiné semant le colza et les autres petites graines. À noter, dans le cas d’un appareil à rampe monté sur le relevage avant du tracteur, les deux opérations s’effectuent en un seul passage.
Autre façon d’agir, certains réalisent le premier passage au semoir à céréales pour la féverole et le second au monograine pour le colza et les autres graines de petites tailles, qui peuvent être semées avec les microgranulateurs. « En plus du surcoût lié aux deux interventions, cette méthode implique un risque d’assèchement du sol avec le premier passage de semoir, qui n’est pas sans conséquence sur la levée du colza si la pluie se fait attendre. La féverole peut être semée quelques jours avant le colza avant une intervention programmée de travail du sol superficiel. Sa phase germination-levée est plus longue que celle du colza et le risque de concurrencer le colza faible », met en garde le spécialiste.
Avis - Noël Chalumeau, 600 hectares en non-labour à Villevieux dans le Jura, avec une rotation colza, maïs, soja, blé
"Le semis à la volée précède le monograine"
« Je pratique l’association de cultures depuis une dizaine d’années. Adepte du non-labour, j’implante le colza en association avec de la féverole, du fenugrec et du trèfle violet. Un premier passage est réalisé avec un décompacteur à dents courbes associé à une herse rotative sur 6 mètres de large. Un distributeur à rampe de même largeur est monté sur le relevage avant du tracteur pour semer à la volée la féverole et le fenugrec. La herse rotative ne travaillant que la terre soulevée par le décompacteur, les graines sont enfouies superficiellement, la profondeur de semis n’étant pas décisive. Dans la foulée, on sème le colza hybride au semoir monograine avec un écartement de 45 centimètres. Un petit semoir pneumatique adapté sur le monograine permet de semer en même temps le trèfle violet en surface. Il assure une couverture du sol sur la durée, y compris après la récolte du colza, jusqu’à l’implantation du maïs suivant. Autre association plus décalée dans le temps, nous semons du blé dans le soja en septembre, avant la chute des feuilles de ce dernier. Le semis à la volée s’effectue avec un épandeur d’engrais sur 28 mètres. Le blé mesure au maximum 7-8 centimètres au moment de récolter le soja, ce qui ne pose pas de problème, sauf en cas de conditions très humides qui provoquent quelques dégâts et peuvent parfois imposer de ressemer. »