Les bons tuyaux pour des chantiers d’épandage sans tonne performants
Le débit journalier des chantiers d’épandage de digestat sans tonne repose sur la logistique déployée pour l’approvisionnement au champ. Le transport via le circuit d’irrigation est une solution qui doit répondre à certaines exigences.
Le débit journalier des chantiers d’épandage de digestat sans tonne repose sur la logistique déployée pour l’approvisionnement au champ. Le transport via le circuit d’irrigation est une solution qui doit répondre à certaines exigences.
« Au maximum, nous pouvons atteindre 3 000 mètres cubes de digestat épandus en 12 heures avec notre système sans tonne. Cependant, selon l’architecture du chantier, le débit varie généralement de 800 à 1 600 mètres cubes par jour. Cela dépend du parcellaire, du diamètre des canalisations utilisées dans le cas de transport, via le réseau d’irrigation et de la dextérité des opérateurs », précise Laurent Van Den Broek, codirigeant de l’ETA Digestech spécialisée dans la prestation d’épandage de digestat. Cet ancien producteur de porc, qui affiche plus de 20 ans d’expérience dans le développement et l’utilisation de systèmes sans tonne, est également à la tête de la société Listech, qui assure la fabrication et la commercialisation de matériels spécifiques : rampes à pendillards, motopompes, tuyaux, enrouleurs…
Les motopompes contrôlées à distance
Laurent Van Den Broek conseille les exploitants méthaniseurs pour la partie épandage du digestat. Il apporte, par exemple, son expertise pour dimensionner les pompes et les canalisations servant à transférer le digestat depuis les fosses du site de méthanisation jusqu’à la rampe d’épandage ou vers les lagunes de stockage installées à proximité d’îlots de parcelles à fertiliser. Sur un chantier classique avec les canalisations en aérien, le système Listech s’appuie sur une première motopompe envoyant le digestat depuis la fosse du méthaniseur, via des tuyaux de 152 mm de diamètre, vers une seconde motopompe située à proximité des parcelles. Selon la distance et le dénivelé entre le lieu de stockage et le champ, une troisième pompe, animée par la prise de force d’un tracteur, est parfois nécessaire. La gestion du pompage mobilise un premier opérateur, qui contrôle à distance, avec un smartphone, la mise en route, l’arrêt et le débit des motopompes. Le second est affecté à la conduite du tracteur équipé de la rampe à pendillards.
Des tuyaux PVC de 200 mm de diamètre minimum
Pour l’épandage, le tuyau souple tiré par le tracteur mesure 114 mm de diamètre et au maximum 400 mètres de long, afin de travailler sur des parcelles de 800 mètres de long (alimentation au centre). Il bénéficie de caractéristiques le rendant résistant à la traction et à l’abrasion, mais il reste sensible aux coupures et s’avère inadapté pour un usage dans des terres à silex. « Notre configuration permet d’atteindre un débit instantané de 300 mètres cubes par heure, y compris avec du digestat non traité au séparateur de phase, indique Alexis Perreau, technicien à la société Listech, qui pilote un tracteur de 190 chevaux équipé d’une rampe de 18 mètres de large. Pour obtenir des performances identiques en transportant le digestat via le réseau d’irrigation, l’idéal est de disposer de tuyaux PVC de 200, 250 voire 300 mm de diamètre. Plus la taille est importante, plus les pertes en charge sont faibles et plus le chantier avance vite. »
Des vannes à ajouter sur le réseau
Avec un réseau non adapté, les raccords et les coudes ralentissent le flux et pénalisent le débit. L’utilisation des réseaux d’irrigation demande certains aménagements, comme la pose de vannes d’isolement pour ne pas remplir toutes les canalisations avec le digestat, mais aussi protéger les captages d’eau. Sur les longs circuits ou en cas de fort dénivelé, il faut adapter sur le parcours des modules de trois vannes, afin de pouvoir dévier le flux et intégrer une motopompe en relai pour maintenir le débit. Il faut aussi retirer les hydrants pour éviter les risques de bouchage, notamment lorsqu’il s’agit de digestat brut. Vu les quantités de digestat à traiter dans les unités de méthanisation, Laurent Van Den Broek recommande, quand le parcellaire le permet, d’installer des réseaux enterrés spécifiques en PVC, dont le dimensionnement est calculé en fonction des objectifs de débit de chantier.
La valeur fertilisante du digestat pilote l’avancement
Digestech dispose sur deux de ses rampes d’un capteur John Deere HarvestLab, qui analyse la valeur fertilisante du digestat et notamment la teneur en azote. Cet équipement permet de réaliser des apports de précision. Il suffit au chauffeur d’entrer le nombre d’unités souhaitées par hectare et ensuite le système agit sur la vitesse d’avancement du tracteur. L’automatisme de pilotage fonctionne également à partir d’une dose cible en mètres cubes par hectare. Il garantit la traçabilité des chantiers, car les volumes ou les unités apportés sont cartographiés.