L’effet bénéfique de l’électricité statique reste à prouver
Plusieurs constructeurs de pulvérisateurs viticoles et arboricoles proposent en option des solutions d’électrisation de la bouillie. Présenté comme moyen de lutte contre la dérive, ce principe consiste à charger négativement les particules pulvérisées, qui vont se diriger, par électrostatique, préférentiellement vers la végétation, annoncée comme chargée positivement. Cette méthode est largement employée dans le monde de la peinture, le chargement positif des pièces métalliques étant maîtrisé : le champ électrique généré favorise un dépôt uniforme de particules de peinture sur toute la surface de métal. En revanche, le chargement positif de la végétation n’est pas assuré par les pulvérisateurs dotés de systèmes anti-dérive électrostatiques.
Pour en faire la démonstration, plusieurs instituts techniques et centres expérimentaux ont testé cette solution. L’Irstea a ainsi testé en 2014 dans les vignes la solution du constructeur américain ESS, qui en fait son principal argument de vente. Résultats : aucune différence significative en termes de répartition du produit sur la végétation, au sol ou dans les airs, entre les applications avec système électrostatique actif et inactif., 3
De son côté, le CTIFL, en partenariat avec la station expérimentale de la Morinière, lors de la campagne 2016, "n’a observé ni d’impact positif ni d’impact négatif de l’activation du système électrostatique", conclut Florence Verpont, du CTIFL. "Ces essais n’ont été réalisés qu’une seule fois, ajoute Fanny Le Berre de la station de la Morinière, et avec des papiers hydrosensibles. Reste à savoir si ce type de papier ne constitue pas une barrière au courant électrique."
Autres essais, à l’occasion du Forum pulvé en 2013, l’IFV a testé un pulvé équipé de cette solution en utilisant du produit coloré se déposant directement sur le feuillage et non sur du papier hydrosensible. Au sol comme sur la vigne, aucune différence n’a été observée. "Je ne vois pas d’intérêt à investir dans cette option qui coûte tout de même quelques milliers d’euros", conclut Alexandre Davy, qui a réalisé ces tests pour l’IFV.