John Deere 5100R : « Un tracteur compact à l’équipement fourni »
Loïc Toullier, éleveur à Juvigny-les-Vallées (Manche), nous fait part de son analyse à l’issue d’une semaine aux commandes du John Deere 5100R de 100 chevaux, avec chargeur 603R HSL.
Loïc Toullier, éleveur à Juvigny-les-Vallées (Manche), nous fait part de son analyse à l’issue d’une semaine aux commandes du John Deere 5100R de 100 chevaux, avec chargeur 603R HSL.
Fabriquée aux États-Unis, la série 5R se positionne au sommet de l’offre en tracteurs compacts de John Deere. Les quatre modèles de la gamme (90 à 125 ch) sont motorisés par un bloc DPS 4 cylindres 4,5 l répondant à la norme Tier 4i. L’absence de SCR permet ainsi de se passer d’AdBlue. Ce moteur offre un boost de 10 ch au transport.
Outre la semi-powershift à quatre gammes et quatre rapports sous charge CommandQuad, les 5R inaugurent la nouvelle transmission Command8 comptant huit rapports sous charge et quatre gammes robotisées, délivrant 32 vitesses avant et 16 arrière. Équipant le tracteur essayé, elle se démarque également par le passage automatique des rapports sur une à trois gammes et par un mode Eco assurant une vitesse de 40 km/h à 1 759 tr/min.
Le circuit hydraulique à centre ouvert débitant 96 l/min peut être remplacé en option par un centre fermé load sensing de 117 l/min, comme sur le tracteur essayé.
Le nouveau châssis incurvé facilite l’intégration du relevage frontal et du bâti de chargeur, tout en préservant le rayon de braquage. Pour gagner en confort, les 5R peuvent recevoir un pont avant suspendu à bras indépendants et une suspension mécanique de cabine (absente sur le tracteur testé).
En cabine, la visibilité est optimisée par un toit vitré et par l’absence de tableau de bord, un écran de grande taille implanté sur le montant droit centralisant l’ensemble des affichages. Un accoudoir multifonction avec distributeurs électrohydrauliques est proposé en option. Le tracteur n’en était pas équipé, il disposait en revanche d’un joystick hydraulique en bout d’accoudoir, pilotant le chargeur et la transmission.
Les conditions du test
L’essai du John Deere 5100R s’est déroulé en mai, à l’ensilage avec une remorque de 25 m3, à la préparation des semis de maïs avec une charrue 4 corps (14’’) et un outil à trois rangées de dents de 3 m, et enfin, à la manutention de balles rondes et de fumier.
A savoir
Les plus
Maniabilité
Visibilité en cabine
Moteur performant
Débit hydraulique
Les moins
Longueur des bras de relevage
Hauteur de levage du chargeur
Poids sur l’essieu arrière
Au travail « Très maniable, il lui manque un peu de poids sur l’arrière »
Le travail au chargeur est le terrain de prédilection de ce tracteur compact et maniable. J’apprécie la très bonne visibilité et l’efficacité de la commande de chargeur pour doser les mouvements. L’hydraulique ne manque pas de débit, bien au contraire. Pour des travaux de précision, il est même préférable de ralentir les mouvements en ajustant les débits des distributeurs électriques. Pour travailler en sécurité, il est indispensable de mettre du poids sur le relevage arrière et de couper la suspension du pont avant. Sans masse, on déleste une roue arrière en levant une balle enrubannée de 600 kg. La seule limite de ce petit tracteur est la hauteur de déversement de son chargeur. Au chargement de l’épandeur de la Cuma, il fallait être vigilant au bennage pour ne pas l’accrocher. Autre regret pour le chargeur, son multicoupleur placé en biais n’est pas facile à manipuler.
Au travail du sol avec la charrue et l’outil à dents, il s’en sort plutôt bien, même sans masse sur l’avant. La répartition du poids semble favoriser l’essieu avant, ce qui le rend bien équilibré pour la traction. Le moteur est vigoureux et tient bien la charge. Dans les bouts, on profite du rayon de braquage court et d’un inverseur qui s’avère réactif et progressif, tout comme le passage des rapports, en ne se cantonnant qu’à une seule gamme.
Au transport de l’ensilage, j’ai été étonné par les performances du moteur. Le boost de 10 ch y est sûrement pour quelque chose. Cela permet de rouler sur le couple, en limitant le régime moteur. Le manque de poids sur l’essieu arrière se ressent dans les parcelles escarpées et les routes sinueuses. Il lui faudrait des masses de roues. Le passage automatique des rapports et des gammes m’a convaincu sur la route, mais pas pour suivre l’ensileuse au champ. On se fait surprendre par la rupture de couple au passage de gamme. Sur le plan du confort, le travail du pont avant suspendu semble être contrarié par le déficit de poids sur l’essieu arrière. Avec ou sans chargeur, le tracteur à tendance à tanguer, à vide ou avec la remorque. En revanche, le phénomène disparaît avec un outil porté, et dans ce cas, la suspension indépendante montre toute son efficacité.
Les bras de relevage sont très courts, ce qui ne facilite pas l’attelage des outils. Ça risque également de poser problème avec les longueurs de cardan pour des outils en commun. (NDLR : depuis le test, John Deere équipe le tracteur de bras de relevage plus long de 10 cm). Il manque une commande de prise de force sur les ailes et un troisième distributeur (disponible en option).
En cabine « Visibilité et ergonomie au top »
L’accès à la cabine est bien dégagé. De nuit, on est même guidé par une petite led sur le marchepied ! Au volant, la sensation d’espace est renforcée par le grand pare-brise monobloc et le toit vitré. Avec le capot plongeant et l’absence de tableau de bord, la visibilité sur l’avant est exceptionnelle. On en vient à regretter les imposants vérins du parallélogramme hydraulique du chargeur. La visibilité sur l’attelage arrière est également très bonne. Coté confort, la climatisation est efficace avec des bouches d’aération bien réparties dans le pavillon. La bonne insonorisation met en évidence la piètre qualité du système audio. Les espaces de rangements sont nombreux, comme les prises électriques. Je regrette cependant l’absence d’un compartiment fermé et surtout d’un siège passager, seulement proposé en option. Enfin, dans l’ensemble, la qualité et l’assemblage des matériaux sont soignés.
L’ergonomie des commandes m’a donné entière satisfaction. Elles sont facilement identifiables et bien regroupées. Le petit levier de transmission est agréable à piloter avec sa molette, qui permet de définir une vitesse cible en mode auto. Les cinq boutons qui l’accompagnent permettent de choisir la ou les gammes dans lesquelles on souhaite évoluer. En bout de console, la molette et les boutons de raccourcis facilitent la navigation dans les menus de l’écran du montant. J’ai particulièrement apprécié l’ergonomie du joystick hydraulique, qui possède également des boutons pour le changement de rapports, pour l’inverseur et pour la suspension du chargeur.
Le grand écran positionné sur le montant droit est très lisible. L’organisation des informations dans différents menus est bien structurée. On peut y régler de nombreux paramètres concernant la transmission (rapports de démarrage, agressivité de l’inverseur, le ratio av/ar, régime mini pour le passage des powershift, mode Eco, débrayage auto), le débit des distributeurs du chargeur, les automatismes liés à la prise de force ou encore la séquence de bout de champ.
Entretien « Un capot compact qui reste accessible »
Inutile d’ouvrir le capot pour accéder aux filtres à huile et gazole, ainsi qu’à la jauge d’huile, répartis de chaque côté du moteur. On voit que l’intégration du chargeur a été pensée dès la conception du tracteur. Une fois le capot ouvert, on remarque la prouesse d’implanter le FAP et le DOC dans si peu d’espace. À l’avant, les radiateurs sont séparés par deux grilles amovibles pour un entretien rapide et se déploient pour un nettoyage en profondeur. Au-dessus, le filtre à air se démonte aisément. Du côté droit, au niveau du marchepied, se situent le coupe-batterie et des plots de démarrage. Il faut en revanche s’armer de patience pour atteindre la batterie en dévissant de nombreux boulons. Attention aux multiples graisseurs du pont avant suspendu !
Fiche technique
Moteur
Puissance nominale sans/avec boost (ISO 97/68/CE) : 100/110 ch à 2 200 tr/min
Puissance maxi sans boost (ISO 97/68/CE) : 109 ch à 2 100 tr/min
Couple maxi : 437 Nm à 1 600 tr/min
Cylindrée : 4 500 cm3
Norme et système de dépollution : Tier 4i avec EGR, DOC et FAP
Capacité d’huile du moteur : 11,6 l
Espace entre chaque vidange : 500 h
Transmission
Type : Semi-powershift à 4 gammes robotisées et 8 rapports sous charge
Nombre de rapports (av/ar) : 32/16
Nombre de rapports entre 4 et 15 km/h : 14
Régime moteur à 40 km/h : 1 750 tr/min avec fonction Eco
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540/540E/1000 à 2 100/1 645/2 103 tr/min
Circuit hydraulique
Type : centre fermé LS avec pompe à cylindrée variable
Débit et pression : 117 l/min à 205 bars
Volume d’huile hydraulique exportable : 25 l (ou 35 l en fixe)
Nombre de distributeurs arrière de série : 2
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course (av/ar) : 2 695/3 700 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de carburant : 178 l
Hauteur hors tout : 2,69 m
Empattement : 2,25 m
Rayon de braquage mini : 3,75 m
Poids à vide : 4 450 kg
PTAC : 8 600 kg
Monte pneumatique du modèle essayé : 380/70 R24 et 480/70 R34
Prix catalogue sans chargeur et avec les options au 01/09/18 : 87 480 € HT