Carrière
Joël Foucher, itinéraire d’un patron fédérateur
Joël Foucher a un parcours exemplaire dans le monde de la distribution des machines agricoles. Même si son départ de Krone France se précise, d’autres projets tout aussi importants s’ouvrent à lui.
Joël Foucher a un parcours exemplaire dans le monde de la distribution des machines agricoles. Même si son départ de Krone France se précise, d’autres projets tout aussi importants s’ouvrent à lui.
Joël Foucher, directeur général de Krone France, s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite en mai 2019. Il connaît d’ailleurs son successeur, Ludovic Pelletier, auparavant directeur de la marque Case IH en France. Toutefois, il ne quittera pas complètement le projet Krone France initié en 2016 et restera disponible pour des missions ou projets spécifiques. Il va aussi relever le nouveau challenge de « super papy », afin de profiter au maximum de ses petits-enfants. Il va également pouvoir s’adonner pleinement à sa grande passion partagée avec son épouse qu’est la découverte de la France rurale par le cyclotourisme. Ce fils d’éleveurs, qui est né dans la commune de Charron en Charente-Maritime, a un parcours exemplaire dans le domaine de la distribution des machines agricoles. Il fait certainement parti des patrons français de l’agroéquipement les plus appréciés pour son professionnalisme et ses qualités humaines. C’est aussi un homme humble et très accessible, des qualités qui auront été déterminantes dans sa réussite. Sa carrière est riche de défis. Dès le BTA suivi au lycée agricole de Saintes (Charente-Maritime), son premier challenge est de défendre l’agriculture biologique que ses parents pratiquent depuis 1966. « Dans l’amphi nous étions trois élèves à croire au bio et devions affronter les critiques des profs et d’une centaine d’élèves », se rappelle-t-il. Il intègre ensuite la sixième promotion du BTS machinisme agricole au lycée agricole du Chesnoy (Loiret). En première année, il décide, avec cinq camarades de classe, de réaliser le stage en entreprise en Grande-Bretagne. « Cette expérience outre-Manche m’a permis de renforcer mon niveau d’anglais. D’être bilingue en machinisme agricole a joué un rôle déterminant tout au long de ma carrière », confie-t-il.
Une expérience décisive à l’export
Joël Foucher obtient son BTS en 1976 et crée, en 1979, avec son ami Serge Juhel, la filiale française de la société britannique Archie Kidd spécialisée dans les broyeurs. Cette entreprise est alors basée à Conches-en-Ouche dans l’Eure. Les deux amis y restent deux ans et vendent une centaine de machines. Ils doivent ensuite rejoindre le nouveau siège social déplacé à Orgeval dans les Yvelines, dans les locaux McConnel appartenant au même groupe financier. Joël Foucher gardera un souvenir impérissable de son expérience en Normandie, car c’est précisément à Conches-en-Ouche au club de Handball, qu’il rencontrera sa future épouse et mère de ses deux enfants. L’expérience en région parisienne pour les deux compères ne durera qu’un an et, là, en 1982, leurs routes se séparent sur le plan professionnel. Serge Juhel part chez le fabricant breton Sulky-Burel, où il fera toute sa carrière. Joël Foucher déménage vers le Loiret pour rejoindre Rivierre-Casalis, marque qui appartenait à l’époque à Renault Agriculture avant son rachat par Vicon. « Jusqu’en 1986, j’ai été chez Rivierre-Casalis démonstrateur et technicien export pour les presses moyenne densité, les round balers et les big balers. Cette expérience m’a permis de voyager en Australie, au Japon, en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’en Scandinavie et en Espagne. Elle m’a notamment éveillé sur les attentes des clients à l’étranger. Cette superbe période m’a ensuite bien servi lorsque j’ai endossé le rôle d’importateur », indique-t-il.
De réelles qualités managériales
A trente ans, avec l’arrivée des enfants, Joël Foucher retrouve un rythme de vie plus calme en devenant en 1987 chef produit chez Vicon en France pour les semoirs pneumatiques et les pulvérisateurs. Il avait également en charge de promouvoir une station météo permettant de prévenir les attaques de mildiou sur les pommes de terre. Le grand virage en termes de responsabilités est pris en 1990 avec la création de la filiale JF-Stoll France dans le Loiret. Les deux sociétés, respectivement d’origine danoise et allemande, s’unissent dans l’Hexagone pour mutualiser leurs coûts. Elles recrutent alors Joël Foucher, qui n’a qu’à parcourir quelques centaines de mètres pour prendre la responsabilité de la nouvelle structure. Il devient alors importateur. L’aventure démarre avec sept personnes, dont trois commerciaux, un technicien, un magasinier et 1 secrétaire comptable. A peine aux commandes, même si le secteur élevage est porteur, le jeune directeur doit s’adapter aux conséquences de la mise en place de la politique agricole commune. En effet, en 1991, 1992 et 1993, les volumes de ventes des machines destinées aux céréaliers chutent chaque année de 30 %. En 1994, Lemken décide alors de revoir sa représentation commerciale et de s’associer à JF et Stoll dans l’Hexagone. « Avec cette nouvelle entité, d’abord dénommée JF-Lemken-Stoll France, puis JF-Stoll-Lemken France suite au rachat de la division fenaison Stoll par JF, je me suis retrouvé aux commandes d’une entreprise de 20 personnes, dont sept commerciaux. J’ai dû revoir l’organisation, mais j’ai toujours gardé le principe de fédérer les équipes par l’auto-adhésion des salariés. Pas question de manager par la terreur. » La structure JF-Stoll-Lemken France grandira ensuite avec l’importation des presses italiennes Feraboli en 1998 et des épandeurs d’engrais danois Bogballe en 2001. Au plus fort, elle comptera jusqu’à 49 salariés et réalisera, en 2013, un chiffre d’affaires de 72 M€.
Honnêteté et transparence
Le rachat de JF-Stoll par Kongskilde en 2011, l’acquisition de Feraboli par Maschio en 2014 et la volonté des chargeurs Stoll de posséder leur propre organisation commerciale en France conduiront à la création de Lemken France. Joël Foucher restera à la tête de cette entité jusqu’en 2015, avant de prendre les rênes de la nouvelle structure Krone France. La marque allemande d’ensileuses et de matériels de fenaison était importée depuis 1996 par Amazone SA. Disposant alors d’une bonne représentation dans l’Hexagone, elle avait alors choisi de voler de ses propres ailes. « J’ai fait la démarche envers Krone pour prendre en charge l’installation de la filiale française. Plutôt que de terminer confortablement ma carrière chez Lemken France, j’avais envie de relever un nouveau challenge. » Son départ de chez Lemken avait, à l’époque, créé un sentiment de grande tristesse chez les salariés, tellement ils appréciaient leur patron. Joël Foucher reconnaît avoir eu la chance de travailler avec des entreprises familiales, telles que JF, Stoll, Lemken, Feraboli, Bogballe et Krone. « Les constructeurs avec qui j’ai travaillés partageaient la même philosophie et ne se faisaient pas concurrence en termes de produits. Elles proposaient et proposent toujours des matériels innovants profitant d’une réelle valeur ajoutée sur le plan technique, un point crucial pour se démarquer sur le terrain. » Le beau parcours de Lemken en France illustre parfaitement ces propos. Par ailleurs, le futur retraité considère que la franchise est aussi un grand atout pour entretenir de bonnes relations avec ses dirigeants. « L’honnêteté et la transparence paient. Il est important pour progresser de savoir dire ce qui va et ce qui ne vas pas », conseille-t-il.
La rédaction de Réussir Machinisme souhaite bon vent à Joël pour ses nouveaux projets et le remercie encore pour son professionnalisme et tous les bons moments passés ensemble autour des produits.