« Je valorise mes récoltes avec un trieur mobile »
Christophe Lefort, entrepreneur à Limey-Remenauville en Meurthe-et-Moselle, utilise une solution de triage mobile pour apporter de la valeur ajoutée à ses cultures stockées sur une dizaine de sites.
Christophe Lefort, entrepreneur à Limey-Remenauville en Meurthe-et-Moselle, utilise une solution de triage mobile pour apporter de la valeur ajoutée à ses cultures stockées sur une dizaine de sites.
L’ETA Lefort gère à façon les cultures d’une vingtaine d’exploitations réparties dans un rayon de 150 kilomètres autour de Limey-Remenauville. « Cela représente une surface de 1 600 hectares et dix sites de stockage. Je réalise une prestation de A à Z, de l’implantation des cultures à la commercialisation, en passant par le stockage. Dans le but d’optimiser au maximum la rentabilité des cultures, je souhaitais mieux les valoriser commercialement en réduisant le taux d’impuretés, en améliorant le calibrage de l’orge et en réduisant l’humidité du tournesol. Cela passait par l’investissement dans une solution de triage », expose Christophe Lefort. Mais considérant la gestion multisite de l’ETA, une installation mobile s’imposait.
600 à 700 quintaux triés à l’heure
L’entrepreneur s’est mis en lien avec la société Ci2T qui planchait déjà sur un prototype de station de triage mobile. Dès la récolte 2017, l’entrepreneur a pu mettre à l’épreuve une première version de cette station installée sur un plateau agricole. « Nous avons pu trier de l’orge en bout de champ grâce à un débit de triage de 600 à 700 quintaux à l'heure. L’installation pouvait suivre le rythme du transbordeur alimenté par la moissonneuse-batteuse New Holland CR 9.90. Sur le chantier, le tracteur attelé au plateau est équipé d’une génératrice sur le relevage avant, entraînée par la prise de force. Deux bennes sont nécessaires : l’une pour recueillir le grain trié, l’autre pour les déchets. Nous avons ensuite mis en place la même organisation pour la récolte du tournesol. » Durant l’automne et l’hiver, la station de triage a été déplacée sur les différents sites où le stockage s’effectue principalement à plat. Le blé est repris au télescopique et chargé directement dans la trémie alimentant le trieur. « Le débit de l’installation permet de remplir un camion de 30 tonnes en une demi-heure. » Au total sur l’année, l’installation mobile traite environ 6 000 à 7 000 tonnes de grain. « C’est largement suffisant pour rentabiliser l’investissement », assure Christophe Lefort qui a déjà fait ses calculs. Ce type de matériel est vendu entre 75 000 et 100 000 euros en fonction du niveau d’équipement (châssis, pesée…)
Améliorer la qualité des récoltes et valoriser les issues
Les gains obtenus par la meilleure valorisation du grain trié sont en effet significatifs. « En blé, suivant les années, je vais facilement gagner 2 à 3 points de PS en mettant de côté les petits grains. Cela se traduit par un hause de prix de 3-4 euros/tonne. Pour l’orge, le tri m’assure de passer en qualité brassicole, ce qui n’est pas négligeable, vue la plus-value de 40-50 euros/tonne obtenue cette année. Enfin, en tournesol, j’ai gagné 3-4 points d’humidité. » Les issues sont revendues à une unité de méthanisation. « C’est surtout rentable pour le tournesol, dont les déchets très méthanogènes me sont rachetés 70 à 80 euros/tonne », apprécie l’entrepreneur.
L’arrivée du trieur mobile s’est accompagnée d’autres avantages à la récolte. « On peut se permettre d’être moins regardant sur les réglages de la moissonneuse-batteuse en se laissant la possibilité de dégrader un peu la propreté du grain, au profit du débit de la machine. Sur des cultures envahies de mauvaises herbes, trier au champ permet de retirer le 'vert' et de pouvoir ensuite stocker directement la récolte. »
Un trieur monté sur plateau
Spécialiste des installations mobiles de triage et traitement de semences, Ci2T a mis à profit son expérience pour développer le trieur mobile haut débit TM 8000 (60 t/h). L’ensemble des composants prennent place sur un plateau semi-porté de 8 mètres de long. À l’arrière, une trémie tampon de 5 tonnes de capacité (hauteur de chargement de 3 m) permet d’alimenter en continu, par l’intermédiaire d’une première vis, le nettoyeur séparateur Kongskilde KDC 8000. Équipé d’un tambour rotatif à double enveloppe, ce dernier offre une surface de grille importante (tamis intérieur de 7,5 m2 pour les grosses impuretés et extérieur de 10 m2 pour les plus fines) et un système d’aspiration dans un gabarit compact. En sortie de trieur, le grain propre est déposé sur un tapis alimentant une vis repliable permettant de remplir une remorque ou un camion (hauteur de déchargement de 5 m). Les impuretés et le grain cassé ou de petite taille (fonction des tamis utilisés) sont repris par une seconde vis repliable qui déverse dans une autre remorque. L’ensemble des équipements sont mis en mouvement par des moteurs électriques absorbant au total une puissance de 16 kW (380 V triphasé ou génératrice du tracteur).
Une instalation sur véhicule utilitaire en projet
Le TM 8000 peut prendre place sur un châssis agricole ou routier en poids lourd. Ci2T étudie également un montage sur véhicule utilitaire de moins de 3,5 tonnes, en installant le trieur sur une remorque (3,5 t) et la trémie sur un châssis cabine (3,5 t) (permis EB). « Cette solution plus facilement mobile qu’un poids lourd ou un convoi agricole devrait retenir l’attention des coopératives et des négoces pour faire du tri sur site. Par ailleurs, ce trieur peut potentiellement intéresser des agriculteurs bio récoltant des mélanges, mais qui souhaitent valoriser une espèce », prévoit Grégoire Paul-Dubois-Taine, dirigeant de la société.