[VIDEO] - « J’ai construit mon scalpeur en modifiant un outil à disques »
Jérémy Launay, agriculteur à Pannecé en Loire-Atlantique, a transformé un déchaumeur à disques indépendants en scalpeur à trois rangées de dents, avec un budget de 3 500 euros de pièces et deux journées de travail.
Jérémy Launay, agriculteur à Pannecé en Loire-Atlantique, a transformé un déchaumeur à disques indépendants en scalpeur à trois rangées de dents, avec un budget de 3 500 euros de pièces et deux journées de travail.
« Cultivant en bio et ayant abandonné le labour, je cherchais à m’équiper d’un scalpeur pour travailler de manière très superficielle. Ayant accès par la Cuma à un déchaumeur à disques indépendants, j’ai décidé de modifier l’appareil dont je disposais sur l’exploitation, un Disc-O-Mulch d’Agrisem de 3 mètres, pour le transformer en scalpeur », retrace Jérémy Launay, éleveur de parthenaises (50 UGB) sur 80 hectares à Pannecé en Loire-Atlantique. Constatant les limites de ce déchaumeur à disques à faible profondeur, le profil en vague ne permettant qu’une destruction partielle de la végétation, il a remplacé les deux rangées de disques, par trois rangées de dents. « Le Disc-O-Mulch a l’avantage de disposer d’un châssis très robuste et rigide avec de belles épaisseurs d’acier et des poutres de 120x120 mm. Je suis plutôt confiant dans la durabilité de cet outil qui date de 2003. Son poids est aussi un point fort pour la stabilité et la capacité de pénétration. »
13 dents à pattes d’oie sur trois poutres
Après avoir démonté, aidé d’un voisin et d’une clé à chocs, les disques avec leurs bras queue-de-cochon et les deux tabliers brise-mottes derrière les rangées de disques, Jérémy Launay a entrepris la soudure d’une troisième poutre entre les deux existantes. « Le grand dégagement entre les deux poutres d’origine m’a permis d’obtenir une distance de 53 centimètres entre chaque rangée de dents. » Pour trouver des dents adaptables sur l’outil, l’agriculteur s’est rapproché de la société Carbure Technologie. « Ils m’ont fourni 13 dents queue-de-cochon (carré de 35 mm) équipées de socs patte d’oie de 350 mm renforcés au carbure sur la pointe et les ailettes. Le soc est vissé sur la queue-de-cochon par deux boulons de façon que les ailettes soient parallèles au sol pour un bon scalpage. »
3,20 mètres intégralement travaillés
Les deux premières poutres reçoivent quatre dents, tandis que la dernière en accueille cinq. Cela permet d’obtenir une distance entre dents de 72 cm sur la même rangée et un pas de 23 cm sur l’ensemble de l’appareil, aboutissant à un recouvrement de 13 cm entre dents. Le scalpeur affiche ainsi une largeur de travail réelle de 3,20 mètres. « J’ai repris les brides du Disc-O-Mulch pour le montage des dents sur les poutres. Comme le trou à l’extrémité de la queue-de-cochon est partiellement obstrué par la poutre, j’ai utilisé des goupilles mécanindus qui viennent s’insérer dans le trou et se bloquer contre la poutre. Pour sécuriser la fixation des dents, j’ai également soudé l’extrémité de la queue-de-cochon sur la bride », détaille Jérémy Launay.
Des cales sur le rouleau pour limiter la profondeur
À l’arrière de l’appareil, l’agriculteur avait remplacé le rouleau à pneus d’origine par un rouleau barre, afin de limiter le poids. « J’ai conservé ce rouleau, mais le montage des dents à la place des disques a fait augmenter le dégagement sous châssis qui atteint 65 centimètres. Pour conserver toute l’amplitude de réglage du rouleau, qui s’effectue au moyen de broches, j’ai ajouté des cales sur les bras supportant le rouleau. Sans cette modification, l’outil ne pourrait pas travailler à faible profondeur. » L’agriculteur note au passage qu’en complément de la position du rouleau, un réglage précis du troisième point est essentiel pour que cet appareil porté travaille bien à plat.
En chiffres
7 000 euros HT pour l’achat du Disc-O-Mulch d’occasion (en 2019)
3 500 euros HT pour les 13 dents et leurs socs patte d’oie
Temps de travail
1/2 journée pour le démontage des disques
1/2 journée pour la soudure de la poutre et des cales sur le rouleau
1 journée pour le montage des dents
Le scalpeur est complémentaire des outils traditionnels
Jérémy Launay cultive du blé ancien et du sarrasin qu’il vend à un meunier local. Il valorise également ses cultures de chanvre et tournesol avec la commercialisation d’huile en vente directe, en complément de la viande bovine. « Je réalise habituellement un premier déchaumage assez tardif pour ne pas intervenir dans des conditions trop sèches. Avant de passer le scalpeur, j’effectue un travail préparatoire avec un cultivateur à dents ou un déchaumeur à disques. En grattant la terre au préalable, le scalpeur maintient en effet plus facilement sa profondeur de travail de 2-3 centimètres. Il complète bien le premier déchaumage en agissant sur toute la surface et en détruisant les repousses. »
L’agriculteur utilise également son scalpeur au printemps pour préparer le semis derrière un méteil. « Le sol étant généralement suffisamment humide à cette époque, l’appareil scalpe efficacement toute la surface à 5-6 centimètres. L’enracinement du méteil facilite aussi le travail de la terre. Quand les conditions sont bonnes, je peux semer directement. Mais parfois, un passage d’outil à disques en plus est nécessaire pour bien préparer le lit de semence. »
L’outil fait maison a aussi fait ses preuves à la destruction de couverts. « Mais pour éviter les bourrages, le couvert est broyé au préalable et je passe l’outil dans le même sens que le broyeur. » Au total, la surface travaillée par l’outil reste modeste. L’agriculteur le rentabilise ainsi en le louant 15 euros par hectare à des voisins.
Jérémy Launay tient toutefois à souligner que pour avoir un travail uniforme à faible profondeur, « il est essentiel d’avoir un sol bien plat. Pour cela, il m’arrive d’utiliser un cover-crop avec un rouleau lourd en dernier passage avant le semis de céréale de façon à bien aplanir le sol ». Pour compenser l’arrêt du labour, il vient aussi d’acheter en copropriété un fissurateur monopoutre Actisol à cinq dents d’occasion.