[Essai] Massey Ferguson MF 8S.265 « Un tracteur polyvalent, doté d’une cabine exceptionnelle »
Stéphane Prochasson, céréalier à Pannes dans le Loiret, a pu découvrir pendant une semaine le tracteur Massey Ferguson MF 8S.265 de 265 ch équipé de la transmission Dyna-7.
Stéphane Prochasson, céréalier à Pannes dans le Loiret, a pu découvrir pendant une semaine le tracteur Massey Ferguson MF 8S.265 de 265 ch équipé de la transmission Dyna-7.
Présentée l’an dernier et complétée cet automne par deux nouvelles puissances, la gamme de tracteurs Massey Ferguson MF 8S compte désormais six modèles de 205 à 305 ch. Tous sont motorisés par un bloc Agco Power 6 cylindres 7,4 l répondant à la norme Stage V (DOC, SCR et catalyseur de suie). Celui-ci délivre son couple et sa puissance maxi à bas régime. Le compartiment moteur a la particularité d’être séparé de la cabine par un espace de 24 cm.
Le MF 8S accède à trois transmissions. De base, comme le modèle essayé, il reçoit la semi-powershift Dyna-7 (4 gammes robotisées et 7 powershift), qui profite d’un rapport sous charge supplémentaire par rapport à l’habituelle Dyna-6 pour un meilleur étagement. En option, la Dyna E-Power utilise le même nombre de rapports, mais valorise son double embrayage et l’absence de rupture de charge au passage des gammes, pour optimiser le nombre de rapports entre 5 et 20 km/h. Troisième solution, la variation continue Dyna-VT dispose d’un nouveau mode de conduite automatique. Cette transmission se décline uniquement avec la finition haut de gamme Exclusive, celle du tracteur de l’essai. La finition de base Efficient n’est donc disponible qu’avec la Dyna-7 et la Dyna E-Power.
Le MF 8S se distingue par sa nouvelle cabine à quatre montants, caractérisée par un grand pare-brise incliné et un habitacle très spacieux. Le tableau de bord disparaît au profit d’un grand écran sur le montant droit. En finition Exclusive, l’essentiel des commandes est regroupé sur l’accoudoir multifonction, doté du nouveau joystick Multipad et du terminal Datatronic 5.
Derniers arguments du Massey Ferguson, il offre un empattement généreux (3,05 m) et des pneus arrière de 2,05 m de diamètre, tout en préservant son rayon de braquage (5,7 m).
Les conditions du test
Lors de l’essai mis en œuvre à la mi-août, le MF 8S.265 a réalisé du travail du sol sur 150 ha avec quatre outils différents : trois déchaumeurs à disques indépendants semi-portés (Köckerling Rebell de 6,30 et 8 m et Horsch Joker de 6,10 m) travaillant à 5-6 cm de profondeur et un cultivateur à dents portés Horsch Terrano de 3,50 m piochant à 25-30 cm. Il a par ailleurs tracté une remorque trois essieux chargée de céréales.
Les plus
+ Confort en cabine
+ Ergonomie des commandes
+ Capacité de traction
+ Qualité de finition
Les moins
- Visibilité sur le piton
- Caisse à outils
- Automatisme de transmission en traction
Au travail « Son empattement est un atout »
Au déchaumage à 14 km/h, le tracteur est très bien équilibré avec son empattement long et ses grandes roues arrière équipées de pneus de 710 mm. Il est seulement alourdi par une masse de 900 kg sur le relevage avant, dont on pourrait presque se passer. À cette vitesse, le confort en cabine est remarquable. Après avoir sélectionné la deuxième gamme et réglé la vitesse cible, l’automatisme de transmission choisit le meilleur rapport en fonction de la charge, pour viser le régime le plus bas. Quand ce n’est pas trop tirant, cela fonctionne bien, mais lorsque l’effort est plus marqué, on se retrouve parfois entre deux rapports, avec des changements intempestifs. Dans ce cas, j’ai préféré passer en manuel, mais j’aurais aussi pu tenter d’ajuster l’automatisme sur une plage de régimes plus restreinte, afin de rester sur un seul rapport. La consommation instantanée de GNR affiche 40 l/h, ce qui me paraît être dans les clous pour ce travail. Il faudra aussi prendre en compte celle d’AdBlue.
Avec l’outil à dents à 8 km/h, l’équilibre du tracteur est toujours aussi bon. En revanche, les pneus sont un peu trop larges pour optimiser l’effort de traction. En bout de champ, la maniabilité du MF 8S est bluffante, car malgré son grand empattement, l’angle de braquage des roues offert par la taille de guêpe limite efficacement le rayon de braquage.
Sur route avec la benne trois essieux, le moteur est pêchu. L’automatisme de la transmission m’a paru plus adapté qu’au champ. Le passage des rapports est souple et rapide. Malgré la rupture de couple, le changement de gamme, pris aussi en charge par l’automatisme, ne m’a pas paru handicapant. Et le gros avantage par rapport à une variation continue, c’est le frein moteur qui est très bien valorisé par le rétrogradage efficace de la gestion électronique. À 40 km/h benne chargée, on se sent en sécurité grâce à la cabine haute et sa grande visibilité. Avec un régime moteur de 1 350 tr/min, la cabine est très silencieuse. Quant aux suspensions du pont avant, de la cabine et du siège, elles délivrent un confort de haut vol ! Celle de la cabine était presque trop souple, mais j’aurais pu la durcir depuis le terminal.
L’attelage arrière a été conçu pour nous simplifier le travail. Les commandes sur les ailes sont à bonne hauteur, tout comme les distributeurs hydrauliques, qui sont également équipés de leviers décompression.
En cabine « Un grand espace à la finition soignée »
Avec son pare-brise incliné et sa grande profondeur, cette cabine à quatre montants impressionne par son volume et sa surface vitrée. Avec le capot très fin éloigné de la vitre, l’absence de tableau de bord et l’énorme essuie-glace, on a l’impression d’être dans une moissonneuse-batteuse. La visibilité sur les roues et le relevage avant est tout simplement exceptionnelle. Idem sur les côtés avec les grandes portes. En revanche, la vision sur l’attelage arrière est plutôt moyenne. Pour compenser, on dispose d’une caméra dont l’image s’affiche sur le terminal dès que l’on active la marche arrière. Le grand espace séparant la cabine du compartiment moteur limite aussi le niveau sonore dans l’habitacle. Le marchepied doté de grandes marches en matière composite sécurise l’accès. La finition est très soignée avec des matériaux de qualité et bien ajustés. Au sol, l’épais revêtement en caoutchouc est facile à nettoyer et la pédale d’accélérateur s’y intègre de manière à laisser le talon posé. La climatisation n’a aucun mal à refroidir le grand volume de la cabine. Il y a pas mal de rangements assez bien répartis, il faudrait juste ajouter un support de smartphone sur l’accoudoir.
L’accoudoir multifonction regroupe toutes les commandes, mis à part quelques rares boutons sur la console de droite, dont certains dédiés au relevage, m’ont paru très pratiques pour atteler un outil. Au même niveau, les boutons pour activer l’hydraulique et le relevage ne sont pas très intuitifs, car éteints quand ils sont verrouillés. C’est un des rares reproches, car pour le reste, les commandes de l’accoudoir sont très ergonomiques et rapides à prendre en main. Le joystick est agréable à manipuler et l’on dispose de deux boutons configurables depuis le terminal. Il intègre aussi un mini-joystick paramétrable pour l’hydraulique. Le terminal Datatronic 5 est très réactif et je trouve la navigation dans les différents menus assez intuitive. Pour celui qui veut jouer à fond la personnalisation, il y a de quoi faire, au risque de s’y perdre… C’est appréciable de pouvoir ajuster avec précision la climatisation et l’éclairage depuis le terminal. Sur ce dernier point, les nombreux phares à leds sont d’une redoutable efficacité. Il ne reste plus que l’autoradio à régler en dehors de l’écran. (NDLR : le pilotage de l’autoradio et du téléphone en Bluetooth est désormais proposé en option sur le terminal). Le Datatronic 5 est positionné de façon qu’il ne gêne pas le montage de boîtiers sur le grand rail de fixation couvrant toute la largeur de la porte.
Le grand écran sur le montant droit fait office de tableau de bord. Il offre une qualité d’affichage remarquable. Il complète bien le Datatronic 5 en indiquant les données de base : jauges, régimes moteur et prise de force, vitesse, informations sur la transmission, mémorisation des régimes moteurs… C’est également très facile de naviguer dans les différents menus.
La commande d’inverseur au volant, bien connue chez Massey Ferguson, reste toujours aussi pratique avec sa position parking et la possibilité de changer les rapports de transmission. Elle est beaucoup plus ergonomique que le petit commodo de clignotant placé juste au-dessus, dont la manipulation ne m’a pas convaincu.
Entretien « Tout est bien intégré et accessible »
L’intégration du compartiment moteur a été particulièrement bien pensée. Comme la jauge d’huile, les filtres à huile et à gazole sont regroupés à gauche du moteur et sont accessibles sans soulever le capot, ni démonter le panneau latéral. On apprécie de pouvoir y accéder sans braquer les roues, grâce à l’espace offert par le grand empattement. Une fois le capot relevé, on observe que les radiateurs sont carénés pour guider le flux d’air. Mais comme ils sont bien espacés et qu’il y a des trappes d’accès de chaque côté, il suffit d’avoir une soufflette avec une rallonge pour tout nettoyer. Le filtre à air perché au-dessus du moteur sera difficile à atteindre depuis le sol pour les personnes de petite taille. La prise d’air devant la cabine est moins sensible aux poussières, mais j’ai dû retirer à deux reprises l’accumulation de paille sur la grille. À droite de la cabine, l’échelle pivote pour accéder à la batterie et à un plan de graissage. À gauche, au-dessus du réservoir, la caisse à outils est beaucoup trop petite. Du même côté à l’avant de la cabine, un marchepied moulé dans le réservoir facilite le nettoyage du pare-brise et le démontage de l’antenne GPS protégée par une serrure. Au niveau de l’attelage arrière, le filtre de cabine est un peu haut perché. D’une manière générale, on sent que le constructeur a soigné la finition de son tracteur. Rien ne dépasse sous la cabine pour un nettoyage rapide.
Fiche technique
Massey Ferguson MF 8S.265
Moteur
Puissance au régime nominal (ISO TR 14396) avec boost : 274 ch à 2 100 tr/min
Puissance maxi (ISO TR 14396) sans/avec boost : 265/285 ch à 1 850 tr/min
Couple maxi sans/avec boost : 1 200/1 260 Nm de 1 000 à 1 500 tr/min
Cylindrée : 7 400 cm3
Norme et système de dépollution : stage V avec DOC, catalyseur de suie et SCR
Capacité d’huile du moteur : 25 l
Intervalle d’entretien : 600 h
Transmission
Type : semi-powershift à 4 gammes robotisées et 7 rapports sous charge
Nbre de rapports (av/ar) : 28/28
Nbre de rapports entre 4 et 15 km/h : 15
Régime moteur à 40/50 km/h : 1 350/1 650 tr/min
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540/540E/1000/1000E à 1 867/1 499/1 903/1 528 tr/min
Circuit hydraulique
Type : centre fermé load sensing, avec pompe à débit variable
Débit et pression : 150 l/min à 200 bars
Volume d’huile hydraulique exportable : 85 l
Nombre de distributeurs : 4 (5 en option)
Relevage
Capacité maxi aux rotules (arrière/avant) : 10 000/4 800 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de GNR/AdBlue : 460/43 l
Hauteur hors tout : 3,39 m
Empattement : 3,05 m
Rayon de braquage : 5,7 m
Poids à vide : 10 000 kg
PTAC : 16 t
Monte pneumatique du modèle essayé : VF710/70R42 & VF600/70R30
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 01/09/21 : 201 560 euros HT sans option