[ESSAI] Fendt 936 Vario « Un tracteur à la hauteur de sa réputation »
Mathieu Ondet, agriculteur à Manthelan en Indre-et-Loire, nous livre son analyse à l’issue d’une semaine aux commandes du Fendt 936 Vario de 355 chevaux.
La sixième génération de tracteurs 900 Vario s’inspire largement de ses grands frères 1000 Vario, tant sur le plan du design que des composants techniques, reprenant la même cabine, la transmission Vario Drive (TA 300) et un nouveau moteur Man. Offrant une cylindrée de 9 l, ce dernier se caractérise par son fonctionnement à bas régime avec, pour le modèle essayé, une plage de puissance constante de 1 450 à 1 720 tr/min, son régime maxi. Ce moteur équipé d’un turbo à géométrie variable combine DOC, FAP et SCR pour passer la norme Stage V. Il fait en revanche l’impasse sur l’EGR. À noter que l’intervalle d’entretien est désormais porté à 1 000 h. Le 936 Vario essayé se situe au cœur d’une gamme de 5 modèles dont la puissance s’échelonne de 296 à 415 ch. Caractérisé par sa gestion automatique de la répartition de la puissance entre les deux ponts, la transmission Vario Drive offre qu’une seule plage de vitesse atteignant 60 km/h à 1 450 tr/min et 40 km/h à seulement 950 tr/min. Avec la finition huppée Profi Plus du tracteur essayé, le débit du circuit hydraulique load sensing de 165 l/min peut être porté en option à 220 l/min et même à 430 l/min avec une seconde pompe. Plus imposants avec un poids dépassant les 12 t et un empattement de 3,15 m, les Fendt 900 Vario accèdent à des pneumatiques arrière de 2,20 mètres de diamètre (750/70 R44), mais aussi au télégonflage Variogrip en option, pouvant désormais piloter des pneus jumelés.
Découvrez l'essai du Fendt 936 Vario en vidéo ici.
Les conditions du test
Mis à l’épreuve fin juillet, le Fendt 936 Vario a été attelé à deux déchaumeurs semi-portés : un appareil à 23 dents de 5,30 m et un outil à disques indépendants de 8 m. Les trajets entre les parcelles ont permis de juger son comportement sur route.
Les plus
+ Gestion moteur/transmission
+ Capacité de traction
+ Confort des suspensions
+ Accès en cabine
Les moins
- Nombreuses options pour le prix
- Consommation d’AdBlue
- Accès pour l’entretien
Au travail « Sa capacité de traction le rend plus polyvalent »
Le déchaumeur à dents planté à 12 cm à une vitesse de 7,5 km/h ne suffit pas à mettre en défaut la très bonne capacité de traction du nouveau 900 Vario. Avec son empattement plus long et son poids de 12,7 t (5,6 sur le pont avant et 7,1 t sur l’arrière) mesuré sur le pont-bascule, les pleins faits mais sans aucune masse, le tracteur est très bien équilibré pour tirer efficacement l’outil. Il est aussi aidé par sa monte de pneumatiques de grand diamètre. Le 750/70 R44 me semble le compromis idéal pour limiter la largeur du tracteur. Ces pneus sont bien valorisés par le système de télégonflage qui s’accompagne d’une assistance au réglage très intuitive. Elle nous indique des préconisations de pressions, après avoir renseigné les paramètres du tracteur et de l’outil dans le terminal. J’ai ainsi pu abaisser la pression à 0,9 bar à l’arrière et 0,8 à l’avant. La capacité de traction est aussi optimisée par la transmission qui gère automatiquement la répartition de l’effort entre les deux ponts. Et lors des demi-tours, l’accélération des roues avant permet d’obtenir un bon rayon de braquage.
À 11 km/h avec le déchaumeur à disques travaillant à 6-7 cm, la gestion moteur/transmission démontre toute son efficacité, elle est vraiment incomparable ! Le régime moteur s’abaisse jusqu’à 1 100 tr/min et en fourrière, il tombe à 800 tr/min. La consommation de GNR s’en ressent, j’ai relevé une moyenne de 6,8 l/ha sur la semaine d’essai. Ce bon résultat est toutefois à relativiser avec la consommation d’AdBlue qui atteint 10 %. Cela complique la logistique carburant, car il faudra faire le plein d’AdBlue à chaque plein de GNR.
Sur route, l’impression de vitesse est complètement gommée par l’efficacité de la suspension indépendante du pont avant et celle de la cabine. Malgré la finition haut de gamme, cette dernière est en option. Il faut se contenter de la version mécanique de série. La transmission très progressive permet d’atteindre très rapidement les 60 km/h avec un moteur qui ne monte jamais dans les tours. La stabilité du tracteur est sécurisante, tout comme son système de freinage. En revanche, le ralentisseur sur échappement ne m’a pas semblé convaincant.
L’attelage arrière est conservé en catégorie 3 ce qui facilite la compatibilité avec un parc matériel existant. La finition est exemplaire et les possibilités d’attelage sont nombreuses. Le support de troisième point équipé d’un vérin à gaz est un petit détail appréciable. Les prises hydrauliques sont un peu haut perchées et il faut passer par les options pour avoir les versions à décompression. C’est un peu mesquin vu le prix de l’engin… Les commandes sur les ailes sont bien pensées, celles de l’hydraulique étant paramétrables. Au niveau du relevage avant, j’apprécie la présence d’une prise Isobus, mais je regrette l’absence de commandes pour un distributeur.
En cabine « Un confort de première classe »
L’accès à la cabine est grandement facilité par le marchepied à grandes marches et la largeur du seuil de porte. L’habitacle est spacieux et bien insonorisé, sauf peut-être lorsque le moteur approche de son régime maxi où il émet un bruit sourd, mais c’est rare. La visibilité est panoramique, sauf celle sur le relevage avant, qui est encombrée par le large capot moteur. Heureusement celui-ci intègre une caméra qui permet de visualiser l’avant du tracteur depuis le terminal. Le système audio est remarquable, aidé par une antenne radio intégrée à la vitre latérale, à la réception sans faille et un kit main-libre doté de 8 micros. Les rangements, dont un est refroidi, sont nombreux et bien disséminés. La climatisation est réglable à souhait, le siège ventilé m’ayant permis de ne pas trop abaisser la température. La finition ne souffre d’aucune critique. Je m’étonne quand même que certains accessoires restent en option, comme les pare-soleil droite et arrière.
L’accoudoir multifonction désormais bien connu offre toujours une bonne ergonomie et une identification rapide des commandes. En faisant la fine bouche, on peut maintenant estimer qu’il y a mieux avec la nouvelle cabine des 700 Vario. Par rapport aux 900 de la génération précédente, le principal changement est la disparition des boutons de gammes et de ponts liée à la nouvelle transmission. Le terminal gagne en simplicité d’utilisation avec de nouvelles touches de raccourcis programmables. La personnalisation des commandes et des paramètres reste le point fort de ce tracteur. Le système de guidage, dont l’antenne est bien protégée du vol dans le toit de cabine, s’avère plutôt efficace. Mais je reste sur ma faim au niveau des critères de réglage et sur la vue de guidage manquant de modernité.
Le tableau de bord solidaire de la colonne de direction propose un affichage qui commence à vieillir. Il regroupe les commandes de la climatisation, des rétroviseurs électriques et celles des phares de travail à leds, dont le nombre et la répartition offrent une très bonne visibilité nocturne. Là encore, je n’ai pas véritablement de reproche à faire, mais ce tableau de bord souffre désormais de la comparaison avec celui entièrement digital de la cabine des 700 Vario.
Entretien « Peu d’espace autour du moteur »
Le capot moteur n’est pas monobloc, mais son ouverture se gère à l’aide de la clef de contact, qui sert également au réservoir et à la porte. Cette clé codée est un gage de sécurité. Il faut retirer de grands panneaux latéraux pour accéder aux filtres à carburant et à huile, une manœuvre pas facilitée par les encombrantes grandes roues avant. Si la vérification de la jauge d’huile moteur est plutôt aisée, le démontage du filtre à air perché au-dessus du moteur l’est beaucoup moins. Heureusement, sa conception semble le rendre très peu sensible au salissement. À l’avant, seul le condenseur de clim pivote, les autres radiateurs sont fixes. Même s’il y a un peu d’espace, je ne trouve pas cela très propice au nettoyage. Pour se simplifier la tâche, il faut opter pour le ventilateur réversible en option. Au niveau du marchepied gauche, on accède facilement au filtre d’habitacle. De l’autre côté de la cabine, l’échelle escamotable facilite le nettoyage de la vitre. À hauteur d’homme, un compartiment loge un support sur glissière pouvant accueillir une boîte à outils et des pièces. Dommage que la porte le refermant manque de rigidité pour assurer une parfaite étanchéité. En dessous, une autre trappe permet d’atteindre directement la batterie. Enfin, les soubassements de ce tracteur sont très bien carénés, rien ne dépasse !
Fiche technique
Fendt 936 Vario
Moteur
Puissance nominale et maxi (ECE R120) : 355 ch à 1 720 tr/min
Couple maxi : 1 750 Nm de 1 100 à 1400 tr/min
Cylindrée : 9 037 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V via DOC, FAP passif & SCR
Capacité d’huile du moteur : 43 l
Intervalle d’entretien : 1 000 h
Transmission
Type : variation continue VarioDrive de 0,02 à 40, 50 ou 60 km/h (selon homologation)
Régime moteur à 40/50/60 km/h : 950/1 200/1 450 tr/min
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540E/1000 à 1 274/1 604 tr/min ou 1000/1000E à 1 604/1 286 tr/min
Circuit hydraulique
Type : Load Sensing
Débit et pression : 165 l/min à 200 bars, en option : 220 l/min ou double pompe 210 + 220 l/min
Volume d’huile hydraulique exportable : 90 l
Nbre de distributeurs de série : 3
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course (arrière/avant) : 9 560/4 070 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de GNR/AdBlue : 625/70 l
Hauteur hors tout : 3,43 m
Empattement : 3,15 m
Rayon de braquage : 6,7 m
Poids à vide mesuré : 12,7 t (jusqu’à 17 t lesté)
PTAC : 18 t en version 40 & 50 km/h ; 17 t version 60 km/h
Monte pneumatique du modèle essayé : Trelleborg TM1060 VF650/60R38 et VF750/70R44
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 01/01/21 : 406 724 euros HT