[ESSAI] Fendt 314 Vario « Une cabine luxueuse pour l’élevage »
Antoine Ollivier, agriculteur à Plénée-Jugon dans les Côtes-d’Armor, a découvert pendant une semaine le Fendt 314 Vario équipé de la cabine Fendt One. Il nous détaille ses impressions.
Sur le tracteur Fendt 314 Vario, l'accès à la jauge d’huile moteur est direct. En revanche il faut dévisser un panneau latéral pour atteindre les filtres à gazole.
Le multicoupleur hydraulique du chargeur du Fendt 314 Vario est difficile à déconnecter et son emplacement entrave l'accès à la jauge d'huile de transmission.
Présenté à l’automne 2019, le tracteur Fendt 314 Vario a été le premier de la quatrième génération de 300 Vario à inaugurer la cabine Fendt One, qui a depuis été étendue au reste de la gamme (311, 312 et 313 Vario). Tous les modèles sont motorisés par un 4 cylindres 4,4 l Agco Power conforme au Stage V (DOC + FAP + SCR) affichant une puissance maxi de 113 à 142 ch. Le 314 Vario se démarque en étant le seul à disposer d’une puissance additionnelle de 10 ch, portant son rapport poids/puissance à seulement 33 kg/ch.
En version haut de gamme Profi + essayée, mais aussi en Profi, le tracteur accueille un circuit hydraulique load sensing de 110 l/min. En entrée de gamme, la finition Power se limite à un circuit à centre ouvert avec deux pompes cumulant 84 l/min.
La nouvelle cabine Fendt One, essayée dans sa version la plus huppée, fait le plein d’affichages numériques avec un écran non tactile de 10 pouces au tableau de bord et deux terminaux tactiles de 12 pouces, l’un en bout d’accoudoir et l’autre, en option, escamotable dans la garniture du toit de cabine. Le nouvel accoudoir regroupe l’ensemble des commandes avec notamment un joystick à l’ergonomie repensée, accompagné d’un second levier pour l’hydraulique, utilisé notamment au chargeur. La finition Profi + comprend également l’autoguidage, la documentation parcellaire, l’isobus, la télématique et, en option, la coupure de section, la modulation et le transfert de données à distance. Pour plus de simplicité, il est possible d’opter pour la finition Profi ou Power. Cette dernière se contente de l’écran du tableau de bord et de l’accoudoir multifonction avec un simple levier en croix ou les fingertips pour l’hydraulique.
Les conditions du test
Antoine Ollivier a essayé le Fendt 314 Vario début novembre au semis de céréales avec un combiné herse rotative semoir de 3 m précédé d’un rouleau tasse-avant sur le relevage frontal. Il a également vidé sa fumière mettant à profit le chargeur frontal.
Pour les travaux de manutention, la progressivité et la précision de la boîte Vario sont très appréciables. Le bon débit hydraulique permet de garder un régime moteur très bas, source d’économie de carburant et de confort en cabine. Le chargeur Fendt est assez massif et implanté très à l’avant du tracteur, rendant indispensable les masses de roues de 200 kg chacune et celle de 870 kg sur le relevage arrière, alors que l’on ne dispose que d’une multibenne de 2 m de large. Pas certain qu’il soit très à l’aise avec le godet de 2,50 m que j’utilise habituellement. Doté d’un multicoupleur peu accessible pour le déconnecter, ce chargeur ne m’est pas apparu comme un modèle de simplicité à atteler/dételer.
Au semis, le tracteur est bien équilibré avec le tasse-avant et le combiné de semis. La gestion moteur/transmission garantit un ajustement très précis du régime moteur et de la vitesse. Le moteur a de la réserve et il m’a paru assez peu gourmand en GNR. En bout de champ, le tracteur est assez maniable et on prend goût de pouvoir vraiment personnaliser les commandes du joystick. Et pour celui qui veut vraiment se simplifier le travail, l’automatisme de bout de champ est très intuitif à paramétrer.
Le 314 Vario coche toutes les cases pour les trajets routiers. Les performances du moteur, qui passe la barre des 150 ch avec le boost, sont bien valorisées par la transmission. Les accélérations sont vigoureuses et dès que la vitesse est stabilisée, le régime moteur s’abaisse rapidement. Son poids de seulement 5 t est d’ailleurs un avantage sur ce terrain. Côté confort, les suspensions du pont avant et de la cabine sont très efficaces, tout comme l’insonorisation de la cabine. On entend si peu le moteur, que le léger sifflement de la transmission se remarque à haute vitesse.
L’attelage arrière inspire confiance, tout est assez bien réfléchi pour faciliter la tâche de l’utilisateur. J’ai apprécié le troisième point hydraulique pour ajuster la position de la herse rotative. Je trouve également rassurant de disposer de nombreux points de graissage sur le relevage. Le support de rotules est pratique, tout comme les commandes sur les ailes qui sont bien placées, mais dont la logique du relevage est inversée : on lève avec le bouton le plus bas. Pour le freinage de remorque double ligne, on n’a pas le choix, c’est du pneumatique. En observant les soubassements du tracteur, je remarque que la garde au sol est plutôt bonne et que rien ne dépasse. Côté éclairage, il y a ce qu’il faut en nombre de projecteurs. S’ils sont bien répartis, c’est regrettable qu’ils ne soient pas tous à leds sur ce modèle haut de gamme.
En Cabine « Une personnalisation poussée à l’extrême »
La cabine à cinq montants est spacieuse et lumineuse. Avec sa petite porte à gauche, l’accès y est très facile. C’est en revanche plus compliqué du côté droit où l’on est contraint par le petit marchepied, le dégagement de la grande porte et l’encombrement de l’accoudoir. Avec la grande surface vitrée, la visibilité est bonne à 360 degrés. Sur l’avant, le grand pare-brise, qui s’étire en hauteur, est propice aux travaux de manutention. Dommage que les bras du chargeur ne soient pas plus fins et que l’essuie-glace ne descende pas plus bas : au semis, il est dans l’alignement du tasse-avant. L’assemblage et la qualité des matériaux sont remarquables et l’on profite de nombreux rangements de toutes tailles. Pour parfaire le confort, j’apprécie le réglage très complet, depuis le terminal, du système d’éclairage, de la climatisation et du système audio qui dispose d’un kit main-libre hyperefficace avec ses nombreux micros. Malgré le pilotage pneumatique du frein à main, on conserve un grand levier à gauche du siège.
L’accoudoir multifonction totalement repensé procure une excellente ergonomie, tout en conservant le code couleur, qui permettra à un habitué de la marque de facilement s’y retrouver. Il est ajustable dans toutes les directions, alors que le siège n’est pas pivotant. Le joystick multifonction offre sur le dessus un ensemble de boutons personnalisables, auxquels on peut affecter la fonction de son choix (hydraulique, relevage, guidage, séquences…). Ceux implantés sur le côté sont plutôt dédiés à la transmission (TMS, mode pédale), à deux vitesses et deux régimes mémorisés. La logique Fendt est conservée avec le basculement à droite ou à gauche pour le régulateur de vitesse et l’inverseur. J’apprécie la molette qui a été rajoutée sur le joystick pour régler la vitesse cible. Le second joystick, doté d’une commande d’inverseur, offre une bonne précision au chargeur. Il faut juste s’habituer à manipuler avec le pouce le mini-joystick dédié aux 3e et 4e fonctions. L’alignement des fingertips, des commandes de prise de force et des deux relevages sont très pratiques avec pour chacun, un bouton de déverrouillage.
Le nouveau terminal Vario offre un affichage et une logique de navigation typés tablette. Malgré la multitude de paramètres proposés, la prise en main est assez intuitive. J’ai notamment apprécié les accès rapides avec des raccourcis et la possibilité de vraiment personnaliser l’affichage. On pilote l’écran soit en tactile, soit avec le pavé rotatif sur l’accoudoir. Celui-ci permet aussi de faire basculer l’affichage d’un écran à un autre, que ce soit sur celui du tableau de bord, ou celui du toit de cabine. J’estime d’ailleurs que pour un tracteur d’élevage, ce troisième écran est surement superflu. Il ne se justifie que dans le cas d’une utilisation simultanée du guidage, d’un outil isobus et d’une caméra.
Le tableau de bord digital offre un réel confort de lecture et des informations très complètes. N’étant pas tactile, il se pilote uniquement depuis le pavé de l’accoudoir. Pour un tracteur qui serait surtout dédié à des travaux d’élevage, il me paraît amplement suffisant en l’absence du terminal de l’accoudoir sur les finitions moins huppées.
Entretien « Des filtres pas tous accessibles »
Après ouverture du capot, on peut facilement nettoyer les radiateurs qui sont suffisamment espacés et dont l’un est pivotant. C’est une autre paire de manches pour accéder au filtre à air perché au-dessus du moteur, surtout avec le chargeur. À gauche du moteur, le démontage du filtre à huile s’effectue sans trop de difficulté. Celui du filtre à gazole est plus ardu, imposant de retirer le panneau latéral vissé et de contourner l’adaptation du chargeur. Du côté droit, on atteint facilement la batterie et l’on dispose d’une boîte à outils à hauteur du marchepied. La vérification du niveau d’huile de transmission est entravée par la position du multicoupleur du chargeur. À noter, la séparation de l’huile hydraulique de celle de la transmission. Au-dessus de l’attelage arrière, le filtre de cabine est directement accessible.