ESSAI : Deutz-Fahr 6210 TTV Warrior – « Un tracteur confortable et à l’aise en traction »
Wilfried Simonneau, salarié du Gaec de la Pradelle à Leignes-sur-Fontaine dans la Vienne, nous détaille ses impressions après une quarantaine d’heures aux commandes du tracteur Deutz-Fahr 6210 TTV de 216 ch.
Wilfried Simonneau, salarié du Gaec de la Pradelle à Leignes-sur-Fontaine dans la Vienne, nous détaille ses impressions après une quarantaine d’heures aux commandes du tracteur Deutz-Fahr 6210 TTV de 216 ch.
Les quatre modèles les plus puissants de la série 6 TTV ont été renouvelés fin 2021. Ces tracteurs de 192 à 230 ch conservent un moteur Deutz 6 cylindres 6,1 l répondant au Stage V. Ce bloc s’illustre notamment par un couple maxi presque entièrement disponible dès 1 000 tr/min. La principale évolution concerne la transmission à variation continue qui n’est plus désormais fournie par ZF, mais développée en collaboration avec CIT (Claas Industrietechnik). Intégrant deux embrayages, deux unités hydrostatiques et un train épicycloïdal étagé, elle dispose de deux gammes (0 à 18 et 18 à 60 km/h) à passage automatique et ne fait appel à aucun changement de rapport mécanique. Cette nouvelle TTV autorise une vitesse de 40 km/h à un régime de seulement 1 200 tr/min. Elle se décline en trois versions : T340 pour le 6190 TTV, T540 pour les 6210 et 6230 TTV et T560 pour le 6230 TTV HD.
Un terminal Isobus TIM
Profitant d’une huile séparée de la transmission, le circuit hydraulique offre un débit de 160 l/min et même 210 l/min en option sur le 6230 TTV HD. Ce dernier voit sa capacité de relevage atteindre 10 t, quand les autres modèles se limitent à 9,2 t.
La série 6 TTV reprend la cabine MaxiVision 2 des modèles 7 et 8 TTV. Le terminal Isobus iMonitor de 12 pouces donne accès à de nombreuses fonctionnalités, dont la compatibilité TIM, la télématique et l’autoguidage avec demi-tour automatique. Le 6210 TTV essayé profite de la finition Warrior qui donne accès à un choix de couleur (noir ou vert), à un siège spécifique, à un pack d’éclairage à leds, à la climatisation auto et à des touches de design.
Les conditions du test
Le 6210 TTV a été mis à l’épreuve en juillet après la moisson. Il a principalement réalisé du déchaumage, les trajets entre les parcelles permettant de juger son comportement routier. Le Deutz-Fahr a travaillé avec un cultivateur à 13 dents porté Horsch Terrano FX de 4 m et un déchaumeur à disques indépendants semi-porté Horsch Joker RT de 6 m.
Les plus
Capacité de traction
Confort en cabine
Ergonomie des commandes
Accès pour l’entretien
Les moins
Accès à certains réglages
Ajustement de la vitesse
Accès en cabine
Au travail « Il faut s’habituer à la conduite à la pédale »
Avec l’outil à dents, le tracteur avance à 9 km/h avec un régime moteur évoluant entre 1 700 et 1 800 tr/min. Lesté de 1,5 t sur le relevage avant, il est bien équilibré et ne patine pas, y compris quand il y a plus de relief ou encore lorsque j’ai travaillé dans une pâture au sol compacté. En revanche, quand l’effort de traction est plus important, le moteur à tendance à monter fortement dans les tours. Il faut jouer avec la molette Eco/power pour limiter le phénomène. J’utilise deux vitesses mémorisées : la première lorsque l’outil travaille et la seconde pour les fourrières. Cela me permet de ne pas toucher à la pédale d’accélérateur, car en mode auto, le Deutz-Fahr n’offre pas de conduite au levier. En bout de champ, malgré le très pratique dispositif réduisant le nombre de tours de volant, la maniabilité n’est pas le point fort de ce tracteur. Il y a toutefois de la marge dans le réglage des butées du pont avant. La gestion automatique du pont et du différentiel agit efficacement. On peut même ajuster les niveaux d’angle de braquage et de vitesse. Les séquences sont très faciles à mettre en œuvre. Comme il n’y a qu’un seul bouton pour les activer, je découpe la mienne en trois, ce qui demande trois impulsions.
Le déchaumeur à disques indépendants est tiré sans aucune masse, une nouvelle preuve de la bonne aptitude à la traction de cet engin qui pèse 9,5 t à vide. La vitesse de 12-13 km/h est maintenue avec un régime moteur assez constant autour de 1 700 tr/min. Pour ajuster la vitesse cible, il faut pousser et tirer le joystick multifonction ou encore actionner une molette à l’arrière de celui-ci. Dans les deux cas, je trouve que ça manque de précision. Le système de guidage est assez simple à utiliser, sauf pour le réglage des paramètres de l’outil qui ne sont pas faciles à trouver. Dans les demi-tours, le guidage me paraît un peu trop sensible lors de la reprise de ligne. Mais cela peut sûrement s’ajuster.
Lors des trajets routiers, le 6210 TTV offre un haut niveau de confort. Les suspensions de cabine et du pont avant, ainsi que le très bon siège se complètent vraiment bien. Une fois que l’on s’est habitué à la conduite à la pédale, la transmission et le moteur travaillent efficacement. Une fois lancé, le régime moteur descend très bas, ce qui limite le bruit en cabine, l’insonorisation se situant dans la bonne moyenne.
L’attelage arrière ne manque de rien, sauf peut-être des leviers de décompression pour les distributeurs. Les commandes sur le côté des ailes sont à portée de main. Les deux boutons dédiés à un distributeur permettent, sur ce tracteur, d’actionner le troisième point hydraulique. Deutz-Fahr monte deux systèmes de freinage double ligne : hydraulique et pneumatique. On apprécie certains détails, comme le support de boules d’attelage. À noter, dans cette finition Warrior, le nombre de phares à leds est assez impressionnant.
En cabine « Des commandes rapidement identifiées »
L’accès en cabine n’est pas des plus aisés. Je trouve que le marchepied est assez vertical et pour avoir suffisamment de place à l’entrée de la cabine, il faut que le siège passager soit replié. Une fois installé aux commandes, on n’a pas l’impression d’un manque d’espace. C’est quand il faut embarquer un passager, qu’on se rend compte de la relative étroitesse de cette cabine. La visibilité sur l’avant est correcte, même s’il faut bien se pencher pour voir les bras du relevage avant. La surface de balayage de l’essuie-glace ne me semble pas très large. Avec la grande vitre inférieure, on a une très bonne vision sur l’attelage arrière. On dispose en plus d’une caméra arrière, dont l’image s’affiche sur le terminal. Sans que cela soit véritablement gênant, les gros montants latéraux trahissent la conception ancienne de cette cabine. La climatisation auto est simple et plutôt efficace par temps très chaud. Le grand pare-soleil de la vitre arrière est aussi très pratique. Les rangements sont assez nombreux. Celui ventilé, situé sous le siège passager, peut accueillir une bouteille de 1,5 l. Le rail métallique installé au sommet de la porte à droite est bien pensé pour fixer les boîtiers.
Comme d’habitude chez Deutz-Fahr, les commandes sont très rapidement identifiées avec un code couleur efficace. La plupart sont regroupées sur le grand accoudoir multifonction, dont l’ergonomie m’a satisfait. Le joystick principal pilote la vitesse cible, les relevages avant et arrière, l’inverseur et deux distributeurs hydrauliques. Il dispose également de deux boutons dédiés à deux vitesses mémorisées et d’un seul bouton pour les automatismes de bout de champ. J’ai apprécié de pouvoir affecter n’importe quel distributeur sur le joystick principal ou le petit pilotant l’hydraulique. Cela s’effectue très simplement depuis le grand terminal, dont la qualité d’affichage est parfois gâchée par les reflets sur l’écran. On manque en effet d’amplitude pour l’orienter de manière efficace.
La navigation dans les menus de cette console se fait de manière intuitive. Je trouve que le constructeur a choisi des pictogrammes très parlants pour identifier les fonctions. Cet écran tactile se pilote aussi à l’aide d’une molette et de boutons configurables. Sur la console de droite, il ne reste plus que le sélecteur électrique des régimes de prise de force. À ce sujet, il est intéressant de disposer de deux régimes 1000 et 1000E pour la prise de force avant. Il y a aussi deux interrupteurs, dont l’un pilote le relevage pas à pas : c’est très pratique quand on attelle un outil. Au sommet du montant droit, la commande regroupée des phares de travail est très parlante. Dommage que le rétroéclairage des boutons soit trop faible : on a parfois du mal à voir quels sont les phares allumés.
Le tableau de bord intègre un grand écran couleur à l’affichage personnalisable, ce qui le rend complémentaire du terminal pour avoir un accès direct à certaines informations, sans naviguer dans ce dernier.
Entretien « De l’espace pour souffler les radiateurs »
Après ouverture du capot au style très travaillé, on accède directement au filtre à air implanté devant les radiateurs. Ces derniers se déploient largement à l’aide de vérins oléopneumatiques, permettant un nettoyage rapide et complet. En dessous, je remarque que les graisseurs du pont avant et du relevage sont bien identifiés et facilement accessibles. Le démontage des filtres à huile et à carburant, situés à droite et à gauche du moteur, impose de retirer un panneau latéral fixé par un seul boulon. Au niveau de l’échelle de droite, on accède directement aux bornes de la batterie. En revanche, pour la déposer, il faut retirer l’échelle et un capot retenu par six vis. Au-dessus, la caisse à outils est de bonne contenance, mais tout en plastique. Le niveau d’huile hydraulique est rapidement contrôlé par une grande jauge. Quant aux filtres de cabine présents dans chaque montant, leur démontage est fastidieux, avec quatre vis à retirer de chaque côté. À noter, l’intervalle de vidange moteur est annoncé à 1 000 heures et celui de l’huile (transmission et hydraulique) à 2 000 heures.
Fiche technique
Deutz-Fahr 6210 TTV
Moteur
Puissance au régime nominal (ECER120) : 197 ch à 2 100 tr/min
Puissance maxi (ECER120) : 216 ch à 1 900 tr/min
Couple maxi : 849 Nm à 1 500 tr/min
Cylindrée : 6 058 cm3
Norme et système de dépollution : stage V avec vanne EGR, FAP (passif), DOC et SCR
Capacité d’huile du moteur : 17 l
Intervalle d’entretien : 1 000 h
Transmission
Type : variation continue
Régime moteur à 40/50/60 km/h : 1 195/1 494/1 792 tr/min
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540E, 1000 et 1000E à 1 508, 1 835 et 1 528 tr/min
Circuit hydraulique
Type : centre fermé load sensing, avec pompe à débit variable
Débit : 160 l/min
Volume d’huile hydraulique exportable : 60 l
Nombre de distributeurs de série : 4
Relevage
Capacité maxi aux rotules (arrière/avant) : 9 200/5 450 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de GNR/AdBlue : 420/29 l
Hauteur hors tout : 3,25 à 3,30 m
Empattement : 2,85 m
Rayon de braquage : 5,60 m (avec pneus 600 mm à l’avant)
Poids à vide : 9 500 kg
PTAC : 14 500 kg
Monte pneumatique du modèle essayé : 650/65 R42 et 540/65 R30
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 1er janvier 2023 : 253 200 euros HT