Des tracteurs de tête polyvalents jusqu’à 200 chevaux
Gros 4 cylindres ou petits 6 cylindres, l’offre en modèles de 140 à 200 chevaux donnent accès à des tracteurs de tête à l’aise sur tous les terrains.
Gros 4 cylindres ou petits 6 cylindres, l’offre en modèles de 140 à 200 chevaux donnent accès à des tracteurs de tête à l’aise sur tous les terrains.
L’évolution technologique des moteurs liée à la succession des normes antipollution a bouleversé la hiérarchie des puissances. De quoi déstabiliser l’acheteur qui souhaite renouveler son tracteur de tête 6 cylindres. En effet, l’alternative du 4 cylindres est à prendre au sérieux, la plupart des tractoristes proposant des modèles 4 cylindres dont la puissance maxi culmine aux alentours des 160 chevaux. Avec le jeu des puissances additionnelles (ou boost), les plus gros modèles atteignent la barre des 200 chevaux. Cette montée en puissance se répercute sur le gabarit du tracteur. Certains de ces gros 4 cylindres utilisent les mêmes composants que les 6 cylindres de puissance équivalente, mis à part le moteur. Les différences de poids ne sont plus très marquées selon les gammes. Seul l’empattement les différencie, mais pas dans tous les cas, certains tractoristes ayant fait le choix d’allonger leurs gros 4 cylindres pour les rendre plus polyvalents.
Des 4 cylindres pas si compacts
Malgré le rapprochement des performances, le passage au 4 cylindres fait encore face à des a priori et donne l’impression d’un retour en arrière. Pourtant, la plupart des comparatifs entre modèles 4 et 6 cylindres de même puissance se soldent par un avantage en faveur du 4 cylindres en termes de consommation de carburant, au transport, à la prise de force et pour le travail du sol superficiel, pour un même débit de chantier. Le 6 cylindres ne semble conserver un avantage que pour les travaux lourds lorsque la différence de gabarit avec le 4 cylindres est significative. Ce n’est finalement qu’au-dessus de 170 chevaux que le 6 cylindres montre sa supériorité avec des puissances boostées dépassant les 200 chevaux. Reste que ce niveau de puissance doit être justifié par un parc matériel adéquat…
La variation continue disponible sur tous les modèles
Concernant le niveau d’équipement, les différences ont quasiment disparu entre 4 et 6 cylindres. Circuit hydraulique load sensing, distributeurs électrohydrauliques, automatismes de bout de champ, cabine et pont suspendus, autoguidage GPS sont désormais disponibles sur tous les gros 4 cylindres. Même la transmission à variation continue n’est plus l’apanage du 6 cylindres. Pas étonnant qu’à puissance et équipements équivalents, la différence de tarif entre 4 et 6 cylindres ne soit plus très marquée. Elle reste toutefois toujours à l’avantage du 4 cylindres…
Un 180 chevaux qui carbure au biogaz
Le constructeur italien New Holland développe depuis 2013 un tracteur fonctionnant au méthane produit à la ferme. Les choses se précisent avec un nouveau concept récemment présenté, préfigurant un modèle définitif d’ici trois ans. Contrairement aux deux premiers prototypes construits sur la base d’un tracteur T6 existant, celui-ci adopte une conception afin d’intégrer au mieux les volumineux réservoirs de gaz. Son moteur 6 cylindres bénéficie également des dernières évolutions apportées par le motoriste FPT qui dispose déjà d’une longue expérience dans le secteur du poids lourd avec Iveco (20 000 camions roulant au gaz). Toutes ces adaptations techniques aboutissent à un tracteur capable d’offrir une journée d’autonomie avec un plein et de délivrer une puissance de 180 chevaux et 740 Nm de couple, pour des prestations similaires à un modèle T6 équivalent carburant au GNR. L’utilisation du méthane a d’autres avantages par rapport au diesel. New Holland estime ainsi à 30 % les gains sur les coûts de fonctionnement. Il a également constaté une baisse de 3 dB, soit une réduction de moitié du bruit du tracteur. Quant à l’aspect environnemental, les émissions de CO2 baissent de 10 % et les rejets polluants de 80 %.
« La variation continue limite la consommation »
Guenael Bouedo, éleveur à Trédion (Morbihan) en Gaec avec son frère Christophe, a renouvelé son tracteur de tête en octobre 2016. Fidèle à la marque New Holland, il a opté pour un T7.210 de 180 chevaux maxi (210 ch avec le boost) en remplacement d’un T6080 (170 ch maxi et 193 ch avec le boost). « À l’origine, nous souhaitions conserver la même puissance avec un T7.190, mais l’offre commerciale alléchante (tracteur négocié à 90 000 euros HT) n’était plus disponible sur ce modèle », précise l’éleveur. La principale évolution accompagnant l’investissement est l’adoption de la transmission à variation continue. « J’avais quelques a priori sur ce type de boîte, mais dès les premières heures d’utilisation, j’ai été rassuré par le gain de confort et les économies de carburant constatées. En visant toujours le bon régime moteur, la variation continue m’a permis d’abaisser la consommation sur la plupart des travaux réalisés, sans dégrader le débit de chantier, au contraire. Le tracteur fait pourtant 10 chevaux de plus, mais avec la semi-powershift, on a toujours tendance à mettre trop de régime moteur. »
600 heures par an au transport et travail du sol
Affichant environ 600 heures par an, ce tracteur de tête est dédié aux gros travaux de l’exploitation. Il assure le labour avec une charrue 5 corps varilarge et les semis d’automne avec un combiné rotalabour-semoir de 3 m précédé d’un outil à dents frontal. Pour les déchaumages et préparations de semis, il reçoit un cultivateur à deux rangées de dents de 3,50 m et deux outils de la Cuma : un fissurateur à 9 dents et un déchaumeur à disques indépendants de 3,50 m. Guenahel Bouedo loue également à une ETA un cover-crop à 36 disques de 4,50 m. « Ces outils lourds, tirants pour certains et avec du porte-à-faux pour d’autres, justifient un gabarit de 6 cylindres. Mais ce 'petit ' T7 reste assez compact pour une bonne maniabilité. Avec son poids de 7 tonnes, j’utilise une masse d’une tonne sur le relevage avant. »
Le transport et l’épandage sont les autres tâches réalisées par le T7, attelé à une remorque de 18 t (fumier, compost, céréales et ensilage) ou une tonne à lisier de 15 000 l. Il est toutefois sous-utilisé avec un vieillissant épandeur de 12 m3.
Des équipements de confort qui font la différence
Enfin, le T7 confectionne 700 à 800 balles rondes par an avec une presse à chambre variable. « Pour ces différents travaux, c’est l’aspect confort qui domine. Le tracteur est équipé d’un pont avant et d’une cabine suspendus. On a aussi opté pour un siège à suspension semi-active. Là encore, la variation continue permet une conduite économique et reposante. Quant au manque de frein moteur, il est compensé par un efficace frein sur l’échappement. »
Autre avantage lié à la finition haut de gamme, le tracteur est équipé d’un grand terminal et d’un circuit hydraulique débitant 140 l/min. « On prend vite goût aux automatismes de bout de champ et aux réglages mémorisés pour chaque outil. » Guenahel Bouedo regrette toutefois l’absence d’un régime de prise de force 1000 Eco, « sur un tracteur en stock, on ne peut pas avoir les mêmes exigences… »
En chiffres
• 120 ha de surface dont 35-40 de maïs, 30-35 de blé et le reste en prairie
• 70 VL
• 3 autres tracteurs :
- New Holland T5.105 pour la pulvérisation, le semis de maïs, l’épandage d’engrais, la fenaison
- New Holland M135 avec chargeur pour la manutention
- New Holland TLA 90 dédié à la mélangeuse à vis verticale et à la pailleuse