De multiples innovations sur le matériel d'irrigation
Si le numérique est en train de faire son entrée chez les irrigants, ce n’est pas le seul levier pour rendre l’irrigation plus efficiente. Certaines innovations viennent également du matériel.
Si le numérique est en train de faire son entrée chez les irrigants, ce n’est pas le seul levier pour rendre l’irrigation plus efficiente. Certaines innovations viennent également du matériel.
S’il n’y a guère de révolution visible dans le tuyau en plastique, cela n’empêche pas certains fabricants de faire évoluer les technologies d’un point de vue purement physique. À l’instar des goutteurs antiretour pour les racines (comme l’UniWine ASXR de Netafim ou le Geniun MD d’Azud), qui sécurisent l’irrigation par goutte-à-goutte enterré et permettent à de plus en plus de viticulteurs d’oser ce type d’installation. De son côté, l’entreprise suisse AQUA4D commercialise un système de traitement de l’eau par champs de résonance électromagnétiques à très basse fréquence, pour optimiser le processus d’irrigation. « Notre système réorganise les amas de molécules d’eau en structures plus petites et modifie les forces hydrophiles/hydrophobes entre les solides et liquides, explique Yvain Mirabal, directeur commercial de la firme. Par exemple, la tension de surface diminue de 14 % ce qui rend l’eau plus fluide. »
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Changer la structure cristalline du calcaire pour prévenir le colmatage
Cela apporte principalement deux bénéfices à l’agriculteur. D’une part la prévention du colmatage des goutteurs, et d’autre part, cela permet à l’eau de pénétrer plus facilement dans les microporosités du sol. « Le procédé entraîne un changement de la structure cristalline du calcaire, qui passe de calcite, une forme solide du calcaire, à aragonite, une forme poudreuse. De même les particules organiques adhèrent beaucoup moins aux parois des lignes de goutteurs, ce qui inhibe le développement des biofilms », assure le directeur commercial. Concernant le sol, une étude de l’Inrgref (Tunisie) et l’Inrae a mis en lumière que le traitement électromagnétique de l’eau d’irrigation induit une modification de la structure du sol qui explique l’augmentation de la rétention de l’eau, ainsi qu’une amélioration du drainage. « Ce qui veut dire une meilleure résistance des plantes face au stress hydrique », se réjouit Yvain Mirabal. Des tests sur chardonnay en Éthiopie ont montré que l’eau traitée avait généré davantage de rendement et une économie d’eau de 20 %. Ce système sera testé en France par l’Inrae de Montpellier dans le cadre d’un projet sur la réutilisation des eaux usées traitées.
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Les nanomatériaux font leur entrée dans le monde de l’irrigation
D’autres parient sur des tuyaux d’irrigation. Comme la société marocaine Gems, qui développe un tuyau basé sur les nanotechnologies pour créer une « nano irrigation ». Installé sous terre, il est fait de membranes semi-perméables avec 100 000 nanopores par cm2 qui libèrent en continu une petite quantité d’eau près des racines, afin d’éviter les effets indésirables des phénomènes de percolation et d’évaporation. Le système permettrait, selon la jeune entreprise, d’économiser entre 20 et 50 % d’eau par rapport à une irrigation goutte-à-goutte standard. Autre avantage mis en avant par la société : l’absence de programmation puisque la libération de l’eau est constante, et donc un gain de temps pour l’agriculteur.
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Des tuyaux qui réagissent à la chimie du végétal
De même, l’entreprise américaine RDI (Responsive Drip Irrigation) vient de lancer le système GrowStream, qui repose sur un tuyau microporeux qui réagit à la chimie du végétal. En effet, les plantes émettent des exsudats par les racines quand elles veulent absorber de l’eau, leur permettant de prélever ce dont elles ont besoin dans le milieu ambiant. « Le système RDI réagit et interagit avec ces exsudats racinaires, permettant à l’eau et aux nutriments d’être libérés par des milliards de 'micropores intelligents' dans le tube GrowStream », explique la firme. Lorsque la plante a satisfait ses besoins en eau, elle arrête de produire les exsudats, ce qui arrête par la même occasion la libération de l’eau par le tuyau. Ainsi elle se régule elle-même. RDI avance également des économies d’eau de 30 à 50 % par rapport à un goutte-à-goutte conventionnel. Comme pour la solution marocaine Gems, il n’y a pas d’électronique requise ou de programmation, seulement un réseau ultrabasse pression qui délivre l’eau en continu.