« Dans mon cas, l’occasion est une évidence »
Mathieu Vandooren, installé avec son épouse sur une ferme céréalière et productrice de pommes (cidre et compote) de La Barre-en-Ouche, dans l’Eure a fait le choix d’une moissonneuse-batteuse d’occasion pour ses moissons.
« Je ne conçois pas capitaliser dans du matériel qui perd de la valeur tous les jours pour créer des charges fictives. Amortir pour ne pas payer d’impôts et de MSA, ça fonctionne quand les revenus sont forts et en progression constante. Il suffit d’une baisse brutale du prix des matières premières pour que les amortissements fictifs ne servent plus à rien, mais malgré la baisse de chiffre d’affaires et de revenu, les annuités perdurent et la trésorerie peut parfois être fragilisée.
C’est un jeu dangereux auquel il faut être vigilent : il faut avoir des emprunts en conséquence de notre capacité à rembourser », explique Mathieu Vandooren. Ce dernier a fait le choix de l’occasion pour bon nombre de matériels sur son exploitation. « Pour chacun d’entre eux, j’établis un cahier des charges bien précis avec comme point commun un nombre d’années limité. Acheter de l’occasion oui, mais récent. Ce n’est pas pour autant des matériels de démonstration, défraîchis, où l’écart de prix avec le neuf n’est pas assez conséquent à mon goût. »
Un cahier des charges bien précis
Pour la dernière moissonneuse-batteuse achetée (Massey Ferguson Centora 7280) à l’occasion de la campagne précédente, trois critères de choix s’imposaient : 1 000 heures batteur maximum, pas plus de 100 000 euros de soulte et un modèle aussi performant que le précédent qui débitait 140 quintaux par heure. « Le type de machine, qu’il soit conventionnel à secoueurs, axial ou hybride importait peu à partir du moment où l’intégralité des critères était réunie. » Pour sa recherche de matériel d’occasion, Mathieu Vandooren se met toujours en relation avec ses concessionnaires locaux, mais n’hésite pas à regarder dans toute l’Europe, via internet, pour dénicher la perle rare.
« Dans mon cas, la moissonneuse-batteuse ne sert que quelques jours par an, pour battre les 150 hectares d’orge, colza et blé. Depuis l’installation de mes parents, en 1971, sur les cinq moissonneuses-batteuses achetées jusqu’à ce jour, un seul modèle a été acheté neuf. C’est aussi celui qui a duré le moins longtemps sur l’exploitation, car trop juste en termes de débit de chantier. L’occasion nous permet d’acheter des modèles plus performants, permettant de pallier les aléas climatiques et les risques de pannes, la priorité étant la qualité de la récolte », relate l’agriculteur.
Récolter à temps est l’une des raisons pour laquelle l’agriculteur conserve son propre matériel de récolte et ne fait pas appel à l’ETA. À l’inverse sa dernière moissonneuse-batteuse, a permis de réaliser une quarantaine d’hectares de prestation. « Une source de revenu non négligeable gommant tout de même un quart de l’annuité de l’emprunt de la machine, soit 5 000 euros », apprécie Mathieu Vandooren.
L’occasion n’est pas valable pour tous les matériels
Les moissonneuses-batteuses terminent leur carrière sur l’exploitation. La dernière est partie avec plus de 5 000 heures au compteur. « En pleine moisson, lorsque la machine passe plus de temps en panne qu’à battre, il est temps de la changer ! Il y a deux ans, j’ai fini par louer une machine pour terminer la moisson, regrette l’exploitant. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai négocié une assurance pièces et main-d’œuvre pour la Centora 7280, auprès de mon concessionnaire, chez qui j’ai acheté la machine. »
Si l’achat d’occasion est la solution pour la moissonneuse-batteuse, Mathieu Vandooren considère qu’il ne l’est pas pour tous les matériels. Quelques déboires avec les tracteurs, qui servent plus régulièrement, l’ont poussé à acheter du neuf. Idem pour des matériels bien spécifiques, plus rares sur le marché de l’occasion. De plus, d’après l’agriculteur, « certains matériels ont une décote très faible, il ne faut donc pas s’entêter à acheter de l’occasion ».
Dans le passé, Mathieu Vandooren aurait bien aimé trouver un copropriétaire pour la moissonneuse-batteuse : « Ce n’est pas faute d’avoir cherché, mais il faut plus qu’une entente cordiale. Il faut être en phase, entre exploitants, pour que cela fonctionne sans accroc. Maintenant, je n’ai plus cette idée en tête.
Quant à la CUMA, j’y adhère pour des matériels spécifiques comme pour le lin ou les pommes. C’est une solution qui m’aurait séduit pour le reste de mon exploitation si elle proposait un service intégral comme c’est le cas avec nos pommes. »
En Chiffres
207 ha de SAU
Moissonneuse-batteuse : Massey Ferguson Centora 7280
Coût de la machine : 100 €/ha