Damien Dubrulle, nouveau président d’Axema
Dirigeant de Downs, Damien Dubrulle vient de prendre la présidence du syndicat Axema. Portrait de ce Nordiste ayant l’innovation comme idée motrice.
Dirigeant de Downs, Damien Dubrulle vient de prendre la présidence du syndicat Axema. Portrait de ce Nordiste ayant l’innovation comme idée motrice.
Lors de la convention des agroéquipements, qui a réuni constructeurs, importateurs et concessionnaires de matériels agricoles les 20 et 21 avril derniers, Axema, le syndicat français des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement, a élu son nouveau bureau. Damien Dubrulle succède à Frédéric Martin (MX) à la présidence du syndicat.
Diplômé d’une école de commerce à Lille, Damien Dubrulle dirige le groupe éponyme, dont la marque Downs (matériels pour la pomme de terre), depuis 1993. En effet, c’est cette année-là que le dirigeant a racheté le négoce de matériels agricoles, alors en situation financière délicate, à son oncle. Tout juste sorti d’école, il met à profit le fort potentiel du territoire, notamment en termes de vente de matériels autour de la culture de pommes de terre, avec les marques phares Downs et Dema, dont la société Dubrulle est importatrice exclusive pour le marché français. En six ans, le chiffre d’affaires est multiplié par 29. « À tel point qu’en 1999, les marques Downs et Dema m’ont empêché de prendre des commandes supplémentaires, se remémore le dirigeant aujourd’hui âgé de 54 ans. Cet évènement a été une période charnière, puisque nous avons pris la décision de construire nos propres machines. »
Du négoce à la construction
En 2002, la société investit alors dans la conception 3D et constitue un bureau d’études pour développer les produits. En 2006, elle rachète la société anglaise Downs, celle-ci n’ayant pas de repreneur. Les deux premières années, la production est partiellement externalisée en Tchéquie, avant de rapatrier la production à Sainte-Marie-Cappel (Nord). Pour répondre à la demande, une nouvelle usine sort de terre en 2015. Deux ans plus tard, l’idée d’automatiser le tri germe au sein de l’entreprise nordiste. La première Crop Vision, un robot de tri optique des pommes de terre, sort de l’usine trois ans plus tard et inscrit Downs comme une société résolument innovante. « J’ai toujours voulu donner de la plus-value à nos machines et à clients agriculteurs, producteurs de pommes de terre, leur permettre d’augmenter leurs revenus. Avec des surfaces de pommes de terre en augmentation continue et une démographie agricole à la baisse, l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle sont la réponse à la demande du terrain. Pour preuve, plus de 50 Crop Vision devraient sortir de nos chaînes en 2023 et nous ne pouvons répondre favorablement à toutes les demandes », justifie Damien Dubrulle. Une extension d’usine, qui doublera la surface de production, s’achèvera à l’automne. « Outre le bâti, nous avons fortement investi dans l’automatisation des outils de production, explique le chef d’entreprise, qui emploie aujourd’hui 75 salariés et subit une bonne dynamique de l’emploi (chômage faible) dans la région. Et puis, en tant que constructeur de matériels très automatisés, avoir un outil de production à l’image de ce qu’il produit s’inscrit dans la logique. »
Membre d’Axema depuis 2007
L’implication au sein de la profession des agroéquipements s’est faite rapidement après l’intégration de Downs, « d’abord en tant que membre dès 2007, puis comme vice-président de la commission internationale, membre du conseil d’administration en 2016, trésorier pendant 4 ans, avant de devenir président fin avril 2023. » À ses côtés, Christian Fischer (Kuhn) et Julien Burel (groupe Burel Solutions : Sulky, Sky Agriculture, Prolog, Frandent) le secondent comme vice-présidents. Jean-Christophe Régnier (Lemken France) occupe quant à lui le poste de trésorier. « On donne beaucoup pour Axema, reconnaît Damien Dubrulle, mais on reçoit beaucoup : on en ressort grandi. Axema représente 93 % du chiffre d’affaires français du machinisme agricole. »
Stop au Sima-bashing !
Propriétaire du Sima et du Sitevi, Axema poursuit la transformation de ses salons. « À commencer par les dates du Sima, maintenant positionnées à la même période que les autres grands salons européens, reculées de 15 jours par rapport à la précédente édition, une période plus favorable pour maximiser le visitorat. Même si le nombre de visiteurs n’est à mon sens plus un critère pertinent. Malgré un nombre de visiteurs à la baisse, j’ai fait en 2022 mon meilleur Sima de tous les temps. Mieux vaut avoir moins de visiteurs, mais des contacts qualitatifs avec qui on a le temps d’échanger et d’aboutir à une vente. La démographie agricole diminue. Les visiteurs sont désormais bien mieux informés sur les produits, notamment grâce à internet, quand ils pénètrent sur le stand. Ils veulent des interlocuteurs pour répondre à leurs dernières interrogations. L’évolution du Sima ira peut-être vers des stands plus petits avec moins d’espace pour les machines, mais davantage pour le contact humain et la discussion autour de solutions globales pour l’agriculteur ou le professionnel. »
Le nouveau président se montre confiant pour le salon international du machinisme agricole. « La France est le premier marché en chiffre d’affaires des agroéquipements en Europe. On ne peut pas s’affranchir d’une vitrine comme le Sima dans un pays comme le nôtre, explique Damien Dubrulle, qui dénonce le « Sima-bashing, dont est victime le salon. Le Sima demeurera la vitrine du savoir-faire français. »
Des nouveaux membres dans le conseil d'administration
Trois nouveaux membres intègrent le conseil d'administration : Hervé Defrancq (Laforge), Gaëtan Séverac (Naïo Technologies) et Alexandre Thorn (Stihl). Neuf autres personnes, Franck Adam, Kverneland Group France, Stéphanie Deboudé (Sodijantes), Philippe Girard (JCB), Olivier Le Flohic (CNH Industrial), Béatrice Le Gall (Rolland), Emilie Loury (Naotec), Frédéric Martin (M-Extend), Daniel Tragus (Exel Industries) et Frédéric Verbitzky (Claas), sont renouvelées dans leur mandat au conseil d'administration.