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L’utilisation du biocontrôle dans les réseaux Dephy

Dans les fermes Dephy, le biocontrôle est l’un de leurs principaux moyens de la réduction des pesticides de synthèse. Il est utilisé à des niveaux variés suivant les espèces et les modes de production.

Pour la gestion des maladies, les produits de biocontrôle sont, toutes cultures confondues, le troisième levier le plus utilisé dans les fermes Dephy en 2018, après la maîtrise de la fertilisation et de l’irrigation, et les observations/comptages vis-à-vis de la qualité sanitaire des plants. Contre les ravageurs, l’ensemble des produits de biocontrôle – lutte biologique est le levier le plus fréquemment utilisé (données issues de la moitié des réseaux ferme – tous modes de production confondus). Les acteurs de la filière légumes du réseau Dephy ont réalisé un état des lieux du recours au contrôle biologique dans les exploitations maraîchères du réseau Dephy Ferme. Le but, évaluer les équilibres lutte chimique/contrôle biologique en fonction des espèces et des situations de production. Les réseaux Dephy ont inclus dans leur définition du contrôle biologique : les produits de biocontrôle de la liste de la DGAL, les auxiliaires, et les stimulateurs de plante sans AMM (essentiellement des infusions de plantes), qui représentent un usage très anecdotique dans les itinéraires techniques étudiés. La gestion des adventices n’a pas été incluse dans l’étude. « Au total, les réseaux Dephy ferme maraîchage regroupent 7 375 itinéraires techniques (ITK), concernant 77 espèces différentes, précise Nicolas Chartier, de l’Institut de l’élevage, responsable du traitement et de la valorisation des données Dephy, lors du colloque national Dephy cultures spécialisées, en janvier à Angers. Le choix a été fait de considérer dans l’étude 12 espèces prioritaires : aubergine, carotte, chou, concombre, fraisier, haricot, laitue, melon, oignon, poireau, radis et tomate, soit 3 879 ITK. » Ces espèces ont été choisies pour leur représentativité de la production française, en termes de surfaces et de tonnages, pour le fait qu’elles sont soumises à des bioagresseurs fréquents et polyvalents les mettant en péril, et pour leur consommation en produits phytosanitaires. L’étude a porté sur l’ensemble des campagnes culturales disponibles sur une période de dix ans, entre 2009 et 2018.

Le Bt et le soufre sont les plus utilisés

« L’utilisation du biocontrôle est plus ou moins généralisée sur les cultures, en fonction des produits disponibles et des homologations, des autres solutions disponibles (notamment les produits phytosanitaires de synthèse) et de l’adéquation des produits avec les contraintes de filières concernant l’absence de défaut par exemple », poursuit Nicolas Chartier. La tomate, le concombre et la laitue sont les trois espèces les plus consommatrices de produits de biocontrôle : plus de la moitié des ITK tomate en utilisent (60 % des ITK en conventionnel, 50 % des bio). Pour le concombre, 58 % des ITK bio en utilisent contre 45 % des ITK en conventionnel. En laitue, 45 % des ITK en bio sont concernés et 33 % des ITK en conventionnel. A l’autre bout du spectre, la carotte, le poireau et l’oignon utilisent peu de produits de biocontrôle, avec en moyenne moins de 10 % des ITK concernés. Les produits de biocontrôle les plus utilisés dans les exploitations maraîchères Dephy ferme sont ceux à base de Bt, de soufre, de phosphate ferrique et d’huile essentielle d’orange douce. « Ces quatre substances représentent 73 % des usages en matière de produits de biocontrôle, souligne Nicolas Chartier. Les dix substances les plus utilisées représentent même 98 % des usages ». Ces chiffres montrent une diversité limitée des produits de biocontrôle utilisés par les producteurs. Si 54 spécialités commerciales ont été citées, ces produits correspondent à seulement 19 substances différentes. Près de la moitié des applications visent les maladies, 36 % les insectes et 15 % les mollusques.

Une grande variabilité au sein de chaque espèce

Sans surprise, les espèces principalement conduites sous abris ou serres hors-sol sont celles pour lesquelles le lâcher d’auxiliaires est le plus pratiqué. Ce dernier concerne plus de la moitié des ITK en culture de tomate conventionnelle et plus de 30 % en bio. Suivent le concombre (60 % des ITK bio et 18 % des ITK conventionnels) et l’aubergine (plus de 40 % des ITK bio et plus de 30 % des ITK conventionnels). A l’opposé, les cultures essentiellement de plein champ sont très peu utilisatrices d’auxiliaires (carotte, radis et haricot sont les moins concernés). Les principaux auxiliaires utilisés appartiennent aux genres Macrolophus, Aphidius, Encarsia et Amblyseius. L’utilisation du biocontrôle en maraîchage cache une grande variabilité entre territoires et même au sein de chaque espèce. Une variabilité qui s’explique en partie par la diversité des espèces maraîchères et des itinéraires techniques. « Les durées des cycles de culture et donc les créneaux pour gérer la santé de la plante sont très différents d’une espèce à l’autre, note Caroline d’Yvoire, d’Agribio Vaucluse. De même, dans la filière légumes, c’est aussi bien du plein champ que de l’abri, chauffé ou non, hors sol ou non. » Du côté de l’expérimentation, « les méthodes de biocontrôle ont été largement utilisées dans la première vague de projets Dephy Expé, témoigne André Chabert, Acta, chargé de valorisation Dephy Expé. Elles montrent souvent une bonne satisfaction globale. Ces solutions nécessitent de prendre du temps pour l’observation et pour installer les équilibres permettant les régulations naturelles, ainsi que de tenir compte du fait que les efficacités dépendent de facteurs encore mal connus ».

 

« Les réseaux Dephy ferme maraîchage regroupent 7 375 itinéraires techniques pour 77 espèces différentes »

Nicolas Chartier, de l’Institut de l’élevage, responsable du traitement et de la valorisation des données Dephy 

L’exemple de la tomate

En culture de tomate conventionnelle, une grande diversité de stratégies est utilisée par les producteurs Dephy suivant le bioagresseur visé. Ainsi, contre l’oïdium, le recours au biocontrôle est majoritaire (plus de 80 % des interventions), via le soufre. Contre le mildiou, les interventions consistent pour moitié en des applications de cuivre, pour l’autre moitié à un recours à une protection « chimique ». Enfin, contre les insectes ravageurs, les auxiliaires et les produits de biocontrôle (Bt, soufre, huile essentielle d’orange douce) sont principalement utilisés. 52 % des ITK tomate conventionnelle sont sous abri, 37 % en hors-sol et 11 % en plein champ. En tomate bio, le cuivre est majoritaire contre les maladies, tandis que la lutte contre les insectes est répartie entre utilisation d’auxiliaire, de produits de biocontrôle et d’insecticides bio comme les pyréthrines. 63 % des ITK bio sont sous abri et 37 % en plein champ.

Avis de producteur : Alain Olier, maraîcher bio Dephy en Loire-Atlantique

 

 
« Les pucerons sont un gros problème, notamment en production de concombre. Il y a souvent un décalage entre la présence du puceron et l’efficacité des auxiliaires. En début de saison, les pucerons prolifèrent, de nombreuses têtes de concombres sont attaquées. Après quelques semaines, une régulation se produit, les populations de pucerons se stabilisent puis régressent. Pour 2020, j’ai décidé d’installer les auxiliaires dès le début de la plantation, début avril. Il faut aussi bien maîtriser la fumure de départ et l’irrigation »

 

Le soufre aussi très fréquent en arbo

 

 
En arboriculture, au sein du groupe Dephy ferme du Lot-et-Garonne, chaque producteur utilise différents moyens de biocontrôle dans des proportions diverses. Le soufre est le plus répandu, il est utilisé par tous les arboriculteurs utilisateurs de biocontrôle (entre 10 et plus de 75 % de la part totale du biocontrôle). L’huile blanche et la confusion sexuelle sont également couramment utilisées, à des niveaux moindres.

 

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