L’ozone en test contre les maladies de conservation sur pomme et fraise
Parmi les nouvelles solutions de protection contre les maladies de conservation, l’ozone ouvre une voie intéressante. Reste à définir les modalités d’application et faire homologuer la méthode.
Parmi les nouvelles solutions de protection contre les maladies de conservation, l’ozone ouvre une voie intéressante. Reste à définir les modalités d’application et faire homologuer la méthode.
La filière arboricole commence à s’intéresser à l’ozone comme méthode de lutte dans les maladies de conservation. « L’ozone a un très fort pouvoir oxydant qui dégrade champignon, bactérie, virus, indique Séverine Gabioud Rebeaud, d’Agroscope en Suisse. Mais aussi les tissus végétaux et humains à une certaine dose. » Son principal avantage réside dans sa rapide dégradation en oxygène en quelques heures, et ce sans aucun résidu, processus qu’il est possible d’accélérer. « De plus, c’est une molécule très simple à produire en grande quantité », souligne Frédéric Violleau, de l’Ecole d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse. Deux modes d’application ont été testés sur pomme pour limiter le développement des maladies de conservation.
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L’Ecole de Purpan teste l’ozone en chambre froide en atmosphère contrôlée avec une diffusion constante d’ozone. Ces essais ont été conduits sur la plateforme TOAsT spécialement équipée pour travailler avec l’ozone dans trois chambres de stockage de 12 m3 qui peuvent diffuser de l’ozone sous forme gazeuse entre 0 et 3 ppm. « En 2018, dans chacune des chambres froides, 700 kg de Pink Lady ont été stockés en palox pendant un mois, détaille Frédéric Violleau. Une chambre n’a pas reçu d’ozone, une en a reçu une faible dose et une autre une forte dose. »
Phytophtora divisé par deux
A la sortie, les maladies de conservation ont été identifiées et comptabilisées sur chacune des pommes. « Les chambres avec ozone ont diminué de plus de la moitié le nombre de pommes atteintes de phytophtora », continue le chercheur. La culture des populations fongiques à la surface de pommes issues des trois modalités montre que le traitement à l’ozone diminue de plus d’un tiers ces populations.
« Ces résultats ont été confirmés par un essai en 2019 toujours sur Pink Lady non traitées avant récolte mais cette fois avec cinq mois de conservation », souligne l’enseignant-chercheur. Des analyses sensorielles ont complété l’essai. Les panellistes dégustateurs n’ont pas fait de différences entre les pommes témoins et celles de la modalité à faible dose d’ozone. Une différence existe entre les pommes du témoin et celles avec la forte dose d’ozone, au bénéfice de cette dernière puisque les pommes du témoin sont alors jugées plus fades.
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En Suisse depuis 2015, des essais testent l’effet d’expositions brèves mais répétées à l’ozone de lots de pommes stockées de la variété Topaz en froid normal pendant trois à six mois. « Nous avons fait varier les concentrations d’ozone, de 0,5 à 3 ppm et les couples durées et fréquences d’application », détaille Séverine Gabioud Rebeaud. Quelles que soient les doses, 0,5-1 ppm, 1-2 ppm ou 2-3 ppm et la fréquence 1 h par jour, 1 h tous les deux jours, 1 h tous les quatre jours ou 3 h par jour, les symptômes des maladies fongiques sont en baisse par rapport au témoin sans traitement. « Sur la pourriture lenticellaire, le traitement à l’ozone a baissé de plus de la moitié les symptômes. Il a presque supprimé le développement de mycélium sur la suture des pédoncules. » Son action destructrice des micro-organismes est confirmée par une analyse de leur présence sur l’épiderme. Aucun micro-organisme n’a été observé sur les modalités traitées à l’ozone.
Des défauts avec des fortes concentrations
« Cependant, nous avons constaté que certaines concentrations provoquent des défauts, pointe la chercheuse suisse. Les doses de plus d’1 ppm appliquées 3 h par jour ont provoqué des brûlures lenticellaires. L’aspect graisseux de l’épiderme a été augmenté avec des doses de plus de 1 ppm appliquées toutes les heures tous les deux jours. » Pour autant, l’ozone n’a pas eu d’influence négative sur les paramètres physico-chimiques des fruits. « Trop d’ozone peut induire des dégâts physiologiques sur les fruits, conclut la chercheuse. Tandis que trop peu peut ne pas être efficace contre les maladies fongiques. D’autres expérimentations sont donc nécessaires pour déterminer les fréquences et concentrations pour chaque type de fruit. »
Effets de l’ozone sur la conservation des fraises
Statuts de l’ozone
L’ozone est un gaz instable créé à partir d’oxygène grâce à un arc électrique ou à l’aide d’UV. C’est un gaz toxique facilement détectable qui se dégrade en quelques heures. L’ozone est autorisé en France pour le traitement des eaux destinées à la consommation humaine et comme auxiliaire technologique sur des produits alimentaires pour le traitement du blé avant moutures pour des produits de panification ou encore le traitement des salades prêtes à l’emploi. « Au niveau européen, cette molécule n’est pas inscrite, indique Vincent Mathieu-Hurtiger. Mais deux groupes travaillent pour l’inscrire comme biocide pour le matériel, les surfaces et les contenants. » Un travail est en cours en France avec l’administration afin de mieux connaître cette molécule. L’objectif est de définir les conditions et le cadre pour une utilisation efficace et sûre.