Loiret : comment la culture de poivron hors-sol se développe
Près d’Orléans, la production de poivrons sous serres chauffées est en expansion. La demande du marché incite des producteurs de concombres à se diversifier dans cette culture.
Près d’Orléans, la production de poivrons sous serres chauffées est en expansion. La demande du marché incite des producteurs de concombres à se diversifier dans cette culture.
La consommation de poivrons est sur une dynamique forte en France. Plus de 65 % des ménages français en achètent au moins une fois par an. « C’est un produit dans l’air du temps, dont la consommation est en développement chez les jeunes », présente Nicolas Lambert, directeur de Kultive. Malgré cette tendance positive, le poivron est encore une production de niche en France, dont les volumes avoisinent 30 000 tonnes annuelles. Les volumes français sont très minoritaires dans la quantité totale de poivrons consommés en France, à hauteur de 10 ou 20 %. Les deux premières régions françaises de production sont la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Nouvelle-Aquitaine. La région Centre-Val de Loire, plus particulièrement le secteur d’Orléans dans le Loiret, est une zone de production en croissance ces dernières années.
Les virus, principal problème sanitaire
« On compte une dizaine d’hectares de production de poivrons sous serres chauffées dans le Loiret », présente Nicolas Lambert. Les producteurs de poivrons du Loiret font partie de l’OP Sopa, dont Kultive est la structure de commercialisation. Leur potentiel de production est de 2 500 t environ. La production de poivrons dans le Loiret a démarré à la fin des années 1990, mais avait presque disparu il y a une dizaine d’années à cause d’importants problèmes de virus. « Les virus, transmis surtout par les thrips, sont les principaux problèmes sanitaires de la culture de poivron, qui y est très sensible », indique Jean-Pierre La Noë, producteur de légumes et président de l’OP Sopa.
En 2018, lorsque les deux associés des Serres modernes du Val de Loire ont souhaité construire une nouvelle serre de 5 ha, l’OP et Kultive les ont orientés vers le poivron, estimant son potentiel de développement prometteur en France. Un autre projet de serre de poivrons a vu le jour durant cette période. Depuis, la Sopa a incité d’autres producteurs sous serre à produire du poivron. « On considérait qu’on ne pouvait pas développer davantage la commercialisation de concombres, donc on a incité nos producteurs à se diversifier en poivrons », évoque Nicolas Lambert. « C’est un bon produit de diversification pour les producteurs de concombres, complète Jean-Pierre La Noë. C’est aujourd’hui le premier produit de diversification de la Sopa. »
Une culture très technique
Le poivron sous serre chauffée dans le Loiret se plante en décembre et produit de mars à novembre. « Nous sommes sur des serres avec cogénération, donc on est beaucoup moins dépendants des coûts de l’énergie », note Jean-Pierre La Noë. Les producteurs de la Sopa produisent essentiellement, en rouge et en vert, un poivron carré californien de type hollandais. La récolte démarre avec le vert en mars, puis le rouge un mois plus tard. « Le vert et le rouge sont faits avec les mêmes variétés, seul le stade de maturité change », précise Nicolas Lambert. La gamme de Kultive comporte également un peu de poivron jaune, mais sa production devrait bientôt s’arrêter car la gestion des trois couleurs est complexe.
L’un des principaux problèmes du poivron est son irrégularité de production en saison. Pour lisser cette production par vague, les producteurs font un peu de stockage, jusqu’à huit jours maximum. « Le poivron est une culture très technique, et peu productive par rapport à la tomate, qui nécessite une valorisation plus importante, décrit le directeur de Kultive. On vise un rendement de 25 à 30 kg/m². On a encore des choses à développer, avec la possibilité de créer de la segmentation en termes de formes et de couleurs. » « Il y a une bonne demande du marché, on a une volonté de développement en poivrons et on incite encore les producteurs à en produire, insiste Jean-Pierre La Noë. Il y a encore une marge de progression pour le poivron d’origine France. »
Les variétés au banc d’essai
Le CVETMO, Centre de vulgarisation et d’études techniques maraîchères de la région d’Orléans, accompagne le développement des maraîchers serristes de la région Centre-Val de Loire. Sur la partie poivron, le CVETMO effectue des essais variétaux chez des producteurs afin de faire ressortir les variétés performantes. Par exemple, un essai de 2022 chez le producteur Jacky Chéron avait pour but d’évaluer la sensibilité aux pathogènes, la qualité des fruits, le comportement et le rendement de nouveaux hybrides, et ce sous les conditions climatiques de l’Orléanais. Deux variétés se sont distinguées dans cet essai. La référence témoin Redwing (Rijk Zwaan), « retenue pour son rendement » dans cet essai, est décrite comme une plante « avec une bonne vigueur », aérée à très aérée, équilibrée, et avec une bonne nouaison. Le fruit est « ferme et épais, de couleur vert soutenu devenant rouge à rouge soutenu ». La variété Malevi (A) (Enza Zaden), « est à revoir pour son rendement et la qualité de ses fruits. » La plante est de bonne vigueur et équilibrée, la nouaison est correcte. Le fruit est « trapézoïdal et assez court avec 3 à 4 loges », « ferme et épais, de couleur verte devenant rouge avec quelques reflets plus clairs ».