"Je nettoie mes poulaillers en restant assis dans mon télescopique"
Les pintades d’Olivier Compain viennent de partir. Trois heures après, il a commencé à tout démonter. Dans la foulée, assis dans son télescopique, il commence le nettoyage avec le bras articulé qu’il a conçu.
Les pintades d’Olivier Compain viennent de partir. Trois heures après, il a commencé à tout démonter. Dans la foulée, assis dans son télescopique, il commence le nettoyage avec le bras articulé qu’il a conçu.
Installé avec cinq bâtiments de volailles de Loué à Ruillé-en-Champagne dans la Sarthe, Olivier Compain a toujours aimé bricoler. « J’étais menuisier avant de prendre la succession de mes parents en 1995. Je me plais bien en étant mon propre patron, mais j’aime fabriquer des choses », explique-t-il.
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En 2019, c’est une douleur au bras qui l’incite à réfléchir au nettoyage de ses bâtiments de 400 m2, à ventilation statique (entrée d’air par volets latéraux et sortie par le lanterneau). « Il faut tenir le nettoyeur à bout de bras pour les plafonds. En plus, vous êtes toujours mouillé et toute la poussière vous tombe sur la tête. C’est bien plus confortable quand on reste assis dans son télescopique », sourit l’éleveur de 55 ans.
Il a toujours réalisé lui-même cette opération clé pour la qualité de l’élevage et travaille tout seul pour ses 150 hectares et ses volailles. « Je ne cherchais pas forcément à gagner du temps mais vraiment de la sérénité et du confort. Ça ne me peine plus de démarrer tout de suite le nettoyage en fin de lot », explique-t-il ce mardi de décembre, trois heures après le départ d’un lot de pintades.
Réduire la pénibilité plus que le temps
L’idée de réduire la pénibilité du nettoyage et de la désinfection, sans réduire son efficacité et sans que cela ne coûte trop cher, lui trottait dans la tête depuis un moment.
« J’ai commencé par analyser tous les mouvements nécessaires car c’est compliqué d’atteindre une bonne qualité de lavage, extérieur et intérieur du bâtiment, plafond, murs de côté, chaînes, pipettes… Les landerneaux des nouveaux bâtiments sont plus hauts, ils ont des plats différents etc. Et les lots d’hiver sont toujours plus sales que les lots d’été, les canards sont différents des poulets, des pintades ou des dindes qui sont sûrement les plus dures pour le nettoyage car elles sont restées plus longtemps », illustre celui dont les bâtiments accueillent indifféremment toutes les espèces. « Les plus vieux bâtiments sont en fait plus faciles à laver car les landerneaux des plus récents retiennent plus la poussière qui retombe toujours sur le côté », constate-t-il.
Il compte toujours entre un jour et demi et deux jours de nettoyage par bâtiment l’hiver, tout compris : nettoyage extérieur, intérieur, curage, désinfection, nettoyage de tout le petit matériel et chaulage, qu’il effectue de plus en plus régulièrement et qui se montre efficace dans la gestion du parasitisme et de la structure du sol, surtout devant les trappes.
Analyser les mouvements
« J’aime cette phase d’analyse, pour bien comprendre ce que je faisais avec mon bras. Le besoin pour avancer dans le bâtiment et avoir de l’énergie c’était facile avec le télescopique. Alors, j’ai réalisé un premier prototype avec ce que j’avais dans mon atelier, deux vérins et un peu de métal, télécommandé par le joystick du télescopique. J’ai monté une plateforme avec une pompe et un bac devant le télescopique ; j’ai fonctionné comme ça une petite année pour nettoyer après huit lots. Mais avec deux vérins, il me manquait le mouvement de rotation du poignet et l’épaule ».
Il en parle donc avec Patrice Pommier, un ami qui possède Metalaic, une entreprise de métallurgie à Vernie. Car aller plus loin impose de réaliser un parallélogramme repliable pour la première section qui mime l’allongement horizontal et de trouver une solution pour la rotation du « poignet ». « C’est vraiment un boulot de pro conçu par un super mécanicien qui a le sens de la mécanique et qui trouve les solutions techniques pas trop chères avec un dessin par ordinateur, une découpe au laser etc. », explique Olivier Compain.
Le bras articulé actuel comporte quatre sections qui permettent les mouvements de haut en bas et l’extension tant à l’horizontal qu’à la verticale. Le dernier segment, celui qui tient la buse, tourne comme un poignet. Ils lui permettent de mimer réellement le bras humain sauf la rotation de l’épaule à l’horizontale : « ce n’est pas forcément nécessaire car on avance avec le télescopique. Et cela aurait renchéri le coût. Le bras actuel m’a coûté environ 5 000 euros, et je me suis débrouillé pour monter le bac de 1 000 litres devant le télescopique ».
Et les deux compères n’ont sûrement pas terminé, car ils ont envie de décliner le concept. « Les bâtiments plus grands en auraient peut-être encore mieux l’usage que moi puisque je suis un peu à l’étroit dans mes bâtiments… », sourit l’éleveur.