Aller au contenu principal

Les exportations françaises de blé tendre attendues en chute libre en 2020-2021

Dans la première fournée de son bilan prévisionnel de blé tendre 2020-2021, FranceAgriMer anticipe une forte chute des exportations françaises de blé tendre. Le bilan de blé dur s’annonce très tendu pour une seconde année consécutive, tandis que la situation reste lourde en orge.

Les exportations françaises de blé tendre en dehors de l’Union européenne pourraient dévisser cette saison de plus de 40 %, pour s’établir en dessous de 8 Mt, faute de disponibilité suffisante. © J.-C. Gutner
Les exportations françaises de blé tendre en dehors de l’Union européenne pourraient dévisser cette saison de plus de 40 %, pour s’établir en dessous de 8 Mt, faute de disponibilité suffisante.
© J.-C. Gutner

C’est une lapalissade, mais plus que jamais d’actualité : les années se suivent et ne se ressemblent pas pour le bilan français du blé tendre. Dans la première livraison de son bilan prévisionnel pour le blé tendre, l’office FranceAgriMer anticipe une dégringolade des exportations vers pays tiers. En 2019-2020, elles avaient dépassé 13,6 millions de tonnes (Mt), établissant au passage un nouveau record, grâce à une conjonction de conditions favorables.

C’est une tout autre configuration qui s’annonce pour 2020-2021. Les exportations françaises en dehors de l’Union européenne pourraient dévisser de plus de 40 %, pour s’établir en dessous de 8 Mt. Principale raison : une disponibilité tricolore en forte baisse du fait d’une petite récolte, attendue en dessous de 32 Mt. Outre cette variable, la performance française à l’export dépendra de la compétitivité face aux concurrents, mer Noire et Argentine en tête, et de la demande des pays importateurs.

Retour probable de l'Australie et interrogations sur la demande chinoise

Le disponible exportable sera également tributaire de la consommation des fabricants d’aliments du bétail tricolore. Celle-ci devrait reculer à un niveau bas (prévu aujourd’hui à 4,4 Mt par FranceAgriMer, en repli de 400 000 tonnes sur un an), du fait d’une concurrence probablement accrue du maïs.

Marion Duval, adjointe au chef de l’unité Grains & Sucre chez FranceAgriMer, a souligné, lors d’une conférence de presse le 8 juillet, plusieurs inconnues qui influeront sur la future performance à l’export du blé tendre français. « L’une des questions est de savoir quelle sera la demande de la Chine pour le blé français, après des volumes inédits en 2019-2020, a précisé Marion Duval. Il faudra aussi surveiller le retour de l’Australie sur le marché mondial, ainsi qu’une possible diversification de ses fournisseurs de la part de l’Algérie. »

Vers une ouverture du marché algérien au blé russe ?

Une chose est sûre, selon Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer : « avec une prévision d’export de 8 Mt, il y aura de la place pour des expéditions vers l’Égypte et vers la Chine, en plus de nos débouchés traditionnels. » Concernant l’Algérie, le spécialiste souligne qu’il n’y a pas « de nouveaux éléments précis » laissant présager l’ouverture du marché algérien au blé russe, actuellement exclu du fait de spécifications très contraignantes sur les dégradations qualitatives provoquées par les punaises.

Toutefois, « c’est un risque qui pourrait connaître un début de concrétisation du fait de la forte baisse des recettes de l’Algérie suite à la baisse des cours du pétrole, met en garde Marc Zribi. Nous sommes en effet encore loin des prix permettant à l’Algérie d’équilibrer ses comptes, estimés à 50 dollars par baril environ. » Cette situation pourrait pousser le géant d’Afrique du Nord et principal client du blé français à s’autoriser des importations de blé russe, fréquemment moins cher que le blé tricolore.

Prévisions de bilan équilibré en blé tendre, tendu en blé dur, lourd en orge

Pour l’heure, FranceAgriMer table sur un bilan du blé tendre relativement équilibré en 2020-2021, avec un stock final projeté à 2,6 Mt, en retrait de 0,4 Mt par rapport à 2019-2020, mais supérieur au niveau de 2018-2019. Le bilan du blé dur, lui, s’annonce extrêmement tendu en France pour la seconde année consécutive (tout comme en Europe et, plus largement, à l’échelle mondiale). La très faible production prévue cette année, à 1,3 Mt, serait la plus basse depuis plus de vint ans. Cela résulte d'une faible surface et de rendements médiocres. Le stock final de blé dur français ne devrait donc pas remonter après le niveau déjà très bas atteint en juin dernier, pour stagner à environ 0,1 Mt.

À l’inverse, les stocks d’orge pourraient continuer de gonfler en France à la fin de la campagne 2020-2021. FranceAgriMer les projette à plus de 2 Mt, en hausse de 0,5 Mt sur un an, soit près d’1 Mt de plus que les stocks enregistrés lors des campagnes entre 2013 et 2017. Cette lourdeur s’explique par une offre mondiale abondante, la compétition du maïs pour le débouché de l’alimentation animale, et par une industrie de la malterie durement touchée par la crise de la Covid-19.

Tous ces bilans prévisionnels sont encore sujets à caution. « La récolte n’est pas achevée et il y a encore de nombreuses inconnues, a insisté Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer. Ces chiffres sont donc à prendre avec prudence. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne.</em>
Mauvaises récoltes 2024 : « On rogne sur notre rémunération et sur l’entretien du matériel, faute de trésorerie suffisante »
Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne. Il témoigne de ses difficultés depuis un an liées…
<em class="placeholder">Agriculture. Semis de blé. tracteur et outil de travail du sol à l&#039;avant. agriculteur dans la cabine. implantation des céréales. lit de semences. semoir Lemken. ...</em>
Semis tardif de céréales : cinq points clés pour en tirer le meilleur parti

Avec une météo annoncée sans pluie de façon durable, un semis tardif de blés et d'orges dans de bonnes conditions de ressuyage…

[VIDÉO] Dégâts de grand gibier : une clôture bien installée pour protéger le maïs des sangliers

Agriculteur à Saint Fuscien dans la Somme, Valère Ricard a pu recourir aux services de la fédération des chasseurs de son…

<em class="placeholder">Bord de champ inondé après un excès de pluie en bordure d&#039;un champ de céréales. Avril 2024 dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir</em>
Difficultés de trésorerie : quelles sont les mesures existantes pour faire face ?

Les mauvaises récoltes pèsent sur les trésoreries. Des mesures ont été annoncées par l’État alors que la MSA, les banques et…

Pierre Devaire, agriculteur en Charente, dans une parcelle.p
Récoltes 2024 : « une campagne traumatisante » pour les céréaliers du Poitou-Charentes

L’heure est au bilan chez les producteurs de céréales, au terme d’une campagne 2024 qui fut difficile du début à la fin. Les…

<em class="placeholder">Moisson du Colza dans les plaines cerealieres de la Marne. Agriculteur moissonnant sa parcelle de Colza avec une moissonneuse bateuse Claas 740 Lexion.  Livraison du Colza a ...</em>
Prix du blé et du colza 2024 : quand vendre votre récolte ?

L’embellie du prix du colza depuis quelques semaines offre quelques opportunités aux producteurs de grandes cultures. C’est…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures