Les engins de manutention agricole se mettent à l’électrique
À l’instar du secteur automobile, l’entraînement électrique des engins de manutention est de plus en plus plébiscité par les agriculteurs. Les constructeurs répondent avec des technologies largement éprouvées, mais aussi plus récentes.
À l’instar du secteur automobile, l’entraînement électrique des engins de manutention est de plus en plus plébiscité par les agriculteurs. Les constructeurs répondent avec des technologies largement éprouvées, mais aussi plus récentes.
De nombreux fournisseurs de la manutention agricole s’intéressent à l’animation électrique des valets de ferme, chargeuses et télescopiques. Pour l’instant, ils proposent plutôt des engins de faible puissance, mais tous s’accordent à dire qu’avec l’évolution des technologies, l’offre électrique va s’étoffer vers plus de puissance et que les performances vont progresser.
Une demande croissante
Dans le monde agricole, la demande pour l’électrique est de plus en plus présente, aidée par la forte médiatisation des véhicules électriques. Les premiers utilisateurs agricoles sont fréquemment coutumiers de l’électricité, qu’ils produisent sur leur ferme et pour lesquels, utiliser l’énergie de l’exploitation fait sens. On consomme ce qu’on produit, ce qui est bon pour l’image et valorise la démarche d’une agriculture circulaire plus autonome.
Le silence de fonctionnement constitue également un argument de poids, surtout à l’intérieur des bâtiments où il arrive assez souvent de laisser le moteur tourner au ralenti pendant une intervention. Ne pas respirer de gaz d’échappement est aussi un avantage certain. L’absence des vibrations de la motorisation thermique contribue aussi au confort de l’opérateur. Seuls sont entendus les bruits d’hydraulique et de roulement.
La stratégie électrique des constructeurs est plus ou moins avancée. Nombre d’entre eux ont fait le choix de remplacer le moteur diesel et la transmission d’un modèle existant par un pack de batteries et deux moteurs électriques. D’autres ont conçu des engins spécifiques, à l’image du télescopique E-Worker de Merlo récemment commercialisé.
Capable d’atteindre 4,80 m de haut et de soulever 2,5 tonnes, le E-Worker dispose de moteurs électriques dans les roues avant non-directrices, voire sur l’essieu arrière. Bobcat a doté sa récente chargeuse skid-steer T7X à chenilles (peu utilisées en agricole) d’une batterie lithium-ion pour l’avancement et la manutention.
Performances comparables, autonomie réduite
Concernant les performances, les constructeurs et les premiers utilisateurs ne constatent pas de différences notables de débit à la manutention. « Comparativement à son équivalent thermique, confie Maxime Lenoir, du constructeur anglais JCB, le 526-60 E a une conduite un peu plus linéaire, très légèrement moins nerveuse. Cela ne signifie pas pour autant que ces engins sont moins coupleux en traction/poussée. » Ainsi, chez Bobcat, la chargeuse T7X affiche un couple trois fois supérieur à son modèle thermique équivalent.
Les seules différences restent la vitesse maximale d’avancement (12,5 à 20 km/h) et l’autonomie. Selon les marques et les engins, celle-ci est annoncée de 3,5 à 8 heures en usage classique, et de 2,5 à 5 heures en intensif. JCB a dimensionné sa batterie en considérant les temps d’utilisation des engins thermiques : « 92 % d’entre eux ne dépassent pas 3 heures de travail quotidien », assure Maxime Lenoir. Quant à son télescopique E-Worker, Merlo propose trois modes d’intensité d’utilisation, inversement proportionnels à l’autonomie.
Avantage au lithium-ion
Pour ce qui est des batteries, il existe deux familles : celles au plomb et celles au lithium-ion. Les premières bénéficient d’un savoir-faire et d’une expérience de plusieurs décennies, à l’image de celles des chariots élévateurs des entrepôts industriels. C’est le choix fait par Weidemann qui a amélioré les performances au fur et à mesure que se sont succédé les quatre générations de son valet de ferme E Hoftrac 1160, sorti en 2014.
« Les batteries au plomb sont facilement recyclables et participent par leur poids à l’équilibre du chargeur », confie-t-on chez Merlo. Pour assurer une bonne longévité à cette batterie, il est préférable de la vider complètement. Ce n’est pas nécessaire avec les batteries lithium-ion, plus chères à l’achat, mais ayant un nombre de cycles de charge beaucoup plus important (2 000 à 5 000 selon les marques).
Reste la question du prix… Le surcoût est au minimum de 30 % pour les modèles à batterie plomb à près du double pour certains modèles avec batteries lithium. En contrepartie, le faible entretien (niveau d’eau dans la batterie, graissages), la quasi-absence de vidanges (uniquement pour l’hydraulique) et le coût du kilowattheure, jusqu’à présent inférieur à l’équivalent pétrole, permettraient un retour sur investissement entre deux et cinq ans, selon l’usage.
Réduire la durée de charge
L’autre façon de combattre la dépendance au temps de recharge, c’est de proposer un super chargeur monté en 380 V, en complément du chargeur habituel 220 V. Le temps de charge complet passerait ainsi de 8-10 heures à 1 h 50-2 h 30, permettant de doubler l’utilisation journalière, moyennant une recharge dans la journée. Certains constructeurs proposent aussi des systèmes de recyclage et récupération d’énergie lors des freinages ou des descentes du bras, mais sans augmenter de manière substantielle l’autonomie. Certaines marques offrent la possibilité de changer la batterie, par le biais de solutions de manutention optionnelles. Sur son valet de ferme 23 E, Schäffer propose deux jeux de batteries pour augmenter l’autonomie.
Principaux fournisseurs d’engins électriques agricoles
Avant Tecno : modèle télescopique série E (E5 et E6)
Bobcat : skid-steer T7X
Eurotrac : valet de ferme W11-E
Faresin : télescopique Full 626 Electric
JCB : télescopique 525-60 Tech-E
Knikmops : valet de ferme KM 140 E (standard et endurance)
Kramer : chargeuses KL 25.5 E et 5055.E