Légumes de France en congrès à Nantes
« Arrêtons de vouloir être les premiers de la classe en Europe pour sortir les boulets qui pèsent sur la production française, alors que les consommateurs attendent nos produits », demande Jacques Rouchaussé avant le congrès de Légumes de France les 9 et 10 décembre 2021.
« Arrêtons de vouloir être les premiers de la classe en Europe pour sortir les boulets qui pèsent sur la production française, alors que les consommateurs attendent nos produits », demande Jacques Rouchaussé avant le congrès de Légumes de France les 9 et 10 décembre 2021.
Annulé en 2020, le 64e Congrès de Légumes de France se déroulera les 9 et 10 décembre prochains à Nantes, accueilli par la Fédération des Maraîchers nantais. Pour Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, ce congrès fait suite à une campagne 2021 marquée par des conditions climatiques atypiques de gels tardifs, d’inondations et d’orages violents. « Nous n’avons pas manqué de productions, mais les calendriers ont été très perturbés et souvent retardés », mentionne-t-il.
Le responsable professionnel regrette surtout « l’oubli des bonnes résolutions de la distribution à l’égard des productions françaises lors de la crise du Covid en 2020 ». « La guerre des prix entre les grands distributeurs et le hard-discount a repris sur fond d’importations, alors que les consommateurs sont en attente de produits Origine France et prêts à assumer une meilleure rémunération des producteurs, constate Jacques Rouchaussé. Il faut arrêter les soldes permanentes ».
Le fardeau réglementaire « franco-français »
Des augmentations de coûts de production sont à venir avec la hausse croissante des intrants : engrais, semences et surtout énergie. « Le prix du gaz a connu une augmentation fulgurante avec +45 % sur 2021. C’est le deuxième poste de charges pour les entreprises serristes dont certains envisagent des modifications de leur calendrier de culture », annonce-t-il. Une situation qui aura pour conséquence de réduire la période de disponibilité des productions françaises, compensées par des importations, et concentrer l’offre nationale sur une période plus courte avec des risques de télescopage.
Le décret sur la réglementation de l’usage des emballages plastiques pour les fruits et légumes vient également alourdir le fardeau réglementaire « franco-français » que subissent les producteurs. « On nous a gentiment écoutés avant de proclamer un décret sans concertation alors que notre centre technique avait anticipé cette réglementation pour la rendre effective avec de vraies solutions en 2025 », précise-t-il. Comme pour les autorisations d’usages des produits phytosanitaires, « les producteurs français subissent la politique du premier de la classe conduite par l’Etat français auprès de ses voisins européens », remarque Jacques Rouchaussé pour qui « même s’il est bon d’être les moteurs de l’évolution, les années d’avance sont des boulets aux pieds de la production française ».
Le responsable syndical demande donc une pause dans les réglementations, constatant que « nous avons la sécurité alimentaire la plus contraignante d’Europe mais aussi des défis à relever comme celui d’atteindre l’autonomie alimentaire des collectivités et passer la barre des 70 % des besoins nationaux de légumes et de fruits ».
Au programme
Jeudi 9 décembre
Matin : découverte de la filière maraîchère nantaise et de ses acteurs.
Après-midi : table ronde « Monde d’après : comment développer la production nationale ? »
Vendredi 10 décembre
Matin : table ronde « Monde d’après : comment capitaliser sur la confiance renforcée des consommateurs dans les produits français ? ».
Sylvie Brunel (économiste-géographe), Eric Birlouez (sociologue en agriculture et en alimentation), Dominique Batani (directeur du Marché international de Rungis), Jacques Rouchaussé (président de Légumes de France), Valentin Bonfils (Maraîchers nantais).