Aller au contenu principal

Le vaccin vivant, une arme de plus contre la salmonelle en poule pondeuse

Les vaccins vivants contre la salmonelle sont désormais autorisés en filière ponte. Favorisant une immunité locale forte et rapide, ils limitent le risque d’infection des poules et la contamination des œufs.

Administrables par l’eau de boisson, les vaccins vivants sont plus aisés à distribuer en élevage de poulettes.
Administrables par l’eau de boisson, les vaccins vivants sont plus aisés à distribuer en élevage de poulettes.
© P. Le Douarin

Depuis le 4 mars 2023, les poulettes futures poules pondeuses d’œufs de consommation peuvent être vaccinées avec des vaccins vivants contre les salmonelles. Attendue depuis longtemps par les éleveurs et les vétérinaires, cette décision des autorités va contribuer à améliorer la lutte contre la bactérie, en complément du socle de base de la biosécurité. Il s’agit d’un enjeu de santé publique. La bactérie est la première cause de toxi-infections alimentaires en France, l’œuf étant le premier aliment mis en cause. L’Hexagone ne fait plus partie des bons élèves en matière de prévalence dans les troupeaux de poules pondeuses et dépasse depuis deux ans le seuil réglementaire européen de 2 % en Salmonella Enteritidis (SE) et Typhimurium (ST), fixé par l’Union européenne. En 2021, ce seuil atteignait 2,34 % en filière ponte en 2021 contre 1,14 % en 2017. Celui de 2022 s’annonce dans la même tendance. « Selon le dernier rapport de l’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa 2022), la France représente 28 % des cas européens de SE en poule pondeuse, 36 % pour ST, alors qu’elle ne représente que 13 % du cheptel européen », souligne Marc Henninger, du laboratoire Elanco. La France était un cas particulier en termes de pratiques vaccinales, seule parmi les principaux producteurs d’œufs européens à interdire la vaccination avec des vaccins vivants. Certains pays l’ont même rendu obligatoire : l’Allemagne, l’Espagne ou encore le Royaume-Uni dans le cadre du Lion Code.

Une meilleure protection locale

En France, jusqu’à présent, la vaccination pouvait uniquement se faire avec des vaccins inactivés SE-ST. Administrés par injection, ils étaient relativement peu employés en filière œuf de consommation, davantage sur les cheptels de reproducteurs. Administrables par l’eau de boisson, les vaccins vivants sont plus aisés à distribuer. Ils présentent surtout l’intérêt de créer une immunité locale plus forte et plus précoce. Présente dans l’environnement, la bactérie Salmonella infecte la volaille par voie orale et se multiplie dans l’intestin puis contamine les organes internes. Elle est surtout présente à l’intérieur des cellules.

« Le vaccin vivant a des avantages indéniables, en particulier contre les sérovars ubiquistes tels que SE et ST, qui restent souvent en local dans l’intestin, confirme François Meurens, professeur d’immuno-virologie à Nantes (laboratoire Oniris). Le mode d’administration par voie muqueuse protège de l’infection au niveau des cellules. Les bactéries vivantes atténuées du vaccin rentrent en compétition avec les bactéries pathogènes. Ces dernières sont neutralisées avant de franchir la paroi intestinale, ce qui limite le risque d’infection des poules et de transmission à l’œuf. »

Par ailleurs, la vaccination avec un vaccin vivant permet une protection hétérologue (par exemple, la souche vaccinale ST sur la bactérie Salmonella Heidelberg), celle-ci étant peu importante avec un vaccin inactivé. « La protection homologue (souche vaccinale SE sur bactérie SE) sera toutefois plus efficace qu’une protection hétérologue. »

Une autorisation sous conditions

L’arrêté autorisant la vaccination par des vaccins vivants en filière ponte concerne les troupeaux de plus de 250 animaux et tous les troupeaux qui livrent un centre de conditionnement d’œufs (y compris les petits élevages en circuits courts). Pour pouvoir vacciner avec un vaccin vivant, les élevages doivent disposer de l’agrément charte sanitaire ou demander une inspection officielle réalisée par la DDPP, qui vérifiera la conformité du respect de l’arrêté biosécurité du 29 septembre 2021. Il ne pourra pas y avoir de rappel de vaccination en période de ponte. Les laboratoires d’analyses doivent par ailleurs disposer de méthodes de différenciation des souches sauvages et vaccinales (méthode Diva).

À retenir

L’utilisation des vaccins vivants salmonelles est désormais autorisée chez les poulettes futures pondeuses d’œufs de consommation ainsi que chez les futurs reproducteurs en filière ponte et chair au stade multiplication, conformément à l’article 7 de l’arrêté paru le 4 mars, remettant à jour le programme national de lutte contre les salmonelles.

Le saviez-vous

Trois vaccins vivants salmonelles sont autorisés en France : deux contenant une souche SE : Avipro Salmonella vac E (Elanco) et Cevac Salmovac (Ceva) ; un vaccin contenant deux souches vaccinales SE et ST : Avipro Salmonella Duo (Elanco)

La vaccination est un outil additionnel à la biosécurité

Pour accompagner les éleveurs et groupements dans la réduction du risque salmonelles en élevage, le laboratoire a développé le plan d’action Salmonella 360°, une approche globale, abordant tous les aspects de la sécurité alimentaire : sources de contamination, interventions en élevage (biosécurité, vaccination), solutions de produits et de programmes dont l’outil d’évaluation et de prédiction du risque de salmonelle FSP (Food Safety Programm).

 

 
Dmytro Radko, d’Elanco Allemagne : « Des prélèvements chiffonnettes sont réalisés dans les points à risque identifiés lors de l’audit FSP. »
Dmytro Radko, d’Elanco Allemagne : « Des prélèvements chiffonnettes sont réalisés dans les points à risque identifiés lors de l’audit FSP. » © A. Puybasset
« Déployé depuis dix ans en Allemagne, il est basé sur un audit complet de l’élevage pour identifier les points à risque (échantillonnage à partir de chiffonnettes), l’élaboration d’un plan d’action et le suivi des mesures en place », précise Dmytro Radko, d’Elanco Allemagne. « Les cas de contaminations SE/ST en pondeuse ou repro sont devenus rares. Ils sont plus fréquents dans les petits élevages mobiles, qui représentent aujourd’hui 10 % du cheptel poule pondeuse allemand. La vaccination des poulettes est obligatoire contre SE (également contre ST après un foyer). 100 % des cheptels sont vaccinés avec un vaccin vivant. »

Les plus lus

<em class="placeholder">biodevas Olivier Rousseau qualité de l&#039;eau poulets éleveur surveillance travail</em>
Deux enquêtes sur le bien-être des éleveurs de volailles 

Deux enquêtes récentes auprès d’éleveurs de volailles ont aidé à définir différentes dimensions de la qualité de vie au…

<em class="placeholder">Les grands bâtiments de reproducteurs deviennent la règle pour fournir le groupe d’accouvage BD France.</em>
Un bâtiment de poules reproductrices fait pour durer au moins trente ans

Le bâtiment de Nicolas Grellepoix est ce qu’il y a de mieux pour assurer une production d’œufs à couver nombreuse et de…

<em class="placeholder">Marina et Nicolas Grellepoix. Détenu par Nicolas, le bâtiment neuf complète idéalement l’atelier de 9000 poules parentales de Marina, situé à proximité.</em>
En Bretagne, Nicolas Grellepoix se reconvertit avec un grand atelier de poules reproductrices

À 51 ans, Nicolas Grellepoix change de métier pour devenir producteur d’œufs à couver à Loguivy-Plougras, dans les Côtes-d’…

<em class="placeholder">Sylvain Privat : « J’ai deux heures de lavage manuel, contre douze heures auparavant. La période du vide sanitaire était la plus fatigante. Aujourd’hui, je peux ...</em>
« Le robot de lavage soulage mes épaules », explique Sylvain Privat, producteur de canards gras

Trois engraisseurs de canards du Périgord ont investi dans un robot de lavage, Evo Cleaner, pour faciliter le…

<em class="placeholder">Le travail en volière nécessite des compétences spécifiques, d’ordre animalière, technique mais aussi mécaniques pour les réparations.</em>
La volière a modifié le travail des producteurs d’œufs

L’élevage de poules pondeuses en volière est plus technique, physique et chronophage qu’en cage. Une enquête auprès d’éleveurs…

<em class="placeholder">éleveur avec poussin dans la main dans son poulailler</em>
« Je gagne dix fois plus en volaille qu'en bovin par heure de travail"

Loeizig Rivalan raisonne toutes ses décisions sur l’exploitation en fonction du temps de travail, qu’il mesure au quotidien.…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)