Le pruneau gravement touché par le gel
Après avoir subi le gel dévastateur d’avril 2021, voici qu’avril 2022 ne fait pas non plus de cadeaux aux producteurs de pruneaux. Un nouveau coup dur qui vient encore fragiliser une filière qui comptait se refaire une santé lors de cette prochaine campagne.
Après avoir subi le gel dévastateur d’avril 2021, voici qu’avril 2022 ne fait pas non plus de cadeaux aux producteurs de pruneaux. Un nouveau coup dur qui vient encore fragiliser une filière qui comptait se refaire une santé lors de cette prochaine campagne.
En 2021, la production de pruneaux français s’est élevée à 16 400 t au lieu des 40 000 t habituellement récoltées. La faute aux gelées tardives d’avril qui ont détruit les bourgeons. « Heureusement, le régime de calamité agricole a été déclaré et les producteurs ont pu être indemnisés », explique Rosalinde Jaarsma, secrétaire générale du Bureau interprofessionnel du pruneau (BIP). Avec une consommation en baisse et des stocks relativement importants, la saison a été plutôt sauvée et l’offre a donc pu satisfaire la demande. Mais aujourd’hui, « nous comptions sur 2022 pour reconstituer nos stocks et avec la douceur de mars et les stades végétatifs des pruniers bien avancés, le gel de début avril pourrait faire de très gros dégâts ». En effet, si on considère que -1,5 °C constituent le seuil critique à cette étape de production, les -4,5 °C du 2 au 5 avril ont largement pu occasionner un véritable désastre. « Il est trop tôt pour évaluer finement les pertes, mais on estime que 70 % de la récolte est d’ores et déjà compromise, se désole Rosalinde Jaarsma. La rupture de stock est quasi certaine. »
Une consommation en berne
Avant ces drames climatiques à répétition, le pruneau pâtissait déjà d’une certaine baisse de consommation. « Nous avons besoin de recruter de nouveaux consommateurs parmi les 30 ans et plus. Les plus jeunes ne connaissent pas le pruneau alors qu’il s’agit du seul fruit séché français, s’insurge la secrétaire générale du BIP. Il est local, il bénéficie d’une traçabilité complète et c’est un super fruit. » L’interprofession a d’ailleurs prévu de communiquer là-dessus avec le slogan : « Bon pour la santé, bon tout court ». Il faut également s’adapter au goût des consommateurs qui, à 50 %, optent pour du pruneau dénoyauté, et portent un intérêt accru aux pruneaux surhumidifiés, « plus proches du fruit », mais qui ne peuvent bénéficier de l’IGP. « L’adaptation pourrait passer par une modification du cahier des charges », mais toujours dans une logique de montée en gamme.
Le pruneau bio, qui représente 20 % du verger, « mais pas 20 % du volume, plutôt 10 % avec des rendements plus faibles », montre des signes d’essoufflement, tout comme les autres produits bio au rayon frais. « Nous devons donc rester vigilants au niveau des conversions, il ne faudrait pas que le travail des producteurs finisse par ne pas être valorisé au bon niveau », met en garde Rosalinde Jaarsma.
Du pruneau dès le plus jeune âge
Un autre chantier est celui de la transformation, avec la production de petits fruits pouvant être intégrés dans des recettes de baby food, de muesli ou de jus pour les jeunes… « pour habituer à consommer du pruneau dès le plus jeune âge, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui ». En septembre prochain, l’IGP pruneau d’Agen fêtera ses vingt ans, l’occasion pour le BIP d’organiser un événement qui donnera une visibilité à ce produit qui mérite d’être « modernisé, découvert et apprécié pour ses innombrables qualités ».
Le pruneau en chiffres
Le bureau interprofessionnel du pruneau regroupe 873 producteurs, « un chiffre en décroissance structurelle, les producteurs ayant un âge moyen de 55 ans », précise Rosalinde Jaarsma, secrétaire générale. La surface, quant à elle, reste constante à 12 000 ha, pour une production « attendue » de 40 000 t annuelles.