Elevage des veaux au Québec : « Le colostrum, c’est bien plus que des anticorps »
Pour la nutritionniste québécoise Déborah Santschi, le premier repas de colostrum est extrêmement important car il a un impact à très long terme sur la génisse. Cela vaut la peine de bien faire. Elle nous livre les recommandations en vigueur au Québec où l’âge moyen au premier vêlage est de 25,5 mois.
Pour la nutritionniste québécoise Déborah Santschi, le premier repas de colostrum est extrêmement important car il a un impact à très long terme sur la génisse. Cela vaut la peine de bien faire. Elle nous livre les recommandations en vigueur au Québec où l’âge moyen au premier vêlage est de 25,5 mois.
Les 4 litres de colostrum sont-ils toujours d’actualité au Québec ?
Quels facteurs influent sur sa teneur en anticorps?
Quelles sont les autres raisons de donner très vite du colostrum ?
Quelles sont vos recommandations pour les premiers repas ?
Pourquoi certaines vaches ont-elles peu de colostrum ?
Congélation en sacs de 1 litre stockés à plat
Seul le lait de la première traite à 22 % minimum au réfractomètre est congelé. " Nous utilisons des sacs de 1 litre, en notant la vache et la qualité. Ils sont stockés à plat. Cela permet une décongélation beaucoup plus rapide (10-15 min à plat contre 20-25 min debout et 1h30 en bouteille) au bain-marie dans de l’eau à 40°C. Pensez à le mettre dans un deuxième sac, sinon vous aurez des surprises lors de la décongélation. "
L’alternative à la congélation est le colostrum en poudre. " Il est stérile, facile et rapide à utiliser. Mais il est un peu moins riche qu’un colostrum de qualité, notamment en hormones et stéroïdes. Attention, pour le même prix au Canada, la teneur en IgG varie de 1 à 4. "
Le saviez-vous ?
Un veau qui grelotte après la naissance absorbe beaucoup moins d’anticorps. Au Québec, les éleveurs mettent beaucoup de paille : c’est un très bon isolant « à condition d’en mettre suffisamment pour qu’on ne voit pas les pattes du veau couché ». De la paille sèche, aérée, changée régulièrement pour éviter l’accumulation de pathogènes et d’ammoniac. De plus en plus d’éleveurs québécois installent des lampes chauffantes.
Huit litres de lait dès le quatrième jour
L’objectif est d’obtenir 1 kg de GMQ pendant la période de présevrage.
« Suivez le veau, ne le freinez pas ! S’il a bu 7 litres le premier jour (4 l puis 2-3 l), il est certainement capable de boire plus que 2x2 litres au jour 2. Profitez de cette phase où la conversion alimentaire est beaucoup plus grande », recommande Déborah Santschi. Le plan classique au Québec est de donner 2x3 litres au jour 2, puis 2x4 l au jour 4. Ceci jusqu’au sevrage qui se fait par paliers sur une dizaine de jours. De plus en plus d’éleveurs donnent le lait à volonté le premier mois (certains sont à 10 litres) et redescendent à 8 litres le deuxième mois. " On stimule énormément la génisse pendant la période où la seule chose qu’elle peut digérer est la protéine laitière, pour maximiser sa croissance. »
Pour la poudre de lait, la nutritionniste recommande d’utiliser une poudre avec 100 % de protéines de source laitière, 16 à 19 % de gras, avec un minimum de 26 % de protéines pour des veaux consommant 8 litres. " Mais s’ils boivent 6 litres, une poudre à 24 % convient. " L'objectif est d'obtenir du muscle.
Attention à la température de mélange : « trop chaud, on cuit la protéine et le veau ne l’absorbe pas ». Et à la quantité de poudre : « utilisez une balance. Avec un gobelet, d'après nos mesures, la quantité de poudre peut varier de près de 30 % suivant que l’on puise dans le haut du sac (non tassé) ou dans le bas du sac ». La préconisation est de 150 g de poudre par litre de buvée, cela veut dire 171 g par litre d’eau. En pratique, « on prend 4 litres d’eau, on met 1,2 kg de poudre, on mélange, on complète à 8 litres, et on mélange avec un agitateur ».
« La clé du succès, c’est d’être constant : le même lait, à la même température, à la même concentration, servi à la même heure et tous les jours. Si l’horaire est décalé de deux heures, les veaux auront soif, vont boire beaucoup plus vite, ce qui va perturber leur système digestif. Le manque de constance est l’une des grandes causes de diarrhées. »