Au pâturage, le positionnement d’un fil de clôture au-dessus de l’abreuvoir peut créer des courants parasites et diminuer la consommation d’eau. Dans ce cas, il est impératif d’isoler le fil sur cette portion.
Stéphane Gontard - « Les besoins en eau varient selon l’âge de l’animal, son stade physiologique, son niveau de production laitière, la teneur en matière sèche de la ration et les conditions climatiques. Une vache en lactation consomme de 60 litres jusqu’à 140 litres en période de fortes chaleurs. La moyenne se situe entre 80 et 100 litres. Ses besoins peuvent être évalués à partir de sa production laitière. Il faut compter 2 à 3 litres d’eau consommés par kilo de lait produit. Une vache produisant 30 kilos de lait aura donc besoin de boire entre 60 et 90 litres d’eau par jour. L’évaluation peut aussi s’appuyer sur la quantité de matière sèche ingérée (MSI). Dans ce cas, la quantité d’eau est comprise entre 3 et 5 l/kg MSI. Si la vache ingère 20 kilos de matière sèche, elle boira donc environ 60 à 100 litres d’eau. »
Quel est l’impact de la température extérieure ?
S. G. - « Quand la température extérieure avoisine 20 °C, une vache produisant 30 kilos de lait a besoin de boire environ 100 litres d’eau. Puis, il faut compter au minimum 10 litres d’eau supplémentaires quand la température augmente de 10 degrés. De plus, les vaches n’aiment pas l’eau trop froide. La température de l’eau idéale se situe entre 15 et 25 °C. Lorsque l’installation de traite est équipée d’un prérefroidisseur, en hiver, les vaches s’abreuvent de préférence dans les abreuvoirs contenant l’eau réchauffée par le prérefroidisseur plutôt que dans les autres. »
Comment fournir assez d’eau aux vaches ?
S. G. - « Dans un bâtiment, il faut compter un point d’eau pour 10 à 15 vaches en lactation, avec un minimum de deux points d’eau. Chaque vache doit disposer d’un accès à l’abreuvoir de 70 cm. Par ailleurs, 10 % (en hiver) à 15 % (en été) des vaches doivent pouvoir boire en même temps. Ainsi, pour un troupeau de 100 vaches, 10 à 15 vaches doivent pouvoir s’abreuver en même temps. Elles doivent donc disposer de 7 m à 10,5 m de long d’abreuvoir en six abreuvoirs.
Le niveau d’eau doit se situer à 70-85 cm du sol, sinon la vache va laper. La profondeur de contact du mufle dans l’eau doit être au minimum de 3 à 4 cm. D’où l’intérêt d’installer des abreuvoirs à niveau constant pour les bovins adultes plutôt qu’à palette. Il faut aussi éviter de placer des abreuvoirs sous les barres métalliques. Ces barres gênent les vaches pour prendre une bonne position. »
Et au pâturage ?
S. G. - « Dans une pâture, il ne faut pas que l’abreuvoir soit éloigné de plus de 200 m du point le plus loin. Mieux vaut respecter la distance de 100 m pour que les animaux se déplacent en petits groupes et plus souvent, ce qui favorisera l’abreuvement. Le positionnement d’un fil de clôture au-dessus de l’abreuvoir peut créer des courants parasites et diminuer la consommation d’eau. Dans ce cas, il est impératif d’isoler le fil sur cette portion. »
Comment bien positionner les abreuvoirs ?
S. G. - « Une vache s’abreuve 6 à 8 fois par jour et doit pouvoir boire entre 10 à 20 litres d’eau à chaque passage. La qualité de la circulation des animaux est donc primordiale. Lorsque les vaches pâturent, il ne faut pas installer un abreuvoir à l’entrée d’un paddock pour ne pas générer de bouchons. Dans un bâtiment, les points d’eau doivent être facilement accessibles. Les abreuvoirs doivent être situés à au maximum 20 m de l’aire de vie des animaux. Il faut éviter de les installer dans un cul-de-sac. Dans les bâtiments avec logettes, lorsque l’abreuvoir est installé dans un passage, ce dernier doit mesurer 4,5 à 5 m de large pour ne pas pénaliser l’abreuvement et la circulation des animaux. »
Faut-il installer un abreuvoir dans l’aire d’attente ?
S. G. - « C’est nécessaire quand la durée de traite dépasse 1h15 à 1h30. Les vaches qui passent en dernier doivent pouvoir s’abreuver. Dans un élevage où j’ai fait installer un abreuvoir dans l’aire d’attente, l’éleveur a constaté que la production laitière des vaches qui passaient en dernier avait augmenté de 2 kilos, de 27-29 kilos à plus de 30 kilos en moyenne. »
Pourquoi la qualité de l’eau est-elle primordiale ?
S. G. - « Quand l’eau n’est pas de bonne qualité sur le plan organoleptique, bactériologique et chimique, les vaches limitent leur consommation. Par ailleurs, une eau contaminée peut transmettre des maladies telles que la leptospirose et la listériose. Elle peut aussi augmenter les comptages cellulaires ou la fréquence des mammites. Comme il n’existe pas de recommandations de qualité bactériologique pour les bovins, nous utilisons les normes retenues pour les humains. »
Quels sont vos conseils pour l’entretien des abreuvoirs ?
S. G. - « Il faut veiller à ce que les abreuvoirs soient toujours propres. L’idéal est de les nettoyer deux fois par semaine voire tous les jours quand vous paillez à la pailleuse et que de la paille tombe dans l’abreuvoir. Quand les vaches pâturent, il faut enlever régulièrement tout ce qui peut flotter comme les feuilles tombées des haies car cela empêche l’animal de boire correctement. D’autant que la présence de matière organique (déjections, résidus de maïs…) favorise la prolifération bactérienne. »
Combien d’analyses d’eau par an faut-il réaliser ?
S. G. - « Quand vous utilisez de l’eau d’un puit ou d’un forage, il est conseillé de faire une analyse bactériologique et chimique par an, plutôt en hiver. Cette saison étant pluvieuse, elle est plus représentative de la qualité bactériologique de l’eau et peut permettre de mettre en évidence des problèmes d’étanchéité au niveau du captage. L’analyse permet de vérifier si la qualité de l’eau est bonne. Mais aussi de s’assurer qu’un traitement a été efficace.
L’analyse bactériologique doit porter sur les teneurs en coliformes totaux, E. Coli, entérocoques et bactéries anaérobies sulfito-réductrices. L’analyse chimique peut selon les élevages concerner la teneur en fer, manganèse, nitrites, nitrates et matière organique. Le pH, la dureté de l’eau doivent également être mesurés. Une analyse coûte environ 75 € HT.
Selon les résultats des analyses bactériologiques, il faudra envisager de mettre en place un système de traitement de l’eau. Le plus simple étant la chloration. Mais il peut s’avérer nécessaire de réaliser un autre traitement à base de dioxyde de chlore, de peroxyde d’hydrogène, d’UV, voire d’installer un système à osmose inverse. Dans tous les cas, il faut d’abord résoudre les éventuels problèmes de qualité chimique avant de mettre en place un traitement bactériologique, pour ne pas pénaliser son efficacité. »
Un débit d’eau de 12 litres par minute
Le débit d’eau doit être d’au moins 12 litres par minute. Cela nécessite une pression au départ de 3 bars auxquels il faut ajouter 0,6 à 1 bar par 100 m de tuyau et 0,1 bar par mètre de dénivelé. Attention, le débit d’eau peut être suffisant au début puis devenir insuffisant. C’est notamment le cas lorsque vous ajoutez des abreuvoirs ou quand la qualité chimique ou bactériologique de l’eau se dégrade. Une eau dure par exemple, va provoquer des dépôts dans la tuyauterie et diminuer le débit. Deux millimètres de dépôt, c’est 20 % de perte de débit. Ce dernier passe de 12 l/min à seulement 9,6 l/min. Pour contrôler facilement le débit d’eau, il suffit de vider un abreuvoir puis de le remplir d’eau pendant une minute et de mesurer la quantité d’eau obtenue.
À retenir
]]> Besoin moyen de 80 à 100 l d’eau par jour et jusqu’à 150 l
]]> Température d’eau optimale : entre 15 et 25 °C
]]> Un abreuvoir pour 10 à 15 vaches
]]> 6 abreuvoirs avec une longueur totale de 10,50 m pour 100 vaches en lactation
]]> Abreuvoir sans entraves fixées au-dessus
]]> Débit d’eau de 12 litres par minute
]]> 2 mm de dépôts dans la tuyauterie baisse le débit de 20 %
]]> Une analyse bactériologique et chimique par an