Une surestimation des comptages cellulaires de 25 à 30 % selon des vétérinaires
La France aurait-elle montré trop de zèle vis-à-vis des cellules ? C’est ce qu’a laissé entendre une conférence lors des journées des Groupements techniques vétérinaires (GTV) en octobre.
La France aurait-elle montré trop de zèle vis-à-vis des cellules ? C’est ce qu’a laissé entendre une conférence lors des journées des Groupements techniques vétérinaires (GTV) en octobre.
D'après les observations des vétérinaires, la surestimation des concentrations cellulaires en France par rapport au reste de l’Europe se chiffrerait à 25-30 %. Un écart qui vient du calibrage des analyseurs des laboratoires interprofessionnels, reposant sur les échantillons à teneur garantie (ETG) fournis par Actalia-Cecalait.
Une comparaison avec quatre autres pays
Souvent interpellés sur la question des cellules par les éleveurs, les vétérinaires ont comparé en 2017 les résultats obtenus par l’analyseur d’un laboratoire interprofessionnel (celui de Carhaix) et leurs compteurs de cellules portatifs (DCC Delaval). « Lors de cette première étude, une même gamme de lait standardisée fournie par Actalia-Cecalait a été utilisée sur l’analyseur et onze DCC, a expliqué Philippe Lepage, vétérinaire dans le Finistère (président de la Commission mammites de la SNGTV). Nous avons constaté une divergence d’environ 30 % entre les résultats du laboratoire et ceux des onze DCC. »
Constatant cet écart, une seconde étude a été lancée pour comparer cette fois-ci les résultats obtenus par le laboratoire français et ceux obtenus par quatre laboratoires européens chargés du paiement du lait en Allemagne, Belgique, Espagne et Italie. Une même gamme de lait standardisée Actalia-Cecalait leur a donc été envoyée. « Les valeurs du laboratoire français étaient effectivement très proches de celles de la gamme standardisée. En revanche, celles obtenues par les laboratoires des autres pays avaient toutes un même écart d’environ 30 %. »
Des éleveurs français pénalisés plus lourdement
« Le passage à l’utilisation d’un échantillon à teneur garantie (ETG) international devrait permettre d’aplanir ces problèmes, reconnaît-il. Mais si cet écart se confirme, cela veut dire que les éleveurs français ont été pénalisés plus lourdement que d’autres producteurs européens avec des conséquences sur les suspensions de collecte, une indexation des bovins français dépréciée, et des réformes plus rapides. »
Le nouvel ETG international a été testé par les vétérinaires sur l’analyseur du laboratoire privé Lacteus. Les valeurs obtenues avec l’ETG international ont été comparées à celles obtenues avec les ETG d’Actalia-Cecalait actuels. « Au vu des résultats (linéaires) (NDLR contrairement aux tests du Cniel), je m’attends à une diminution d'au moins 25 % des concentrations cellulaires », conclut Gaël Gounot, vétérinaire à l’origine de Lacteus.