Un test d'ovulation pour inséminer au bon moment
Complémentaire à la détection des chaleurs, le test Predi'Bov proposé par ReproPharm permet de prédire le moment de l'ovulation à partir d'une prise de sang. Avantages et limites de cet outil.
Plusieurs systèmes de monitoring ont été développés ces dernières années pour aider à détecter les chaleurs des femelles dans les troupeaux. Depuis deux ans, la société ReproPharm propose un outil complémentaire pour optimiser les chances de fécondation. Il s'agit d'un test d'ovulation, ou plus exactement d'un test permettant de détecter le pic pré-ovulatoire de l'hormone LH qui va déclencher environ 24 heures plus tard l'ovulation. Ce délai a la particularité d'être assez constant chez les génisses et vaches. Et c'est là que réside le point fort de la détection du pic de LH par rapport à celle des chaleurs. En effet, la durée d'expression des chaleurs peut varier de 0 à plus de 24 heures, et l’intervalle entre le début des chaleurs et l’ovulation peut varier de 2 à 96 heures. « Pour cette raison, de 5% à 20% des vaches(1) ne sont pas inséminées au bon moment, soit environ 10 heures après le pic de LH », explique Laurence Dupuy, chef de projet. Ce délai est nécessaire à la maturation des spermatozoïdes dans le tractus génital de la femelle et à leur remontée jusqu'à l'oviducte (qui dure 6 à 10 heures) où se réalisera la fécondation. Si les spermatozoïdes ont un pouvoir fécondant qui commence à diminuer au-delà de 24 heures, le délai est plus court pour les ovules (6 à 8 heures).
La détection des chaleurs reste impérative
Aussi, pour mieux cibler l'insémination, la société ReproPharm a développé le test Predi'Bov. Il se présente sous la forme d'un coffret de cinq tests vendu 77,50 €. En pratique, le test doit être sorti du frigo une demi-heure avant son utilisation. Sur chaleurs naturelles, c'est l'observation des premiers signes qui donne le top départ. La détection des chaleurs reste donc impérative. En revanche, le protocole diffère après un traitement de synchronisation des chaleurs ou de superovulation d'une donneuse d'embryons (la détection des chaleurs n'est pas nécessaire). Le mode d'emploi du test reste ensuite le même. Il faut prélever environ 0,5 ml de sang à l'oreille ou à la queue de l'animal. L'échantillon est ensuite analysé grâce à un stick que l’on fait réagir successivement dans le sang puis dans deux autres tubes de réactifs pendant 15 minutes d’incubation à chaque fois. « C'est un délai minimum. Mais, si l'éleveur a autre chose à faire, nos essais montrent que le test est fiable même quand l'échantillon reste deux heures dans un tube, et il n'y a pas de faux positif », précise Laurence Dupuy.
Aucun faux positif
L'échantillon doit être rincé avant d'être transféré dans le tube suivant avec une solution fournie dans le test. Au final, l'opération dure environ 45 minutes. Quand le stick prend une couleur bleue, c'est que le pic d'ovulation a eu lieu et que la femelle va ovuler 24 heures plus tard. « Sur chaleurs naturelles, l'idéal est d'inséminer la femelle dans un délai de 8 à 10 heures après un test positif. Dans ces conditions, nos essais ont montré que l'on pouvait gagner 22 points de fertilité (de 43 à 65 %). En inséminant dans une fenêtre plus large, entre 7 et 15 heures après un test positif, on gagne 10 points de fertilité supplémentaires (de 38 à 48 %). » En termes d'organisation du travail, quand le test est réalisé tôt le matin, c'est jouable. En revanche, c'est plus compliqué l'après-midi. Et que faire quand le résultat est négatif ? « Sur chaleurs naturelles, il est possible de réaliser un second test six heures plus tard. Nous le conseillons surtout pour les vaches 'repeat breeders' et pour les vaches inséminées avec des semences de haute valeur. » Mais le coût global monte alors à 31 €, sans parler du temps de travail. Au vu de ses avantages et inconvénients, l'utilisation de ce test dépendra avant tout des attentes de chacun en termes de gestion de la reproduction, de renouvellement du troupeau, de progrès génétique... mais aussi du niveau de fertilité des femelles de l'élevage et de la disponibilité en main-d'œuvre.
Source : étude Fertilia réalisée par l'Unceia (désormais Allice)