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Prix du lait : trois points pour éviter d'être pénalisé sur la cryoscopie

Utilisée pour détecter la présence d’eau dans le lait, la cryoscopie est l’un des critères d’évaluation de la qualité et du paiement du lait. Rappel des points de vigilance pour optimiser ce critère.

Le contrôle régulier de l'installation de traite limite le risque de dysfonctionnement pouvant perturber les résultats de cryoscopie.
Le contrôle régulier de l'installation de traite limite le risque de dysfonctionnement pouvant perturber les résultats de cryoscopie.
© A. Conté - archives

La cryoscopie mesure la présence d’eau dans le lait. Initialement utilisé pour dépister les fraudes au coupage, c’est un critère de qualité intégré dans la grille de paiement. La grande majorité des élevages livrent un lait aux normes. Mais pour répondre à certains cahiers des charges plus exigeants, parce qu’il peut être intéressant d’améliorer ses résultats, c’est autour de trois points clés, l’installation de traite, le tank et la conduite alimentaire, que la vigilance s’impose pour éviter la présence accidentelle d’eau dans le lait.

1 - Contrôler l’équipement de traite

 

 
Christophe Monnerie, ingénieur au BTPL
Christophe Monnerie, ingénieur au BTPL © BTPL

 

Même sans « erreur de manœuvre » lors du nettoyage, il y a toujours un peu d’eau résiduelle, issue du lavage, dans l’installation de traite. « C’est intégré dans les analyses, rassure Christophe Monnerie, ingénieur au BTPL. Le point de congélation est, en moyenne, à -0,520 °C. Mais il y a une certaine tolérance sur la présence d’eau résiduelle qui va élever cette température. Cette tolérance varie selon les zones, de -0,516 °C à -0,502 °C. Il faut rester vigilant pour limiter l’eau résiduelle car une accumulation de petits dysfonctionnements, quelques litres à chaque traite, peuvent pénaliser la cryoscopie. »

Parmi les points de vigilance, il faut vérifier l’absence de contrepentes du lactoduc ainsi que l’efficacité de la purge. Si elle n’est pas suffisamment efficace, cela augmente les quantités d’eau résiduelle. Avant la traite, il faut penser à bien vidanger les coupelles et tuyaux à lait.

Le contrôle régulier de l’installation de traite limite les risques de présence d’eau résiduelle. « Lors du contrôle, il sera vérifié les contrepentes et la performance du lavage, mais pas de l’égouttage », prévient Christophe Monnerie. Il y a souvent moins de problème en traite robotisée, du fait du système de « pousse à l’air ». Dans les régions où l’eau est dure, la présence de calcaire peut occasionner des fuites au niveau des électrovannes.

2 - Vérifier la vidange du tank

 

 
Le premier point à vérifier sur le tank est qu'il se vidange bien après le lavage.
Le premier point à vérifier sur le tank est qu'il se vidange bien après le lavage. © A. Conté

 

Des dysfonctionnements au niveau du tank peuvent aussi jouer sur la cryoscopie. Il faut vérifier qu’il y a une bonne vidange de l’eau après le lavage pour qu’il n’en reste pas au fond. Un autre point défavorable à la cryoscopie peut apparaitre quand du lait gèle sur les parois, quand à la première traite après le ramassage, la quantité de lait est faible par rapport à la taille du tank. Enfin, le tuyau souple qui relie la canne à lait au lactoduc peut aussi être un réservoir d’eau résiduelle.

3 - Du sel et pas trop d’eau avant la traite

 

 
Une carence en sel peut entraîner une dégradation importante de la cryoscopie.
Une carence en sel peut entraîner une dégradation importante de la cryoscopie. © A. Conté

 

L’alimentation et l’abreuvement ont un effet sur la cryoscopie. Un taux protéique bas, une faible production auront un petit effet défavorable. Indirectement, un taux cellulaire élevé jouera, légèrement, en faveur de l’amélioration du point de gel. Auront un effet négatif plus marqué les rations chroniquement déficitaires en énergie ou carencées en minéraux comme celles « laxatives », où le transit est trop rapide.

S’il y a un élément crucial pour la bonne gestion de la cryoscopie, c’est le sel. « S’il n’y a pas ou pas suffisamment de sel, les résultats peuvent se dégrader notablement », prévient Christophe Monnerie. Chaque jour, une vache doit consommer 50 g de sel. Pour un troupeau de 60 vaches, cela fait 3 kg par jour, 21 kg par semaine, soit à peu près deux blocs de sel.

Surtout en période de pâturage, il y a des risques de carence. Il faut mettre plusieurs blocs dans les pâtures. Ou pour être sûr que toutes les vaches y aient accès, distribuer du sel dans le complément de ration ou directement sur la table d’affouragement quand les vaches rentrent à la traite.

Logiquement, l’abreuvement a aussi un effet marqué sur la composition du lait. Par effet d’osmose entre le sang et le lait, une forte consommation d’eau dans l’heure avant la traite abaisse le point de congélation. Cela peut être le cas lorsqu’il n’y a pas, ou pas assez, de point d’abreuvement en pâture. En période estivale, l’effet est encore plus marqué. « Avec la transpiration, les vaches ont déjà perdu beaucoup de sodium. Si en plus elles consomment beaucoup d’eau avant la traite, l’effet sera marqué sur les résultats de cryoscopie, remarque le spécialiste. Un abreuvement, en quantité et en qualité, est primordial pour la production laitière. Mais il faut qu’il soit continu sur la journée, en stabulation comme en pâture, avec des abreuvoirs nombreux et bien positionnés pour que toutes les vaches y aient accès. »

Définition

La cryoscopie est un des critères réglementaires de paiement à la qualité du lait, qui permet de détecter la présence accidentelle d’eau dans le lait. C'est la mesure du point de congélation du lait, qui est, en moyenne, à -0,520 °C. Si la température mesurée se rapproche de 0 °C, cela révèle la présence anormale d’eau dans le lait. Sur une livraison de 2 000 litres, une hausse de 0,005 °C du point de congélation traduit la présence de 1 % d’eau résiduelle, soit 20 litres.

 

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