Aller au contenu principal

« Nous avons choisi la désinfection par électrolyse »

Au Gaec Girault, en Mayenne, des problèmes de débit et de qualité d’eau ont été résolus par l’installation d’un déferriseur, d’une cuve de stockage et d’une désinfection par électrolyse en ligne.

« Il y a une trentaine d’années, nous avons fait cinq forages avant de trouver le bon endroit », se remémore Dominique Girault, en Gaec avec Michèle son épouse et leurs deux enfants, Annie et Fabrice. D’une profondeur de 70 mètres, il a fallu descendre traquer l’eau jusqu’à 120 mètres dix ans plus tard pour en fournir suffisamment à l’élevage. « Quand notre atelier naisseur-engraisseur est passé de 50 à 120 truies, le forage ne fournissait plus assez d’eau. » D’autant qu’à ces besoins s’ajoutent ceux du troupeau laitier (70 vaches laitières et leur suite) et de trois maisons d’habitation. Le tout représente une consommation totale de 25 m3 d’eau par jour, à raison d’environ 7 m3 d’eau pour l’abreuvement des vaches, 0,8 m3 d’eau pour la traite, 14 m3 d’eau pour l’atelier porcs et désormais 1 m3 d’eau pour les trois maisons.

L’électrolyse à la place du peroxyde d’hydrogène

Le Gaec avait opté à l’époque pour un système de désinfection avec du peroxyde d’hydrogène. Les habitations étaient reliées au réseau. Pour des raisons d’ordre économique, l’investissement dans un déferriseur ne faisait pas partie des priorités malgré la teneur élevée de l’eau en fer (plus de 5 mg/l). Cet excès, associé à celui en manganèse (0,18 mg/l d’eau), a commencé à colmater les canalisations. « Plus ça allait, moins nous avions de débit dans la salle de traite qui se trouve en bout de ligne. Nous avons également eu des problèmes au niveau des électrovannes du tank à lait », explique Fabrice.

La décision d’investir dans un nouveau système est donc prise en 2017. Sur les conseils de leur groupement de producteurs de porcs, les associés étudient l’option de désinfection de l’eau par électrolyse en ligne Olimpe-Agri, de la société Windwest. « Le technicien du groupement mettait en avant le fait que ce système permet à la fois de désinfecter l’eau et de détruire les biofilms qui s’étaient formés dans les canalisations », indique Dominique Girault.

D’autres critères ont pesé dans la balance. « La désinfection de l’eau avec du peroxyde d’hydrogène est interdite quand l’eau est destinée à la consommation humaine, comme c’est le cas désormais chez nous. Et ce produit est très corrosif. Avec ce système d’électrolyse, on ne rajoute que du sel. C’est plus naturel que le chlore », estime Dominique Girault.

Déferriseur, un nettoyage programmé la nuit

Sur les bases d’une analyse d’eau et de l’équipement déjà en place, Damien Bernard, responsable élevage Grand Ouest de Windwest, propose une solution pour régler le problème de débit d’eau tout en assurant sa qualité physicochimique et bactériologique. L’excès de fer est neutralisé par l’installation d’une chambre d’oxydation couplée à un déferriseur. « La chambre injecte de l’air comprimé dans le flux d’eau pour forcer l’oxydation du fer. »

Un système programmable permet d’automatiser le nettoyage quotidien du déferriseur. L’eau souillée part à l’égout. Le nettoyage dure 20 minutes. Il a été programmé à minuit pour ne pas perturber le passage du laitier. « Quand il y a des robots de traite, nous ajoutons une vessie d’une capacité de 300 litres d’eau pour qu’il y ait toujours de l’eau disponible pour le robot, même pendant le nettoyage », précise Damien Bernard. Les 600 kg de sable et 150 kg de gravier présents dans la cuve du déferriseur sont à changer tous les dix à quinze ans.

Pour anticiper d’éventuels problèmes liés à un excès de calcaire, un adoucisseur a été placé entre le déferriseur et le système de désinfection de l’eau. Une fois désinfectée, l’eau est acheminée dans une cuve de stockage de 10 m3. « Ce volume a été choisi pour avoir un débit d’eau suffisant en période de pointe, soit 5 m3/h dans cet élevage. » Pour éviter les problèmes de gel dans le tuyau qui achemine l’eau vers la cuve de stockage, cette dernière a été installée à ras du local où se trouve le système de traitement de l’eau. Au final, le Gaec a investi 22 500 euros. « Avec un amortissement sur cinq ans, cela revient à 375 euros par mois », souligne Stéphane Leyssale, le directeur de Windwest. Un investissement auquel il faut ajouter le sel (environ six sacs par mois, dont deux pour l’électrolyse et quatre pour l’adoucisseur pour un coût de 45 euros par mois.) et le changement des plaques d’électrolyse tous les douze à dix-huit mois (450 euros).

Zéro bactéries et 0,1 mg/l de fer dans l’eau

La mise en route a été effectuée en décembre 2017. Une analyse d’eau réalisée deux mois plus tard confirme l’efficacité de l’équipement : zéro bactéries (c’était néanmoins déjà le cas avec la désinfection au peroxyde d’hydrogène), moins de 0,1 mg/l de fer et une dureté optimale (12 TH). « Le nettoyage des canalisations a été très efficace. L’eau dans les abreuvoirs est transparente. On voit le fond des abreuvoirs. Il n’y a plus de formation d’algues. Mais, suite au nettoyage des canalisations, nous avons retrouvé des dépôts dans l’eau des abreuvoirs pendant deux à trois semaines, le temps de la destruction du biofilm. Cela n’a pas posé de problème pour les bovins mais c’était plus embêtant pour les porcs », soulignent les éleveurs. Selon l’état initial des canalisations, des problèmes de fuites sont également possibles. « Notre système ne dégrade pas le laiton », précise cependant Damien Bernard.

Le traitement de l’eau a permis de résoudre des problèmes de diarrhées chez les porcelets. En revanche, chez les bovins, l’impact est plus difficile à mesurer. Coïncidence ou pas, les comptages cellulaires ont baissé de 230 000 cellules par millilitre en novembre, à 130 000-140 000 cellules de moyenne les deux mois suivants. Le niveau de production des vaches est resté stable autour de 26-27 litres par jour.

Quoi qu’il en soit, cet équipement fait l’unanimité parce qu’au-delà de son impact sur l’exploitation, l’eau du robinet consommée à la maison n’a pas de goût de chlore, le linge n’est plus coloré par le fer…

Côté éco 

22 500 € HT pour traiter 25 m3 d’eau/j
8 670 € HT pour le système de désinfection + installation
8 400 € HT de déferriseur + installation
1 350 € HT cuve 1000 l pour le déferriseur
2 290 € HT cuve de stockage 10 m3
1 800 € HT adoucisseur + installation

Pas de produits chimiques avec l’électrolyse en ligne

Ce système développé et commercialisé par Windwest permet de désinfecter l’eau sans ajouter de produits chimiques. Breveté et primé au Space en 2016, il combine la création d’un champ électrique dans une cellule d’électrolyse et l’utilisation des sels minéraux dissous dans l’eau qu’il transforme en mélanges d’oxydants dont du chlore libre. Le champ électrique détruit certaines bactéries et certains virus lors du passage de l’eau dans les plaques d’électrolyse. Cette action est complétée par la production de chlore constitué à 99,5 % de chlore libre. L’objectif est d’en produire 2,5 à 3 mg par litre d’eau en sortie de cellule d’électrolyse. Ce taux dépend de la conductivité de l’eau et donc de la quantité de sels minéraux qu’elle contient. Quand la conductivité est insuffisante, il faut ajouter du sel (maximum 1 kg/10 m3 d’eau). Une cellule d’électrolyse peut traiter jusqu’à 40 m3 d’eau par jour. Il est possible d’en ajouter une seconde. Côté travail, il suffit de vérifier qu’il reste assez de sel et de changer les plaques d’électrolyse tous les douze à dix-huit mois (450 €).

Les plus lus

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Selfie de Yohann Allain dans son champ avec ses vaches laitières.
« J’espère que mon salarié deviendra mon associé sur mon exploitation laitière en Loire-Atlantique »

À la SCEA du Chêne Vert, en Loire-Atlantique, après le départ à la retraite de son père, Yohann Allain a modernisé sa salle de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière